Rechute

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Seulement trois semaines. Et me voilà face à un autre client, les yeux injectés de sang, drogué. Je suis ridicule de faiblir comme cela. Mais j'ai essayé de faire autre chose, réellement essayer. Ca n'a juste pas marché. Et je ne ressens qu'à moitié les coups de reins de l'homme derrière moi. Je crois avoir abusé sur la drogue et tant mieux. Je suis vide, je ne ressens rien. Et c'est bien pour moi, pour ça.

Les dernières fois, je me suis imaginé Harry. Alors j'ai augmenté la dose, pour oublier. Son nom, lui, ses caresses. Et voilà que j'y repense. Et après quelques minutes, alors qu'une image d'Harry à genoux devant moi traverse mon esprit, je jouis bruyamment. Je crois que l'homme suit, mais je ne m'en préoccupe pas.

Il se retire et je suis trop épuisé et trop instable pour rester sur mes jambes. Je tombe au sol et ma tête le heurte sûrement un peu trop fort. Je sens les billets qui me tombent dessus et j'entends également la porte claquer. Mon crâne est douloureux, je prends ça comme le contre coup de ma chute.

Je suis trop fatigué pour me relever et la drogue ne me le permet pas. Mes pensées divaguent, je me sens simplement vidé. Mais la porte de ma chambre d'hôtel claque, retenant mon attention. Je reste sur le sol, incapable de me relever. Quelques injures ponctuées d'une respiration saccadée me parviennent.

Lorsque la personne s'approche et que ses mains atterrissent sur mes hanches, je me tends. Je vais jusqu'à reconnaître son odeur. Je reconnais son odeur. Ma respiration se coupe, mais je ne peux rien faire. Je suis droguée, dans le flou et au bout d'une minute, j'ai oublié que c'est Harry qui est sur le point de me faire prendre un bain, alors que moi, je m'endors sur ses genoux, encore nus.

Ma tête est tellement douloureuse et que je lâche un gémissement plaintif à la seconde où je sors du sommeil. Une poche de glace est posée sur mon front. Directement, je tente de la déplacer sur mon visage, mais je me rends compte que je ne peux pas bouger mes mains. J'ouvre brusquement les yeux sur Andy, amusé.

Et je suis chez lui. Chez Harry.

Je suis putain de menotter à son lit, bordel. Je tire sur mes liens, ce qui me met encore plus en colère. Les menottes font mal et je le sais, j'ai connu plusieurs clients qui voulaient en utiliser sur moi.

-- Appelle ce connard et dit-lui de me détacher ! Je hurle au visage de Andy.

-- Pour ma défense, les menottes, c'était son idée, il lâche en s'enfonçant un peu plus dans son siège. Et il est au boulot, là, Tomlinson. Avec les clefs de tes menottes. Va falloir être patient.

Je tire sur mes liens, encore et encore en lui hurlant de l'appeler. Mais il ne fait rien. Alors je recommence, jusqu'à ce que ma peau brûle. Andy approche en essuie vaguement le sang qui coule le long de mes avant-bras.

-- Quand je serais détaché, je te casserais ta putain de gueule, Andy !

Plus les minutes passent, plus la douleur et forte et plus j'ai envie de tuer Andy et Harry, en même temps. Quelle bande de cons.

-- Il ne devrait pas tarder, calme-toi, tu vas avoir des cicatrices si tu continues à tirer comme ça sur les menottes.

-- Je m'en fous ! Je m'en contre-fous, merde. Vous m'avez ramené ici contre ma volonté et vous m'avez attaché à son putain de plumard !

-- Styles savait que tu n'aimerais pas ça. C'est pour ça qu'il t'a attaché.

A ce moment-là, la porte d'entrée claque. Je tire encore plus fort sur mes liens, énervés. Il est rentré et je sais que quoi qu'il arrive, il va regretter de m'avoir attaché.

-- Styles ramène-toi espèce de connard ! Je hurle.

Après plusieurs secondes, la porte s'ouvre sur lui. Je me débats encore, hors de moi. J'ai tellement envie de le frapper que s'en est affligeant. Je me débats et il me regarde de l'autre côté de la pièce, parfaitement neutre. Le Harry émotif semble s'être évaporé pendant ces quelques semaines. Je lui hurle dessus, mais il ne réagit pas. Il retire son manteau et le pose sur sa chaise de bureau, avant de balancer ses chaussures à travers la pièce.

-- Bien, Deb.

On en est revenu aux Deb ? Et bien, on reviendra aux monsieur Styles également, alors.

-- Je t'ai attaché parce que je savais que tu réagirais de cette façon, ou que du moins, tu essayerais de t'en aller. Mais je n'en ai pas envie. Alors... J'ai simplement décidé de t'attacher.

-- Oh, et tu crois bien sûr que tu peux faire ce que tu veux de mon corps ? Je demande d'un ton sec.

-- C'est la définition d'un prostitué, non ? Il réplique d'un ton tout aussi froid.

Putain de connard. Il est assis sur le lit... Assez proche pour que je... Il se prend mon pied violemment dans le visage et recule au coup brusquement. Il écarquille les yeux, une main posée sur sa joue qui, je l'espère, lui ait douloureuse.

-- Je ne suis pas aussi faible que tu le penses, Styles.

Andy est mort de rire dans un coin de la pièce, la tête à nouveau plongé sur son portable.

-- Un point pour Tomlinson, il dit en levant son pouce droit en l'air.

Harry semble enragé, mais je n'en ai strictement rien à foutre. Il voulait jouer au con ? Et bien moi aussi, je sais y jouer. En une seconde il se rapproche et deux après, je me prends son poing dans le visage. Je grogne sous le coup, mais une fois qu'il se recule, j'explose de rire.

-- Nerveux, Styles ? Je demande.

Je vois distinctement sa mâchoire se contracter. Il s'approche encore, quand Andy se lève, se dirigeant vers moi.

-- Bon, c'était marrant, il commence, avant d'arracher de la poche d'Harry un jeu de clefs, mais ça en devient ennuyant.

Je suis libre. Je masse mes poignets abîmés, sans prêter attention à rien. Puis, lorsque la douleur me parait acceptable, je me lève et sors directement de la chambre. Je dévale les escaliers à toute vitesse et, lorsque je m'engage dans l'entrée, Harry m'arrête.

-- Qu'est-ce que tu fais ? Il demande.

-- Ah parce que tu croyais que j'allais rester, Styles ? Je réponds en me retournant, lui lançant un regard amusé. Finalement, tu es tout aussi naïf que moi.

Deb (larry stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant