« chapitre quarante-cinq »

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Elle reste perplexe face à c'qu'il se passe devant elle. En contrebas, une horde arpente un champ. Mais au lieu d'avancer sans relâche comme à leur fâcheuse habitude, aussi étonnant que cela puisse paraître, ils tournent en rond, restant au même endroit.

Elle plisse les yeux pour tenter de voir si quelque chose les retient, comme de la chair fraîche. Mais finalement, même si il y en avait, ils se jetteraient dessus. Alors que là, ils ne font que de tourner en rond.

Elle s'avance quelque peu, non sans être retenue par Dixon qu'elle rassure d'un geste de la main. S'accroupissant dans les hautes herbes, ne les lâchant pas du regard.

Il n'y a littéralement rien qui puisse expliquer une telle chose. Elle n'a jamais vu ça. Enfin, ça lui rappelle vaguement quelque chose. Ça lui rappelle le Terminus, alors que Carol et elle étaient couvertes de tripes et qu'elles pouvaient avancer sans crainte parmis eux.

Elle détache enfin les yeux de la horde pour se retourner et suivre les trois hommes, s'éloignant pour contourner les rôdeurs en toute sécurité.

Mais alors qu'ils progressent, elle et Dixon devant, leur chien à leur hauteur, Jésus et Aaron dix mètres derrière, le chasseur la force à s'arrêter en la retenant par le poignet. Il ordonne à l'animal de ne pas bouger et fixe l'horizon. Il tend le bras vers le second duo, les faisant s'arrêter à leur tour.

«- C'est la horde, déclare-t-il alors qu'un écho de grognements leur parvient, elle vient vers nous. Le vent porte le son jusqu'ici. »

Étrange coïncidence que la horde ait pris la même direction qu'eux. Peut-être un animal qui les a attiré, suppose-t-elle, ou peut-être en est-ce une autre. Dixon se saisit d'un réveil qu'il règle dix minutes plus tard avant de le jeter aussi loin que possible.

«- Allez v'nez, on va mettre de la distance entre eux et nous. »

Elle observe une dernière fois la lisière de la forêt et tourne les talons, les rejoignant à petites foulées. Mais finalement, elle eut l'impression d'avoir fait ça toute la journée. À chaque fois qu'ils faisaient demi tour ou qu'ils prenaient une direction différente, ils croisaient de nombreux cadavres. Ils ont fini par en déduire qu'il y avait bien plus d'une horde et c'est seulement à la tombée de la nuit qu'ils atteignent enfin la grange que Rosita a décrit à Aaron et Jésus la veille.

Ils entrent silencieusement, prenant soin de refermer derrière eux, avançant prudemment. Au premier tas de foin, Jésus tâte le sol avec son épée. Ça sonne creux.

«- Eugène, t'es là d'dans ? Demande Aaron.
- Affirmatif, répond le concerné après de longues secondes. »

Ils s'empressent de dégager l'ouverture, découvrant l'homme accroupi dans un étroit trou. Ils le saisissent par les bras et parviennent à le hisser près d'eux.

«- Eh, Eugène, ça va ? Le questionne Aaron.
- J'ai pris un mauvais appui et j'me suis deboîté l'genou, explique-t-il, on avait une horde aux fesses et Rosita a été obligée d'me planquer ici.
- Si il est deboîté, on peut l'remettre en place, suggère Dixon.
- Non, il faut qu'on sorte d'ici tout de suite. La horde nous a suivi jusque ici en revenant.
- J'ai vu leurs traces, ils sont partis, affirme Dixon.
- Non, le contredit Eugène paniqué, ils sont là. Ça fait deux fois qu'ils repassent par ici, ils sont à ma recherche. Il faut qu'on s'en aille loin avant qu'ils ne reviennent.
- À ta recherche ? Remarque Riley, c'est-à-dire ?
- C'était pas une horde comme les autres.
- Comment ça ?
- Quant ils sont passés à côté de nous, ils étaient en train de chuchoter des trucs les uns avec les autres, avoue-t-il d'autant plus terrifié.
-Tu veux dire, qu'ils parlaient ? L'interroge Aaron pour le moins septique.
- Rosita les a entendu aussi, elle confirmera, coupe-t-il court à la conversation, on doit partir ! »

«Un nouveau monde» (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant