«Un nouveau monde» (2)

« chapitre soixante-cinq »

Même si Alpha est morte, sa horde est toujours là. Ils ont envahi Alexandria, les rues de la petite Ville sont entièrement conquises par les rôdeurs alors que c'est désormais Bêta qui tient les rênes. Depuis la perte de la Colline, ils vivent dans une tour plus au Nord, abandonnée, délabrée, dégradée, au milieu de la forêt, dans l'espoir de rester cacher. Elle ne supporte pas d'être dans cette tour, ça pue, il fait froid, c'est humide, et pour couronner le tout, Negan est là. Elle se déteste d'accepter qu'il soit là. Pas plus tard que la nuit dernière, elle n'a pas fermé l'œil, se demandant ce qu'il peut bien la retenir de se lever et d'y aller. Mais elle n'a pas bougé d'un pouce. Elle a fixé le plafond jusqu'au lever du soleil et la voilà désormais errant entre les arbres. Daryl l'a rejoint bien vite, marchant dans ses pas, assurant ses arrières, inspectant, tout comme elle, les environs. Aaron et Alden ont quitté Alexandria il y a peu. Ils suivent la horde de près, analysant et suivant chacun de leurs mouvements, chacune de leurs directions. Cette fois-ci, ils ne se feront pas surprendre.

«- Ne rentre pas à la maison, dit Daryl au travers de son talkie-walkie, si tu veux savoir où on est, réponds-moi. On a un plan pour mettre fin à tout ça, j'pense qu'il t'plairait bien. Être en cavale comme ça, reprend t-il un brin nostalgique, survivre comme on peut, ça m'rappelle le groupe des anciens, avoue-t-il alors que Riley se tourne vers lui dans un petit sourire, j'ai l'impression qu'c'était y'a une éternité. Michonne ? Tu m'reçois ? Demande-t-il, Michonne...

- Elle finira par répondre, le rassure Riley.

- Ça fait trop longtemps qu'on est sans nouvelles.

- Je sais. Elle doit avoir une bonne raison.

- Je sais. »

Il passe un bras autour de ses épaules, l'attirant contre lui pour embrasser sa tempe. Elle sort deux clopes, lui en tend une, glissant l'autre entre ses lèvres alors qu'il les allume. La forêt est étonnamment calme. Comme si tous les rôdeurs du coin avaient déserté pour se joindre à l'invincible horde des Chuchoteurs. Cela fait plusieurs fois que Riley se promène sur ces chemins terreux et les rôdeurs qu'elle a croisé se comptent aisément sur les doigts d'une main. C'est affligeant. Et elle doit se l'avouer, un tantinet effrayant. La horde compte des dizaines de centaines de rôdeurs, voire même des milliers. Ils ont un avantage considérable contre eux. Si cette horde leur tombe dessus, ils ne pourront littéralement rien y faire.

Son attention est tout de suite attirée par le grognement caractéristique des rôdeurs, ils se font si rares que l'entendre en devient presque suspect. Heureusement qu'ils savent en temps et en heure leur avancée. Ils échangent brièvement un regard avant de s'y diriger. En découvrant Judith abattre un rôdeur, Riley ne peut s'empêcher d'être fière d'elle. Mais une pointe de tristesse se mélange à cette fierté. Judith a grandi tellement vite. Elle se revoit à la prison, la prenant dans ses bras pour la première fois, Daryl lui donnant le biberon. Merde, c'est comme si tout ça venait d'une autre vie, c'est déconcertant.

«- Judith, l'appelle Daryl alors qu'ils approchent, tu fais quoi là ?

- C'est bon, ça va, répond t-elle.

- T'es avec qui ?

- Personne.

- Bon, allez, viens, on rentre.

- S'te plaît, j'veux rester ici.

- Non.

- J'ai laissé un message à Gabriel, tout va bien, promis.

- Non, et c'était pas une question, on y va, assure-t-il en commençant à partir.

- Non, répète la petite brune d'une voix presque suppliante.