Chapitre douze

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Je suis devenu une sorte de cadavre. Je crois que c'est le meilleur des mots pour désigner mon état actuel. Mes cheveux sont gras et je ne sais pas de quand date ma dernière douche. Je me nourris à peine et je passe mon temps à pleurer ou à regarder des films avec Gemma. Si j'étais honnête avec moi-même, ce que je m'efforce de faire, je penserais au fait que je porte, depuis plusieurs jours, le seul tee-shirt que Louis a oublié ici. Et même si maintenant il sent plus la sueur que Louis, ce vêtement lui appartenait et c'est tout ce qui compte. Gemma pense que je vais devenir fou, mais je le suis déjà. Son absence me rend fou et je sais à quel point je sonne pathétique, mais je m'en fiche. Il me manque et c'est tout ce qui m'importe pour le moment, comme depuis un mois.

Je ne l'ai pas vu depuis deux mois. Cette réalité me stoppe un moment. Huit semaines que je suis dans cet état misérable. Je pensais que les blessures cicatrisaient, mais visiblement celle-ci a du mal. Je me redresse sur ma chaise, passant une main dans mes cheveux et... Je jure que quelqu'un m'a lancé une bouteille d'huile au visage, ce n'est pas possible. Je la retire et déglutis. J'ai besoin d'une douche.

J'avance calmement vers la salle de bains, obtenant un commentaire sarcastique de ma soeur sur le fait que je me décide enfin à me laver. Ca n'a pas été dit clairement, mais elle vit en quelque sorte ici, le temps que je me remette. Je gère mon industrie de loin, dans mes moments positifs -- ou plutôt dans les moments qui ne sont pas aussi négatifs que les moments réellement négatifs. J'ai l'impression d'être un drogué qui essayerait d'échapper au produit qui le rend addict. Je crois que c'est un peu la même chose. Il y a de bons jours, puis il y a les rechutes. Je ne les préviens pas. Je me réveille juste un matin en me disant "pourquoi est-il parti ?" ou "il ne m'aime plus" et je m'effondre. Et cela peut aller d'une simple pensée à une photo, voir à un rêve.

Je rentre dans ma douche après avoir retiré mes vêtements. Je ne sais plus quoi penser. J'ai toujours aussi mal, mais je commence à oublier l'effet que Louis me faisait. Et c'est encore plus douloureux. Je me lave rapidement, pressé de sortir de la pièce. Il fait beaucoup trop chaud, est c'est en train de m'asphyxier. Je sors de la douche en éteignant l'eau et enfile un caleçon avant de sortir. Je marche jusqu'au salon, mais l'air ne revient pas. Gemma me regarde en fronçant les sourcils.

-- Tu pleures ?

Elle s'approche, mais je recule. Je n'arrive littéralement plus à respirer. Il ne reviendra plus. Je ne verrais plus jamais Louis. Je recule encore alors que mon crâne commence à me faire mal. Je cherche quelque chose qui me calmerait, mais je ne trouve pas. Il ne reviendra plus. Je crois qu'à un moment ou à un autre, je tombe au sol. Je ne suis plus réellement conscient et encore moins cohérent. Je suis juste dans une sorte de bad-trip désagréable. Et j'entends vaguement Gemma parler près de moi.

-- Haz ? Harry ? J'en ai marre, merde. Louis ou pas, il n'a pas à te laisser comme ça.

Et je m'évanouis. Enfin, c'est ce que je suppose au moment où ma conscience se déconnecte totalement de la réalité.

Mes yeux écarquillés se posent sur ma soeur, qui est en retrait dans la pièce. Puis sur Louis, qui se trouve devant moi. Ma respiration se coupe alors que je recule. Ca doit être un rêve. Il ne peut pas être ici. Je suis en train de rêver. Je panique complètement au moment où il approche et encore plus lorsqu'il s'assoit sur le lit. Ma soeur sort en silence, elle semble inquiète à propos de mon état.

-- Harry... Nous sommes recherchés par la police.

Voilà la première chose qu'il me dit. Je fronce les sourcils et pose mes yeux sur le drap qui me recouvre. Il n'est pas revenu pour moi, alors. Il est revenu parce que nous avons tué sa meilleure amie et qu'à présent, la police l'a plus ou moins compris.

Deb (larry stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant