XXI. A ou B ?

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Point de vue Nino

— Putain de merde !

Je balance le téléphone droit devant moi, le regardant s'exploser au sol. Comment ce fils de pute a-t-il fait pour les localiser, comment ? Ils auraient dû être introuvables, intraçables. Disparaître totalement de la carte. Il y a forcément quelqu'un ici, chez moi, qui se fou de ma gueule.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Clara s'approche de moi, elle dépose une de ses mains sur mon torse tandis que je la repousse aussitôt. Elle a reculé, cherchant à comprendre grâce à mon regard ce qui se passait. Mais je ne l'ai pas laissé faire, je l'ai à nouveau poussé mais plus fort que la première fois. Elle a secoué la tête, prête à encore une fois pleurer, voulant obtenir de ma pitié. Malheureusement pour elle, aujourd'hui j'ai plus important à m'occuper.

— Parle-moi ?

— Pour te dire quoi ? demandais-je en ricanant. La regardant droit dans les yeux. Pour te dire quoi, Clara ? Rien de tout ce qui se passe ici ne te concerne, alors dégage de ma vue. Avant que je ne te sorte moi-même.

Je me suis attendu à ce qu'elle abandonne, comme à son habitude. Pourtant elle est restée, elle m'a regardé, longuement. Épiant chacun de mes faits et gestes.

— Quelque chose est arrivée à ta petite protégée, Nino ? demande-t-elle en me souriant malicieusement. Ne t'avais-je pas mis en garde pour Etna ?

— Ferme ta gueule ! Dis-je en la pointant du doigt, tout en serrant les dents. La colère s'empare de moi. Tu la fermes. Tu ne me parles pas d'elle, ne salit pas son prénom avec ta bave de pute. Jamais. Tu entends ?

— Tu es pathétique. Tu te bat pour une nana qui n'a d'yeux que pour ton meilleur ami. Comme c'est marrant, tu ne trouves pas ? Dit-elle en s'approchant de moi, lentement. Elle ne te choisira plus jamais. Et tu veux savoir pourquoi ? Parce que tu n'es pas le garçon bien de l'histoire. Tu es en réalité le monstre. Et personne ne choisit jamais le monstre. C'est connu. Vasco a sûrement sacrifié sa vie pour elle, ce soir. Tandis que toi, tu es là. A des kilomètres d'elle et tu n'as rien pu faire pour empêcher sa. Elle est en danger par ta faute, et ton meilleur ami est sûrement mort. Bon courage pour vivre avec ça sur ta conscience, Nino. Dit-elle en commençant à frapper dans ses mains. Tu t'en sortira. Mais pas eux. Parce qu'ils ont déjà un pied dans la tombe que tu as toi-même creuser.

J'ai encaissé, j'ai accepté, j'ai capitulé. Je n'ai rien rajouté. Parce qu'elle a raison, raison sur absolument toute la ligne. J'ai mis en danger la seule personne qui n'a jamais compté à mes yeux, j'ai préféré être dans le déni et penser que les choses se passeraient mieux si elle était loin d'ici que de la garder auprès de moi.

J'ai tellement honte. Et pourtant, ce n'est pas une chose qui m'arrive souvent. Aujourd'hui, Etna se trouve en danger par ma faute. Dans la fosse aux lions, des lions qui ont soif de vengeance à mon égard.

Quand j'ai entendu sa voix, sa petite voix qui me donne parfois envie de l'étrangler. Je n'ai pas compris tout de suite ce qu'il se passait, tout simplement parce que je n'avais eu aucune nouvelle d'eux depuis quelques jours déjà. Vasco ne m'avait pas appelé, et Nanno m'a dit que Etna et mon ami passaient énormément de temps en dehors de la maison. Tous les deux. Tantôt à la plage, tantôt à manger en ville, tantôt à danser. J'ai donc rapidement fait le schéma dans ma tête, Vasco et Etna s'étaient bien plus rapprocher que ce que j'aurais pu imaginer.

Mon meilleur ami a fait ce que je n'ai pas été capable de faire depuis le retour de Etna; prendre soin d'elle.

Ce n'est pas l'envie qui m'a manqué, j'aurai voulu la rassurer et lui dire que tout irait bien. Comme j'ai toujours fait quand nous étions encore ensembles. Mais mon égo m'en a empêché. J'ai encore beaucoup trop de rancœur vis-à-vis d'elle, bien trop pour lui accorder ne serait-ce qu'une infime partie de moi à nouveau.

ETNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant