«Un nouveau monde» (2)

« chapitre vingt »

Quand ses pieds quittent le toit du camping-car, elle se sent aussi légère qu'une plume. Mais cela ne dure qu'une demie seconde, elle perd son petit sourire en sentant son poids doubler, voire tripler d'un coup, tout en se sentant soudainement attirer vers le sol. Elle voit son objectif glisser peu à peu entre ses doigts, ayant cette vague impression que tout est en train de se passer au ralentit.

Elle ferme un court instant les yeux, sentant son heure venir. Mais ce fut plus douloureux que ça. La moitié de son corps heurte avec rage le toit du monospace, sa tête également, alors que ses jambes frappent sèchement les doubles portes arrières du véhicule.

Elle se sent légèrement vaciller, putain de merde. De petites étoiles gênent sa vue alors qu'elle essaye tant bien que mal de se hisser entièrement sur le toit. Elle sent seulement les rôdeurs agripper ses Docs, et redouble d'effort. Elle donne des coups de pieds à l'aveugle, grognant de rage.

Elle finie par donner plusieurs coups successifs sur le toit, ces fumiers sont trop nombreux et donc trop forts, elle n'y arriverait pas. Elle sent Tara passer enfin la première puis accélérer rapidement. Elle galère pour extirper le véhicule de l'attroupement de cadavres, mais y parvient tout de même avant d'accélérer davantage pour mettre un peu de distance entre eux.

Quand la voiture bouge, Riley peut déjà se libérer. Les rôdeurs lâchent ses chaussures, là où quelques marques de dents sont désormais. Elle se hisse entièrement, avec difficulté, sur le toit, et si allonge de tout son long, la respiration haletante.

Elle se met sur le dos au moment où la voiture se stoppe. Les portes s'ouvrent en un éclair, et tous portent leur regard sur la jeune femme, à l'exception de Carl, encore de trop petite taille pour voir par-dessus le véhicule.

«-Nan mais t'as vraiment un grain! S'exclame Rick, t'aurai pu crever!
-Mais c'est pas le cas, les rassure t-elle en tournant sa tête vers lui, au passage, c'était mortel c'que vous avez fait.
-Dis pas n'importe quoi! On a pris beaucoup trop de risques! S'énerve t-il.
-Non Rick, rétorque t-elle en se redressant pour s'asseoir, on a fait c'qu'il fallait, on avait besoin d'ces explosifs.
-Peut-être mais ce n'est pas une raison pour mettre vos vies, enfin sur ce coup, plus particulièrement ta vie, en danger.
-Ça, c'est mon problème Rick, pas le tien. Et puis, c'était amusant.
-C'était amusant? Lui demande t-il, nan mais t'es devenus inconsciente ou quoi??
-Bon ça suffit, souffle t-elle en sautant du toit, j'ai pas b'soin qu'tu m'engueules, j'suis une grande fille, et t'es ni mon père, ni mon frère, dit-elle froidement. »

Ils se regardent longuement, la mâchoire crispée, les sourcils froncés. Malgré leur différence de taille, elle ne se sent pas le moins du monde impressionnée. Malgré tout le respect qu'elle peut lui porter, elle ne supporte pas qu'on l'engueule comme une gamine, surtout que là, il n'y avait rien eu, ce n'était pas grand si elle avait tenté de se suicider. Il détourne le retard, puis fait un pas en arrière, en signe de résignation.

«-Bon, dit-elle en ouvrant la portière pour s'installer sur le siège conducteur, c'est pas l'tout mais on doit arriver avant les sauveurs, rappelle t-elle en claquant la portière et en allumant le moteur aussitôt après.»

Rick souffle un bon coup. Elle ne peut pas voir les choses comme ça. Ce n'est pas un jeu. Il pensait qu'elle le savait, mieux que quiconque. Michonne pose une main réconfortante sur son épaule, et l'entraîne avec elle à l'intérieur du véhicule. Ils s'installent, et Riley démarre sans plus attendre.

En une petite heure, ils sont arrivés, tout le monde sort du véhicule, accueillit par quelques habitants. Rick les prévient aussitôt de l'arrivée surprise des sauveurs, mais à peine a-t-il le temps de leur expliquer, ou même de fermer les portes, qu'un bruit de moteur retentit et que leurs véhicules s'avancent vers Alexandria.

Rick donne un coup d'oeil à Riley. Il lui en veut d'avoir agit ainsi, mais lors de situation comme celle-ci, tout passe à la trappe. Elle hoche la tête, lui offrant un petit sourire sanguinaire. Il a l'impression qu'elle perd peu à peu la raison, tout comme son humanité.

Il arrête de la fixer lorsque les sauveurs pénétrent dans l'enceinte de la ville. Ils se rapprochent, un air d'incompréhension et de surprise sur le visage, enfin, réellement pour certains, faussement pour d'autres.

Ils n'eurent pas l'honneur de recevoir Negan, mais son bras droit, Simon. Au regard qu'il lance à Riley, elle comprend qu'il aurait un comportement similaire à celui de son chef. Ils voulaient donc vraiment la faire mariner. S'acharnait-il sur elle à cause de ses soeurs? Probablement. Il doit prendre un malin plaisir à lui rendre la vie insupportable.

«-Bonjour ma douce, s'exclame t-il, Negan s'excuse auprès de toi de ne pas être là en personne, pour ce faire, il a voulu te faire un petit cadeau.
-Qu'il se l'foute où j'pense son cadeau à la con, réplique t-elle durement.
-Oh, j'pense que tu changeras d'avis aussitôt tes jolis yeux posés dessus, rigole t-il en retournant vers son camion avant d'en ouvrir la portière du côté passager, je pense même qu'après l'avoir vu, tu vas me supplier de te le donner, dit-il en cachant quelque chose derrière son dos.
-C'est ridicule, affirme t-elle en croisant les bras sous sa poitrine, sa patience commençant à lâcher prise.
-On fait le pari? Demande t-il.
-C'est ridicule, répète t-elle.
-Très bien, on va voir ça tout de suite.»

Il enlève ses mains de son dos, et lui montre ce qu'elles tiennent. Quand son regard se pose dessus, elle sent son coeur s'arrêter. Pendant plusieurs secondes, elle n'entend même plus les bruits autour d'elle. Son regard parcourt chaque détail, alors que ses bras retombent doucement le long de son corps. L'enflure.

«-Il me semble qu'il s'agit de la seule et l'unique, déclare-t-il en la tournant vers lui pour la regarder, c'est vrai que vous étiez vachement mignons quand même, t'avais quel âge? Douze ans? Allez, quatorze?
-Ferme-là, fit-elle entre ses dents.
-Et Jessie? Wow, elle devait même pas avoir trois ans, si ce n'est deux. Et Rayan, wow, il était déjà super canon, super virile. Et Camille alors, une belle et charmante adolescente. Vous étiez une belle petite famille.
-Ferme-là, répète-t-elle.
-Oui, parce que faut bien préciser le, vous étiez, y'en manque quand même déjà deux là-dessus.
-Ferme-là, hurle t-elle.»

Dans un excès de colère, Simon s'étant rapproché, et n'étant donc plus très loin d'elle, elle ne fait que quelques pas avant de le pousser de toutes ses forces. Il n'eut même pas le temps d'essayer de se rattraper, il perd l'équilibre rapidement et s'écroule par terre, sur le dos. Elle s'avance vers lui, et lui assène un bon coup de pied en plein visage. Il retombe net. Elle récupère le cadre puis se redresse avant de tourner les talons sans accorder le moindre regard à qui que ce soit.