XXXII. Une ampoule

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Je me suis réveillée avec le sourire aux lèvres. Pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas eu envie de rester cloîtrer au fond de mon lit. J'ai lentement papillonné des yeux et j'ai observé les alentours, pour être certaine de ne pas avoir rêvé.

J'ai bien dormi dans la chambre de Nino.

J'ai dormi dans les bras de Nino.

Nino Esposito.

Je n'ai fait aucun cauchemar. Je ne me suis pas réveillé en sueur ou en sursaut.

Néanmoins, la place à mes côtés est déjà froide depuis longtemps. Je prie pour que Nino ne regrette pas ses confessions et notre baisé d'hier soir. J'ai encore son goût sur mes lèvres, et la sensation de ses doigts qui parcourent mon corps.

Ses révélations ont eu l'effet d'une bombe à l'intérieur de moi, je n'aurai jamais pu croire, même à des années lumières, qu'il ressentait toutes ces choses. Comme je n'aurai jamais pensé qu'il serait venu jusqu'à New-York pour venir me chercher.

La vérité c'est que, j'étais loin d'imaginer tout ce qu'il aurait pu faire pour que je reste à ses côtés. J'ai refusé de croire qu'il pouvait m'aimer parce qu'à l'époque je ne m'aimais pas moi-même.

Alors pourquoi lui, l'aurait-il fait ?

Je sors du lit, prête à rejoindre ma chambre.

— Dîtes-moi que je rêve ?

La porte s'ouvre à la volée, me paralysant. Mes yeux se posent directement sur la personne devant moi. J'ouvre la bouche pour la refermer aussitôt, sachant très bien que la situation peut porter à confusion.

— Etna... Pourquoi je ne suis pas surprise ?

J'avale difficilement ma salive, sentant son jugement s'écraser en plein sur mon visage. Je baisse les yeux, regardant mes jambes dénudées. Je ne porte qu'un t-shirt, qui en plus de ça appartient à Nino.

— Tu comptes me dire quelque chose ?

Qu'est-ce que je suis censé lui répondre ? J'ai honte.

J'ai embrassé un homme marié, j'ai dormi avec son mari. J'ai laissé cette information sortir de ma tête, j'ai été dans le déni toute la soirée et pendant une bonne partie de la nuit. Je n'ai pas pensé une seule fois à ce que Clara aurait pu ressentir.

— Tu n'es vraiment qu'une petite salope, Etna.

Qui suis-je pour la contredire ?

Elle a raison.

— Je n'arrive pas à y croire. Je n'aurai jamais cru que tu aurais à nouveau ouvert les cuisses, après tous les mensonges qu'il t'ait caché. Dit-elle en riant jaune

— Tu ne sais rien Clara, rien du tout. Je pose finalement mon regard sur elle, une haine s'emparant de ses yeux. Quant à moi, je me fais petite, la honte pour seule défense.

— Il faut croire que toi non plus, je me trompe ? Demande-t-elle en arquant un sourcil, sourire mesquin au coin de ses lèvres

— Je n'ai rien à te dire, si ce n'est que je n'ai pas couché avec Nino. Maintenant, j'aimerais retourner dans ma chambre.

J'avance jusqu'à elle, la frôlant à peine. C'est alors qu'elle saisit mon bras, me faisant grimacer de douleur. Mon regard croise le sien, nous ne sommes qu'à quelques petits centimètres, l'une de l'autre.

La haine se dégage de ses yeux.

Mais je n'ai pas peur.

Je n'ai plus peur de personne.

ETNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant