Daylight

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Roses - Ghostly Kisses







Je peine, ces derniers temps,

À percevoir l'iridescence de tout ce qu'on penserait fade

Je pensais tout ça inné,

Évident

L'emprise du monde lorsqu'il perd la tête,

L'attrait inévitable des yeux,

Que l'on se rêve à aimer

À la nuit venue.

Mais cela fait déjà trop longtemps que tant d'instants échouent à me charmer

Trop longtemps que le cours de la vie a fait taire l'ivresse des mots,

Que les sourires ne sont plus rien d'autre qu'une expression terne

Sur des visages dont j'ai cessé d'écrire chaque esquisse,

Chaque étrangeté,

Chaque trait inimitable.




Je suppose que "se reconstruire" était une raison de se taire,

De me persuader que j'aspirais au fond à la stabilité du ciel, et à l'apaisement des sens

Et tous ces soirs passés à laisser mourir la poésie,

Là où je pensais qu'on saurait mieux s'en saisir,

Je repensais à la féerie que mes yeux d'enfants ne nommaient pas encore

Aux inconnus dans les bus, aux passants dans les rues,

Dont je noyais chaque geste, chaque frémissement de lèvres sur mon écran

Jusqu'à ce que l'essence de la vie fleurisse sur la surface noire

Mon essence

La raison de mon incohérence

L'unique reflet du monde que je souhaite chérir.




Il m'a fallu scruter les étoiles immobiles chaque nuit,

Pour les découvrir à nouveau chuter sur l'inconstance du soir

Et électriser la ville.

Il m'a fallu répondre à tes sourires, au contact de tes gestes,

Pour voir à nouveau la lumière se nicher au creux des silhouettes

La tienne la première.

Il m'a fallu le soir, les heures qui filent, la chaleur d'un lien,

Des paroles qui n'en finissaient jamais

Si ce n'est pour se laisser le temps

De se découvrir un peu plus.




Il m'aura fallu le soleil des calanques,

Nos doigts entremêlés à la lueur du matin

Par la fenêtre, des milliers de silhouettes, de nuances et de parfums,

À faire resplendir l'histoire d'un instant.

Je brûle pour cette réalité, pour ce revers du monde

Sur lequel je détiens tout contrôle, 

Mais dont le sens même m'échappe

Je brûle pour ces moments où le cours naturel des choses s'absente,

Et la lumière perce les vitres

S'invite sur les courbes de nos lèvres,

Les ondulations de la mer au large

Je brûle, je vis,

Pour ce son

Cette odeur

Cette vision

Cette saveur

Cette poésie si éphémère,

Et essentielle à ce que je suis.













Le Ciel ne s'est Jamais ÉteintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant