Deb (larry stylinson)

Chapitre dix-huit

Cinq minutes... cinq jours... et toute une existence bascule, en un instant.

Je remets ma cravate en place, les yeux plongés dans le miroir. Les hommes me tenant au contrat de confidentialité sont morts dans la semaine, de l'âge et de la maladie. C'est une coïncidence assez étrange qu'ils meurent tous les deux dans la même semaine, en réalité. Mais peu importe. Je remets mes cheveux en place, observant mon reflet terne avec attention. Louis est décédé il y a exactement vingt-et-un ans. J'aimerais dire que les premières années étaient difficiles, mais qu'ensuite, mon chagrin s'est amoindri.

J'aurais réellement pouvoir le dire, mais c'est faux. J'ai espéré obtenir un soulagement au cours des années, mais la douleur due à sa mort et à sa perte a juste disparu pour laisser place à une seconde. L'oublie.

Je ne mettais jamais demandé quelle était la partie la plus dure dans un deuil. Après en avoir vécu un, je peux certifier que c'est l'oublie et pas la perte. Lorsque tous les souvenirs que vous aviez de la personne commencent lentement à s'effacer. Vous vous battez contre. Vous voulez vous rappeler de son touché, de son visage, de sa voix. Mais vous n'arrivez pas à garder les souvenirs assez près de vous pour les conserver. Et plus ils disparaissent, plus vous souffrez. C'est sans aucune hésitation la pire des sensations au monde.

Je ne me rappelle plus de Louis. Je ne me rappelle plus de la tonalité de sa voix, de la sensation de ses mains sur mon corps, de ses baisers... Je ne me souviens même plus de son visage, malgré les quelques photos que j'ai réussi à récupérer. Je m'en veux tellement. De ne plus me souvenir de lui, de son comportement, de sa voix. Je ne me souviens même plus de la sensation que son amour pour lui me produisait. Je suis horrible.

Etant donné que le contrat a été achevé, j'ai quitté la femme qui me servait de soi-disant femme imaginaire, pour cacher mon homosexualité, ou plutôt mon amour pour Louis. J'ai vendu mon entreprise à un actionnaire pour quelques millions. J'aurais largement de quoi vivre jusqu'à la fin de ma vie, peu importe à quel point elle sera longue.

Une chaîne de télévision m'a demandé de venir témoigner, aujourd'hui. Je n'ai jamais accepté une seule interview à propos de Louis depuis son décès. Je n'avais pas le droit d'en parler, mais, aujourd'hui, je vais révéler une des plus grandes injustices qu'il m'a été donné de vivre. Décidé de qui tuer et qui ne pas tuer simplement par rapport à la notoriété. C'est la pire des choses.

Andy, lui, se trouve à l'hôpital. Il est sorti de prison il y a un an et la cigarette à eu raison de lui. Il est encore en forme, mais ses poumons ne le sont pas. Les médecins lui laissent un an ou deux encore, ce qu'il ne semble pas prendre si mal que cela. Je lui ai donné beaucoup d'argent et ai négocié avec l'hôpital pour qu'il le laisse sortir, ce qu'ils ont accepté après beaucoup de négociation. Demain, nous partons tous les deux à Los Angeles, pour quelques semaines. Mais avant, il veut voir ce que je vais dire, de quoi je vais témoigner, de quelle façon.

Je suis sûr qu'il rit déjà derrière son écran à l'approche de la bombe que je vais lancer.

–– Nous accueillons aujourd'hui monsieur Harry Styles, à l'heure actuelle homme le plus riche dans ce monde.

Je m'assois sur un des sièges en la saluant, remettant vaguement ma veste en place. Je pose mes mains sur un de mes genoux, observant l'interviewer, qui est plus superficielle que tout ce que j'ai eu l'occasion de voir dans ma vie. Elle attrape une feuille, souriante.

–– Nous avons attendu ce moment pendant plus de vingt ans, rit-elle. Nous avons beaucoup de questions à vous poser à propos de Louis Tomlinson, votre ex-femme et le meurtre de Jessica, qui a été une énorme affaire en Irlande comme sur le reste de la planète.