Appelez-moi monsieur STYLES

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Appelez-moi Monsieur. STYLES

Les hommes cherchent le pouvoir et l'attention. J'imagine qu'ils ne cherchent que ça. Et puis, qui est-il pour me dicter quoi faire ? D'accord, il est plus que flippant et c'est vrai que ça me fait peur, mais ce n'est pas une raison pour jouer avec les esprits, si ?

Je me lève, encore épuisé. Mes jambes sont engourdies et je me sens faible. Alors que mon corps totalement fini se balance de gauche à droite pour atteindre la porte d'entrée, martelée de coups. Je l'ouvre, tombant sur un homme l'air sombre. Un sourire en coin apparaît sur son visage alors que j'ouvre la bouche, prêt à dire quelque chose.

-- Oui ?

-- Nous avons réservé, plus tôt, au téléphone.

Ma gorge se noue alors que la bille au fond de celle-ci remonte, je ne peux pas, pas ce soir, pas maintenant. Et il a dit nous, je n'arriverais jamais à supporter deux clients.

-- Je... Nous ?

L'homme sourit, avant de se décaler, révélant une seconde personne. Un autre homme, semblant plus jeune, les cheveux bruns et bouclés, les yeux verts. La personne d'hier soir. Je baisse instantanément les yeux, avant de les relever, souriant.

-- Pas ce soir, désolé.

-- On avait réservé.

-- Je m'en contre-fous, pas ce soir, revenez plus tard, je ne prends jamais de clients le vendredi soir.

L'homme rester silencieux jusque-là arbore un gigantesque sourire, il s'approche, passant sa main sur mon menton, m'examinant. La sensation de ses doigts sur ma peau me fait frémir, envoyant une vague de frissons le long de mon dos.

-- Oui, mais aujourd'hui, on est samedi soir.

Sa voix rauque articule ça de façon joueuse. Merde. Je recule, alors que son touché semble me brûler. Je ferme les yeux quelques secondes, cherchant une autre excuse. Merde, Deb, trouve quelque chose.

-- Je ne prends pas de clients.

J'articule ça, durement, essayant d'éviter au maximum le regard déstabilisant de l'homme d'hier soir.

-- Alors, Styles, ça te fait quoi de te faire refuser quelque chose par une pute ?

Comme à chaque fois que quelqu'un utilise ce nom contre moi, je sens un coup frapper contre mon torse. L'homme aux cheveux gris ricane après sa réplique, observant le second froncer les sourcils. Le premier fait demi-tour, s'arrêtant devant l'ascenseur.

-- Je t'attends en bas.

Il ne daigne même pas le regarder, lui répondre ou lui adresser un quelconque signe. Il continue de me détailler, me déstabilisant un peu plus chaque seconde. Ma respiration se coupe lorsqu'il s'approche un peu plus.

-- Vous pourriez obtenir beaucoup d'argent de moi. Mais apparemment, vous ne savez qui je suis. Je n'aime pas les personnes insolentes. Et j'obtiens ce que je veux. Dans le cas présent, je vous veux et je vous obtiendrais. Sans le savoir, vous venez de déclencher quelque chose de, comment dire... Particulièrement excitant.

Ses yeux quittent les miens alors que je reste paralysé, littéralement.

Il sort son portable, s'adossant à un mur en attendant l'ascenseur.

-- Puis-je au moins savoir qui vous êtes ?

Son regard se redresse, entrant en collision avec le mien.

-- Appelez-moi Monsieur. STYLES. Oh et, de toute manière, vous saurez qui je suis dans les heures qui arrivent.

Les yeux encore rivés sur son portable dernier-cri, il entre dans l'ascenseur sans m'adresser un regard. Je reste perturbé et totalement stoïque devant la porte quelques secondes. Le temps de me reprendre totalement passé, j'entre dans mon appartement médiocre, méditant les paroles de cette personne étrange. Peut-être qu'il avait raison ? J'aurais dû les garder avec moi et gagner plus d'argent ? Même si, dans mon état actuel, ça n'aurait pas été la meilleure des solutions. Soyons honnête, je ne vais pas bien, même si je m'interdis de le dire. Toutes ces choses me bouffent totalement et je ne sais pas si ce sentiment disparaitra un jour, me laissant seul avec ma personne dans un bon état d'esprit.

Les mains enlacées sur mes genoux, je réfléchis encore, pressant la douleur dans un coin de ma tête reculé et impénétrable. Je ne vais pas apprendre à le connaître dans les prochaines heures, de toute évidence, alors pourquoi avoir dit ça. Soit il est étrange, soit il cherchait à me faire peur, ce qui a relativement bien marché. La tête posée contre le dossier de mon canapé, le corps totalement endolori, je continue de réfléchir, faisant défiler les musiques contenues dans mon vieux portable, quasiment plus en état de marche. Je réussis encore à appeler, mais plus à envoyer de messages. La recharge est prête à lâcher et tout ce qu'il me restera sera mon téléphone fixe, qui lui, est déjà bien endommagé. Je cherche des réponses à des simples pics surement lancés par un homme -bien qu'intimidant-, voulant se rendre plus intéressant qu'il l'est.

Au moment où ma conscience, satisfaite de cette hypothèse, sourit sur son canapé en cuir en relevant le regard de son livre, on sonne à la porte.

Sans que je ne comprenne pourquoi, mon cœur s'emballe. Etait-il réellement sérieux ?

On dit que les humains ne sont jamais satisfaits et que c'est un défaut. Je trouve que c'est faux. Je me sens, moi, trop souvent satisfait et c'est ce qui me handicape. Je n'avance pas et je ne cherche pas plus loin. Je cherche de quoi vivre et une fois que c'est fait, j'arrête. Je suis un réel bon-à-rien.

Deb (larry stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant