Chapitre deux - c

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C'est totalement normal s'il y a deux chapitre deux, je suis en train de réécrire l'histoire.

Tout semblait sombre, les ombres fades des personnes présentes dans la pièce apparaissant sur les murs. Les lumières étaient moindres, la pièce était envahie par une fumée épaisse. Une odeur âcre flottait dans l'endroit, oppressant mes poumons. Nous ressemblions à des spectres, dansant ici, dans ce bâtiment. Je n'avais plus conscience de ce que je faisais, au moment actuel. J'étudiais uniquement d'un œil incertain les personnes en face de moi ; ils étaient tellement lointains.


Puis, alors que mon visage ivre pivotait en direction d'une voix perçante, je découvris Jessica. Elle était perchée sur de hauts talons, semblait soûle et me lançait un gigantesque sourire.


J'avançais jusqu'à elle, m'appuyant contre un muret pour la serrer dans mes bras. Elle dégageait une forte odeur d'alcool, mélangée à un quelconque parfum féminin, qu'elle avait surdosé. Lorsque nous nous détachions, je remarquais son maquillage, dégradé. Il restait sur ses lèvres un quelconque fantôme d'une couleur chargée, qui était maintenant étalée sur son menton et le départ de ses pommettes. Ses yeux étaient noircis, entourés de traces sombres et inégales. Et ses cheveux, eux, étaient en désordre, s'éparpillant de façon négligée sur son crâne.


Elle était affreuse, mais son sourire brillait à travers tout ce chaos.


–– Comment vas-tu ? A-t-elle articulé, sa voix basse et nonchalante, traînant sur sa langue, tout en dégageant un fort accent irlandais.


Je haussais les épaules, me laissant tomber sur le minuscule mur derrière moi. Elle s'asseyait près de moi, penchant son visage sur la droite, avant de hocher la tête ; elle comprenait.


–– Es-tu au courant pour Allan ?


Sa voix était presque inaudible, jusqu'à ce qu'elle décide de pouffer bruyamment. Son rire étouffait après quelques minutes, s'éteignant au creux de sa gorge. Elle portait à nouveau son visage vers moi, je ne comprenais pas ce qui arrivait. Allan était le propriétaire de mon appartement et, même s'il était un homme affreux, il m'aidait–non, nous marchandions–pour que je puisse garder mon appartement.


–– Il a été pris avec de la drogue sur lui, a-t-elle dit, roulant de ses yeux exagérément, ils touchaient presque ses faux-cils. Je ne sais plus combien, mais, beaucoup. Il est en garde-à-vue, à ce que j'ai entendu.



Mon visage se vidait de son sang, alors qu'elle portait un rictus naïf au coin des lèvres. Je ne pourrais jamais conserver mon appartement, continuer de payer mon loyer, si Allan ne se trouvait plus là. Mon corps était ankylosé, vacillant sur le trottoir sans que je ne puisse le contrôler. Lorsque j'arrivais devant mon immeuble, mes pensées étaient plus qu'incohérentes, plongées dans un brouillard que je n'arrivais pas à dissiper. Je fouillais nonchalamment dans ma poche, attrapant le petit objet métallique qui devait être ma clef. Une fois mon visage en direction de l'entrée, je tentais d'éclaircir ma vision nébuleuse.


–– Je peux vous aidez ?


Je relevais la tête, mes yeux luttant pour stabiliser les éléments autour de moi. Une figure se trouvait près de moi, un homme grand, tout enveloppé d'un grand caban noir. Mon esprit s'efforçait de distinguer son visage, mais, trop soûl, échouait. Il tendit sa main vers moi, dans laquelle je disposais mon trousseau de clefs, sans y penser une seconde fois.


–– Je dois aussi me rendre dans l'immeuble, mais la personne refuse de m'ouvrir, a-t-il articulé, d'une voix rauque et chargée d'un accent britannique.


J'acquiesçais indistinctement, plutôt focalisé sur la migraine, qui, lentement, envenimait ma raison. Le bruit assourdissant du grillage d'entrée me fit reprendre mes esprits. Mes paupières papillonnèrent en direction de la cour de l'immeuble, à présent éclairée. Nous entrâmes, puis avançâmes jusqu'au bâtiment, dans lequel je progressais jusqu'à l'ascenseur ; je l'appelais.


Lorsqu'une main fut posée sur mon épaule, je sursautais, me retournant vers le même homme qu'auparavant. L'ascenseur sonnait, mais je restais concentré sur lui, qui était à présent dans la lumière. Ses cheveux étaient épais, d'un brun foncé, plongeant sur ses épaules en d'élégantes boucles. Son visage était néanmoins encore trop abstrait à mes yeux, ses traits fondant les uns dans les autres confusément. Je refermais ma main sur mes clefs, soulignant son sourire, avant d'entrer dans l'ascenseur.


–– Quel étage ? A-t-il demandé lentement, me faisant dos dans l'appareil.


–– Sixième.


Arrivé à cet étage, il sortait lui aussi et tournait dans une direction opposée à la mienne sans un mot de plus. J'allais en titubant vers mon appartement, mes mains enfoncées dans ma veste. Je déverrouillais ma porte avec plus ou moins de difficulté, pénétrant par la suite dans l'appartement minuscule. Je retirais ma veste puis mon tee-shirt, que je lançais à travers la pièce, puis claquais la porte derrière moi.


Une douche froide me détendit et me fit reprendre conscience du monde qui m'entourait. Il réussira à s'en sortir, me suis-je dit, il ne peut pas aller en prison, il pensera que ce sera de ma faute et me fera tuer, cela ne peut pas arriver. Il va se tirer de tout cela et ne pensera pas que c'est moi, je pourrais m'expliquer, d'une façon ou d'une autre–même si cela implique du sexe.



Mon réveil fut ponctué de haut-le-coeur honnêtement douloureux, puis de nausées vigoureuses qui brûlèrent sévèrement ma gorge. Je laissais un médicament se diffuser dans un verre d'eau, me penchant sur mon ordinateur pendant ce temps. Ma boite mail était débordante, ce qui me rendit confus un moment, mais des coups sur la porte m'empêchèrent de la consulter.


Zayn se présentait à la porte, un sourire aux lèvre et un joint allumé en bouche. Il était un ami, en quelque sorte, mais surtout un dealer––je savais que nos relations ne tenaient qu'à la drogue, sincèrement.


–– Tu sais, si les propriétaires te voient avec ça, ai-je dit, pointant le produit illicite qu'il était en train de fumer, tu seras jeté hors de l'immeuble et pour de bon.


Il roulait ses yeux noisette exagérément, se frayant un chemin dans l'appartement, finissant par s'effondrer dans mon canapé usé. Je lançais cent livres, enveloppées d'une enveloppe, dans sa direction–il l'attrapait et déchirait rapidement le papier, fronçant ses sourcils ; je bus distraitement l'eau dégoûtante, priant pour que cela ait un effet sur mon mal de tête.


–– Tu ne me devais que cinquante livres, tu le sais, n'est-ce pas ? Ai-je entendu dans mon dos, ce qui me fit grimacer.


–– Oui, je sais. Il me faut seulement un peu de cannabis.


Il sifflait, puis le bruit commun d'un sachet plastique contre la table retentit. Seulement quelques minutes plus tard, il avait disparu.



« Je suis plein de douleurs et brisé de toutes part. »VALÉRY, Corresp. (avec Gide), 1909, p. 419.

Deb (larry stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant