I. Les retrouvailles

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Quand je pense à ce qui m'arrive, je ne peux que me livré une auto-flagellation constante. Trois ans se sont écoulés, et face à cette réalité, je reste silencieuse, dépourvue de mots. Depuis deux semaines, je suis prisonnière de cet endroit, bien que l'impression qui émane de cette situation donne l'illusion de deux mois. Mon regard croise le sien dans cette pièce étouffante, où je suis assise sur une chaise collante, au cœur d'une atmosphère humide saturée de l'odeur du chien mouillé. Nino, lui, me fixe inlassablement, revêtu d'un costume trois pièces, suscitant en moi le désir de me libérer de mes liens et de le confronter. Je fais le serment intérieur que si l'opportunité se présentait, je n'hésiterais pas à le faire. Mais pour l'instant, je me contente de le contempler avec des yeux empreints de haine.

— Je n'arrive pas à croire, qu'après toutes ces années tu te tiennes enfin devant moi.

— J'espère que tu ne t'imagines pas que je vais rester.

Il redresse sa posture, ajustant sa veste.

— Tu n'as pas changé, Etna, toujours aussi mordante.

— Et tu n'as encore rien vu.

Il s'approche, suscitant en moi l'envie soudaine de lui cracher au visage. Il n'a plus rien en commun avec le Nino que j'ai connu. À présent, il est plus musclé, plus imposant, dégageant un charisme débordant. Ses cheveux ont poussé malgré sa réticence habituelle, une barbe naissante orne son visage, accompagnée des débuts de plusieurs tatouages sur ses poignets et sa gorge, lui conférant une aura troublante.

Absorbée par mes pensées, je n'ai pas remarqué qu'il se penchait vers moi, arborant un sourire en coin.

— Ne me touche pas.

Je détourne mon visage sur la gauche pour éviter tout contact ce qui le fait reculer.

— Tu n'étais pas aussi réservée autrefois. Souligne-t-il d'un ton moqueur.

— C'était avant. Comme tu l'as si bien souligné.

— Je te pensais plus astucieuse, cara mia.

— Pourquoi ?

Je fronce les sourcils, hésitant à m'engager dans des eaux troubles sans garantie de survie. Nino se redresse enfin, prenant ses distances avec ma zone de sécurité.

— Comment as-tu pu imaginer une seule seconde que je laisserais ton frère s'en aller sans réparation ?

Je peine à avaler ma salive tout en tentant de maintenir ma rationalité.

— Parce que je pensais pouvoir te demander une dernière faveur... Tu sais, en souvenirs du bon vieux temps.

Oui. Je croyais pouvoir le séduire, puis le trahir au dernier moment pour obtenir ce que je suis venue cherchais. Mais Nino n'est plus le même. Désormais, il rit de moi, un rire mesquin, le genre qui vous fait sentir comme une merde. Il me domine du regard, et cette sensation me déplaît profondément. Prise par un frustration sans nom, je lui crache au visage. Il fronce les sourcils, surpris par mon audace, et aussitôt, des regrets me submergent.

Sa réaction est instantanée. Il saisit fermement mon visage, forçant mes yeux à croiser les siens. Le Nino que j'ai connu il y a trois ans n'est plus. Nino est mort. Nino est parti. Nino m'effraie, une première pour moi.

— Le petit Nino est mort le jour où tu as décidé de partir comme une lâche. Alors oui, j'ai pris un malin plaisir à intégrer ton frère dans mon réseau, et ta présence ne changera rien à cela. Ne recommence plus jamais ça si tu ne veux pas que je t'arrache les yeux.

Il relâche brusquement mon visage, et ma nuque ressent la violence de son geste. C'est douloureux.

Ainsi, il a enrôlé mon frère par vengeance ?

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