VI. Acis et Galatée

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Nous y sommes. J'ai enfilé la magnifique robe rouge dans laquelle je vais devoir passer la soirée, elle me colle à la peau. J'espère bientôt pouvoir l'enlever. Même si je ne peux pas nier qu'elle soit magnifique. Moi qui ai les cheveux noirs, j'ai dû mettre une longue perruque blonde pour être sûr que personne ne me reconnaisse.

Je suis installé dans la voiture, entre Vasco et Nino. Cette scène me rappelle bien des souvenirs, comme quand nous étions les trois mousquetaires; jamais l'un sans l'autre.

Tiens.

Nino me tend une oreillette que je m'empresse de mettre. Je suis stressée, incroyablement paniquée même. Je croise les doigts pour que cette mission se déroule sans encombre. Alors depuis deux heures, j'essaye de me remémorer ce que je dois faire.

1) Faire semblant que Vasco et moi sommes un couple marié.
2) M'intégrer à la soirée + enchérir sur certaines œuvres.
3)Trouver Luciano, que j'ai seulement vue en photo.
4)Une fois que Luciano est dans mes pattes, le faire rester le plus longtemps à mes côtés.
5)Attendre que Vasco aille dans le bureau de celui-ci et vole son disque dur.
6)Et enfin, prendre la fuite quand Nino annoncera à l'oreillette que la mission à réussie.

J'allais oublié le plan B. Si jamais Luciano se rend compte de quelque chose, je dois m'enfuir dans les cuisines, prendre un habit de serveuse qui est caché dans la boîte d'un compteur électrique et m'enfuir par l'arrière.

J'ai l'impression d'être dans un film.

Tu m'écoutes, Etna ?

Je tourne subitement ma tête vers Nino, qui n'a pas l'air stressé d'un iota. A croire que c'est une mission de routine pour lui. Je connais Nino par cœur, comme lui il me connaît de A à Z. Il lit en moi comme dans un livre ouvert, je sais qu'il ressent ma peur, je vois qu'il la voit dans mes yeux. C'est sûrement pour ça qu'au moment de sortir de la voiture, il a laissé Vasco avancer et qu'il m'a retenu.

Tout se passera bien, tu n'as pas à être inquiète.
— Et si jamais tout foire ?
— Je ne laisserai pas les choses m'échapper, Etna. Toi et moi avons déjà fait pire que tout ça, je sais que tu peux le faire.

Il s'arrête quelques secondes, croisant ses jambes. Il ne m'a pas regarder une seule fois. Ça prestance en est déroutante.

— Nous le savons tous les deux. J'ai aucun doute là-dessus. Alors relève la tête, et souris. Tu seras de retour dans cette voiture plus rapidement que tu le penses. Je serais dans la salle, pas loin. Si tu as un doute, cherche-moi du regard.

C'est là qu'il a poser ses yeux sur moi, et j'ai senti mon coeur me brûler.

— Tu me trouvera, parce que toi et moi on se retrouve toujours.

J'ai hoché la tête, comme pour le remercier. Je ne m'attendais pas à un discours d'encouragement, mais j'avoue que cela m'a fait un bien fou. J'ai avaler difficilement ma salive, et je suis sortie. Sans dire un mot de plus. Nino m'a lancé un dernier regard et j'ai claqué la porte.

Vasco est là, il me tend son bras. Je le saisis et nous partons tous les deux vers le tapis rouge. Les flash me brûlent les yeux, des photographes prennent des photos. Je comprends mieux maintenant pourquoi Vasco porte des lunettes de soleil.

Ce soir nous sommes Monsieur et Madame Caruso. Tâche de t'en souvenir et ne fait rien de stupide.
— Qu'est-ce que je pourrai faire de plus stupide, que d'être dans la situation dans laquelle je me trouve actuellement ?

Nous nous arrêtons devant un Homme, tandis que Vasco lui tend deux cartons d'invitations. Je prend alors quelques secondes pour admirer le palace qui s'offre à moi, il est sensationnel. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Je n'ai aucun mot pour décrire cela.

ETNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant