XXXI. Promesses et confessions

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Point de vue Etna

Dans le présent

J'ai vomis. Plusieurs fois. Depuis notre retour à la maison de Nino. J'ai des horribles images qui tournent sans cesse en boucle dans ma tête; je vois le corps inerte et sans vie de Vasco, je vois Nino le choisir, je vois la haine dans le regard de mon père. Je vois la mort traverser ses yeux.

Installer au-dessus des toilettes, ma tête sur le rebord, je crache une dernière fois dans celles-ci. J'ignore quelle heure il est, mais il fait toujours nuit noire ici. C'est la même chose depuis plusieurs jours, je me réveille en sueur après un énième cauchemar et je cours aux toilettes pour me vider.

C'est un rythme assez particulier qui me fatigue de plus en plus. Je dors à peine et quand j'y arrive ça ne dure jamais assez longtemps pour que je me sente reposée.

La vérité c'est que je suis incapable de fermer l'oeil. Et je déteste ça.

Après que nous soyons tous rentrés à la maison, j'ai eu l'impression que Nino cherchait à m'ignorer. Certes à chaque fois qu'il est dans les parages il me lance des petits regards, mais ça s'arrête là. Alors chaque fois que nos regards se croisent, mon coeur se serre un peu. J'ignore s'il cherche à me protéger de ce qui s'est passé, mais une chose est sûre : ce n'est pas en agissant ainsi que j'irai mieux.

Alors je me console en me disant qu'il a surement des choses urgentes dont il doit s'occuper.

Le seul qui m'apporte un peu d'attention c'est Vasco, il essaye au maximum de me faire sourire et rire. Ce qui me donne, je l'avoue, un peu de baume au cœur.

J'ai attendu que la douleur disparaisse pour me lever, j'ai brossé mes dents et j'ai rincé ma bouche plusieurs fois avant de rejoindre mon lit.

Malgré tout ça, je sens encore les mains de Nino sur mon corps et quand je suis d'humeur à déprimer c'est la seule chose qui me console. Je sens encore ses lèvres se poser sur les miennes.

Après notre altercation, il n'a plus donné signe de vie. J'ai encore mal au ventre de savoir qu'il m'a rejoint à New-York et que je l'ai raté. Les choses auraient pu être tellement différentes.

Même si quand je vois le comportement de Nino vis à vis de moi, je me dis que je n'aurai jamais dû laisser se produire un truc pareille. J'ai encore une fois laissé mon corps parler, mais je mentirai si je disais que ce ne fut pas quelque chose que j'avais attendue. Il a soigné mes maux, apaisé mes craintes et embrassé mes cicatrices.

— Habille-toi.

Je reçois des vêtements en plein visage, ce qui a eu le don de me faire sursauter. Je plante mon regard sur la silhouette qui vient d'entrer dans ma chambre.

— Je te demande pardon ?

— Je te laisse cinq minutes, je t'attends dans la cour.

Et il est parti. Me laissant seule comme une idiote avec un jogging et un sweat dans les mains.

J'ai longuement hésité, vraiment. Je me suis dis que ce n'était peut-être pas une bonne idée, que je devais le laisser une bonne fois pour toute derrière-moi. Pourtant, mon coeur a décidé pour moi à nouveau. Je me suis donc levé et j'ai enfilé les vêtements qu'il m'a donnés, des vêtements qui portent son odeur. Ça m'a presque donné envie de pleurer, ça m'a rappelé tellement de souvenirs.

Je suis finalement descendu jusqu'au rez-de-chaussé pour atteindre le devant de la maison. J'ouvre doucement la porte en grimaçant, ma blessure me lançant toujours un peu.

Et c'est là que je l'ai vue.

Nino Esposito IV du nom.

Il est installé sur sa moto et j'ai senti mon coeur se gonfler presque automatiquement. J'ai l'impression que ça me ramène cinq ans en arrière. Il porte un sweat lui aussi, tout aussi noir que le mien. Ainsi qu'un jogging tout aussi gris que le mien. Il semblerait qu'il ait tenu à nous assortir. Ce qui j'avoue m'a doucement fait sourire.

ETNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant