Lou

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Derrière mes paupières fermées, je distingue de vagues couleurs. Je me suis endormi. J'étais émotionnellement épuisé et je comprends parfaitement pourquoi je suis tombé dans le sommeil. Je sens une main dans mes cheveux, mais je suis encore trop fatigué et triste pour le remarquer. Je dois sûrement encore dormir, en réalité. A moins que ma soeur soit là pour me réconforter ? Madame Wayne a dû l'appeler à la rescousse au moment où j'ai commencé à chialer comme un enfant. Je la comprends, moi-même, je sais que je n'aurais pas su quoi faire dans la même situation.

-- Haz, tu me fais peur, parfois...

C'est bien ma soeur. Je reconnais sa voix et lorsqu'elle embrasse ma tempe, je sens ses cheveux longs frotter sur mon visage, comme son parfum aux fruits. Je ronronne presque. Je crois que je suis couché sur elle. Du moins, mon visage est appuyé sur ses cuisses et ça j'en suis presque sûr. Je sens encore sa main caresser mes cheveux. Je me retourne, baillant. Je l'entends fredonner une chanson et je sais au poids sur mon dos qu'elle lit un livre. Gemma a toujours aimé lire.

-- Madame Wayne m'a appelé cette après-midi, lorsque tu faisais ta crise. Que se passe-t-il ? Elle demande, ne détachant pas son regard de son livre.

Après quelques secondes, elle attrape son marque-page, le met dans le livre et le referme. Je fronce le nez, pas sûr de vouloir parler de... De Louis, maintenant. Il me déteste. Ma gorge est encore nouée et je me sens toujours aussi mal. Il ne veut plus me voir et cette réalité me détruit complètement.

-- Tu te rappelle de Louis ? Je demande en enroulant un morceau de son tee-shirt entre mes mains.

Elle hoche la tête avant de froncer les sourcils. Je n'arrive pas à savoir à quoi elle pense.

-- Je l'ai rencontré il y a quelques mois... Il est un prostitué.

Le froncement entre ses sourcils se renforce alors qu'elle ouvre la bouche.

-- Comment l'as-tu rencontré, Harry ? Ne me dis pas que tu as été un de ses clients. Oh mon dieu.

-- Non, je... Je le voulais, au départ, d'accord ? Mais j'ai renoncé pour faire quelque chose d'encore pire. J'ai joué avec lui et ses sentiments.

Elle me frappe l'arrière de la tête et je geins en repoussant une mèche de cheveux de mon visage. Elle répète plusieurs fois un "tu es un idiot, Harry, un réel idiot", avant de soupirer longuement.

-- Il s'est laissé faire ? Demande-t-elle.

-- Oui. Il est faible et j'ai usé de ses faiblesses. Mais... Enfin, je l'ai vraiment enfoncé, d'accord ? J'ai couché avec lui pour ensuite lui dire que c'était seulement du sexe, parce que j'avais peur d'avouer mes sentiments... On s'est éloigné un moment, après une nouvelle chose, mais que je n'avais pas fait et, hum... Je suis allé le voir à son nouveau travail pour lui dire que je l'aimais. Il a hésité, mais m'a finalement repoussé. Et une semaine après, je suis allé le voir... En lui disant que je lui laissais le choix. Il revenait ou je le laissais tranquille... Et ça fait trois semaines... Il ne revient pas, Gemma. Il ne reviendra pas... Il vient de me dire qu'il se sentait mieux sans moi et que ses sentiments commençaient à s'en aller... Il ne m'aime plus... Il ne m'aimera plus jamais...

Maintenant, je pleure. Ma soeur me prends dans ses bras alors que mes sanglots commencent à m'étouffer. Louis ne reviendra pas et de le réaliser me fait beaucoup trop mal. Il faisait partie de ma vie, mais je viens de l'en retirer moi-même. Et de façon bien trop violente. Je ne réalisais pas à quel point j'étais sensible à lui comme à sa présence... Et je le réalise trop tard. Il ne m'aime plus.

-- Est-ce que tu comprends les erreurs que tu as faites ? Elle me demande, passant une main dans mes cheveux.

Je hoche la tête contre son tee-shirt, étalant mes larmes contre celui-ci. Je sens ses ongles contre mon cuir chevelu et aussi son menton sur mon front. Je ne sais même pas si je vais réussir à survivre à ça. J'ai toujours pensé que les personnes en période post-rupture étaient ridicules. Je comprends, maintenant. J'aurais préféré ne pas le faire, mais je comprends malgré moi.

Rapidement, j'essaye de me rappeler du nombre de fois où j'ai blessé Louis. J'élimine les moments où il ne m'aimait pas encore et j'essaye de faire un compte. Puis, je m'imagine ce qu'il a ressentit. Si c'était la même chose que mon actuellement, je comprends enfin pourquoi il est revenu. Il m'aimait et il pensait que j'appaiserai cette horreur. Mais je n'ai fait que le rabaisser. Je suis un monstre. Mais est-ce que les monstres ont un coeur ?

Je sens le mien. Il est là, il bat encore et il me rappelle chaque seconde que je le suis aussi. Mais que je suis misérable, sans lui. On ne peut pas survivre à cette douleur. C'est impossible.


Je me suis fourvoyé en me pensant fort. Louis s'est introduit dans ma vie et il a fait exploser la carapace que je m'étais construite. Il l'a fait disparaître. Et je regrette de l'avoir laissé faire. Je suis en train de mourir à petit feu. Je n'ai jamais souffert de cette façon, aussi puissamment. Et bien, on dit que l'amour, c'est souffrir à deux.

Pourquoi Louis ne souffre-t-il pas ?


Deb (larry stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant