XXXVII. mi dimenticherai, ma non me.

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Point de vue Etna

Quand je suis passé à l'arrière de la maison, pour rejoindre la voiture de Calogero, j'avoue ne pas vraiment avoir pris le temps de réfléchir à savoir si c'était une bonne idée ou non. J'ai juste couru, sans m'arrêter et surtout, sans me retourner.

J'ai encore laissé mon cœur parler, plutôt que ma raison.

Mais je ne le regrette pas, du moins pas pour le moment.

Néanmoins, je sais d'avance que Nino doit se poser des questions. Il doit se demander pourquoi j'ai pris la fuite, il doit se dire que j'ai à nouveau décidé de l'abandonner mais ce n'est pas le cas. J'ai juste fait ce qu'il y avait de mieux à faire pour Milo, Vasco et Nino. Je refuse qu'il perde à nouveau quelqu'un, je refuse qu'ils ressentent les mêmes douleurs que moi.

Je veux à tout prix leur éviter ce fardeau-là.

Alors je suis au volant de cette voiture, qui m'emmène à l'endroit même où tout à commencé.

L'Etna.

L'endroit même où nos parents nous emmenaient quand nous étions petits, Calogero et moi. L'endroit où mes parents nous promettaient amour et sécurité jusqu'à ce que la mort nous sépare. Là où Calogero et moi aimions jouer aux aventuriers, là où ma mère et mon père formaient encore un couple heureux.

J'ai l'impression que c'était il y a une décennie.

Je prie pour que Nino ne cherche pas à me retrouver, je prie pour qu'il attende sagement même si je sais au fond de moi que ce n'est pas ce qu'il fera.

Il viendra. Il me retrouvera. Peu lui importe le temps, le nombre de morts, que cela causera.

Il me trouvera.

Même si c'est au-delà de cette terre.

J'ignore depuis combien de temps je roule, la route me semble durer des heures. Des heures pendant lesquelles je m'empêche de songer à ce qui m'attends.

C'est à un barrage, vide de monde, que j'ai entendu une sonnerie de téléphone. Un téléphone qui se trouve à ma droite, sur le siège passager, n'arrête pas de sonner.

Je m'arrête sur le bas côté, et décroche.

"— Abandonne le véhicule, et marche. Tu trouveras un sac dans la cabine du barrage, change-toi. Et attends mes ordres. On se voit bientôt petite sœur, mettons un point final à notre histoire. Je t'attends."

Et il a raccroché, sans rien dire de plus.

Je suis sortie de la voiture, en prenant soin de mettre le téléphone dans une de mes poches.

Il fait nuit noir, je ne vois presque rien. Les alentours sont déserts, comme abandonnés. J'ai joint mes mains entre elles, tentant de les réchauffer. Il fait si froid, un froid mortel.

La peur ne n'envahit pas, je n'ai pas peur de ce qu'il m'attend. Au lieu de ça, j'ai hâte, j'ai hâte de pouvoir le voir, et lui dire le genre de personne qu'il est. Je veux pouvoir serrer Milo dans mes bras, en lui disant que tout ira bien.

Je veux être le héros pour une fois.

Et personne ne m'empêchera.

Un gros sac trône au milieu de cette cabane délabrée. Plusieurs vêtements s'y trouvent, je me change rapidement, laissant ceux que je porte à même le sol.

Une fois changée, je fouille en profondeur. C'est là que je trouve un énorme couteau, un couteau digne d'un film d'horreur et c'est à ce moment précis que le téléphone sonne à nouveau.

ETNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant