XXXVIII. Et la nuit a pleuré | FIN

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J'arrive à peine à réaliser ce qu'il se passe. Rien ne me semble logique dans cette histoire, rien du tout. Comment peut-elle être ici ? Toute ma vie vient d'être remise en question en seulement un quart de seconde. Toutes les bases sur lesquelles je me suis construites, tous les sacrifices que j'ai fais, toutes les heures que j'ai passées à recevoir des coups, toutes les fois où j'ai ramassé mon père à la petite cuillère pour le consoler un minimum de sa mort, les nuits où je n'ai pas dormi pour m'occuper de mon petit frère. Tous ces sacrifices qui aujourd'hui n'ont plus aucun sens.

— Je sais ce que tu dois dire... Dit-elle alors que je n'arrive pas à la regarder. Je sais que tu dois te poser une centaine de questions. Et je me ferai un plaisir d'y répondre, mais pas ici.

Je secoue la tête, incrédule. Qu'est-ce qu'elle croit ? Qu'après autant de temps à faire la morte, après tout ce temps à me mentir, je vais lui faire confiance ?

— Etna...

— Tu n'as aucune idée de ce que je pense ! Dis-je en criant, en colère et triste. Tu ne me connais pas !

— Je sais, ma chérie, je sais. Dit-elle en portant sa main à son cœur, tristement. Je sais que ça a dû être horrible pour toi, je le conçois. Mais j'avais mes raisons, et j'aimerais pouvoir te les expliquer. Mais nous devons partir d'ici.

Je secoue à nouveau la tête, il est hors de question que je la suive où que ce soit. Il est hors de question que je m'embarque dans je ne sais quoi avec elle et Calogero. Jamais, jamais je ne leur ferais confiance. Jamais.

Ma mère ne tient plus en place. Elle tente une approche jusqu'à moi, tandis que je recule. Qu'elle aille au diable. Je ne lui pardonnerai jamais tout ce que j'ai dû subir par sa faute.

— Très bien. Dit-elle en s'arrêtant de marcher. Tu veux qu'on en discute ici, petite saute ?

Je fronce les sourcils, surprise. Comment ose-t-elle ? Elle qui a toujours pris soin de ses enfants, elle qui nous a toujours considérés comme la huitième merveille du monde, Calogero et moi. Elle, qui aurait préféré passer sous une voiture plutôt que de nous entendre pleurer. Ai-je, rêver d'elle ? Me suis-je rappelé de la mauvaise personne ? Ai-je idéalisé ma mère après sa mort ?

— En vérité, je n'ai jamais eu aucun accident, Etna. J'ai orchestré, ma propre mort.

Pourquoi est-ce que ça fait aussi mal ?

— Je me suis dis que c'était la meilleure façon pour moi de m'éloigner de toutes cette merde qu'était devenu ma vie. Je devais m'éloigner de ton père, de la famille Esposito mais surtout de toi. Dit-elle en me pointant du doigt. Toi, mon enfant prodige. Toi, la préférée de tout le monde. Elle ricane sèchement, avant de reprendre. Toi, qui était promise à un avenir bien trop grand.

Mais qu'est-ce qu'elle raconte ?

— Tu ne comprends pas n'est-ce pas ?

— Je ne sais même pas pourquoi je t'écoute. Dis-je sèchement, alors que mon coeur me fait un mal de chien.

— Tu le fais, parce que tu veux savoir la vérité. Celle que tout le monde t'a caché. A commencer par ton cher et tendre mari. Elle sourit niaisement, jouant avec ses cheveux. On aurait dit une gamine. Tu as été promise à Milo Nino Roberto De Esposito III, depuis ta naissance.

J'ouvre la bouche en Ô, pour finalement la refermer aussitôt, ne sachant pas quoi dire. Est-ce qu'elle est en train de me dire que toute ma vie n'est qu'un foutu mensonge ? Que toutes les personnes que je pensais proche de moi, qui étaient censé m'apprécier à juste titre, se fichaient de moi ? A commencer par Nino ? C'est impossible.

ETNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant