Personne ne brise mon coeur

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–– Louis ? Murmurais-je d'une voix tremblante d'espoir.

Il se retourne en souriant, approchant pour me prendre dans ses bras, enterrant son visage dans mon cou, alors que mon souffle se coupe. Il se laisser aller contre moi, mes mains passant dans ses cheveux mouillés. Je fronce les sourcils, retirant ma main de ceux-ci pour la regarder. Elle est dégoulinante d'un sang rouge profond.

L'étreinte de Louis est complètement inexistante et tout cela me frappe d'un seul coup puissant. J'écarquille les yeux tout en le repoussant vaguement, observant son corps inerte tomber à plat sur le sol. Je recule de plusieurs mètres en poussant un gémissement plaintif, complètement paniqué. Non, ce n'est pas en train d'arriver.

–– C'est terminé.

Je relève le regard sur l'infirmière, horrifié. Puis je me sens tombé. Le sol s'ouvre sous mes pieds, la chute me donne envie de vomir. Le déni se transforme en horreur puis en dégoût, je le sens se transformer et j'ai simplement envie de trouver un point d'accroche auquel me cramponner, mais je n'en vois aucun. Je tombe douloureusement et je ne vois aucune fin. Tout est sombre autour de moi, je ne me vois même plus. Je ne me distingue plus, je ne me comprends plus. Je me sens mourir. La seule chose encore perceptible est la sensation du sang de Louis, coulant sur mes doigts. Ce n'est qu'une sensation, mais elle est la pire de toute. Je ne suis pas en train de mourir.

Je le sens mourir, lui.


Je suis en train de hurler, la sueur coulant à grosse goutte de mon front. Je tourne la tête dans la chambre, calmant mes cris, mais pas mes larmes, les nerfs à vif, les sens à vif, la peur juste là, au creux de mon ventre. Je ne me calme pas, je pleure encore plus. Je rejette mes cheveux en arrière, la vision brouillée par les gouttelettes salées et le corps enduit de sueur.

–– Putain, c'est un cauchemar, c'est un vrai cauchemar, maudis-je, tirant sur mes cheveux.

Je me lève vaguement, retirant mon haut trempé, passant mes mains nerveuses dans mes cheveux, essayant d'atténuer mes larmes en les écrasants sur mes joues.

–– Putain de merde, putain de merde, PUTAIN DE MERDE !

J'envoie au sol tous les dossiers trainant sur mon bureau ainsi que mon ordinateur, qui s'écrase sur celui-ci en un fracas insupportable. Je donne un coup de pied dans la chaise face à moi, envoyant ensuite mon poing dedans. Je ne sais pas ce que je fais. Je suis comme hors de mon corps, à observer mon moi se débattre et frapper dans tout ce qui lui passe sous la main. Je n'extériorise jamais ma colère de cette façon, si ce n'est par des cris sur mes employés. Mais je ne frappe pas. Je ne frappe jamais et pourtant, je suis en train de me déchaîner sur tout ce qui se trouve sous ma main. Après un moment, je tombe sur un cadre de Louis, que j'attrape en main. Je le serre fortement entre ma main, observant cet homme qui actuellement me parait tellement étrangé et mauvais.

–– Personne ne me brise le coeur, espèce de connard ! Hurlais-je à m'en déchirer les poumons, balançant le cadre contre le mur en face de moi.

Puis je réalise, observant le mur que des morceaux de verre viennent de griffer. Je regarde le cadre, au sol. J'entends ma soeur hurler de l'autre côté de la porte. Je sens mes poings brûler contre mes hanches. Et je sens, j'entends, mon coeur battre douloureusement contre ma cage thoracique.

Il n'avait pas le droit. 

Deb (larry stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant