« chapitre cinquante-quatre »

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« - Jessie ! »

Mia fait avancer son cheval aussitôt, Riley juste derrière elle. Elles avancent de quelques mètres pour rejoindre un endroit plus stable et solide, avant de descendre et d'attacher les rênes des chevaux à un arbre.

Lampe torche en main, elles éclairent le fossé en espérant tomber sur un chemin pratiquable. Elles appellent simultanément Jessie, mais ne reçoivent aucune réponse.

Plus le temps de réfléchir, Riley se jette limite dans le vide, ralentissant uniquement sa chute en glissant contre la terre effritable, atterrissant brusquement en bas.

Jessie est étendue juste à côté du cheval, les paupières closes. Elle se précipite à ses côtés, collant son oreille contre sa poitrine avant de mettre sa joue à quelques centimètres des lèvres entrouvertes de sa soeur. Son rythme cardiaque est lent, mais il semble régulier.

Légèrement rassurée, elle récupère sa lampe torche pour faire un premier diagnostic. Ses épaules s'affaissent malgré elle lorsqu'elle découvre sa jambe droite.

«- Mia, trouve moi deux bouts de bois entre trente-cinq et quarante centimètres, assez épais ! Précise-t-elle fortement, sans même songer une seconde aux éventuels cadavres pouvant rôder non loin d'elles.
- Quarante centimètres ? Répète la blonde.
- La longueur de ton tibia ! Se reprend t-elle. »

Elle passe une main sur la joue de sa jeune soeur, souhaitant de tout son être qu'elle s'en sorte. Revenant soudainement entièrement à elle aux gémissements du cheval mourrant à ses côtés et auquel elle n'avait pas fait attention jusque-là. Une larme roule le long de sa joue en posant les yeux sur l'animal. Elle tourne la lampe torche dans sa direction, découvrant deux blessures similaires à celle de Jessie sur deux de ses quatre pattes.

Elle allait être obligée de l'abattre. Et même si elle sait que c'est pour abréger ses souffrances, son coeur se déchire un peu plus à l'idée de devoir l'achever. Mais ses henissements plaintifs se font de plus en plus perçant et elle se doit de se dépêcher d'aller, avec beaucoup de difficultés, transpercer la boîte crânienne de l'animal avec sa machette.

Une dernière caresse sur son encolure couleur crème et elle ravale ses larmes en rejoignant Mia, auprès de Jessie.

«- Bordel de merde ! S'exclame la blonde en découvrant la blessure de sa soeur.
- C'est rien... C'est rien, on va juste faire une attelle, la remonter là-haut et rejoindre Alexandria.
- Riley, on pourra pas la r'monter.
- Bien-sûr que si !
- Bien-sûr que non ! Riley ! Y'a au moins dix mètres !
- Tu exagères. Doit pas en avoir plus d'cinq.
- Quelle différence ça peut faire ? On arrivera même pas à en faire deux.
- Pour l'instant, on fait l'attelle. »

Elle ne lui laisse pas l'opportunité de répliquer et découpe soigneusement la pantalon de Jessie jusqu'au genou. Mia dépose un bout de bois de chaque côté de la jambe blessée pour soutenir le tibia tant dis que la brune enroule prudemment mais solidement une bande, même trois bandes au total, tout autour, évitant consciencieusement et stipuleusement l'os qui ressort d'au moins cinq centimètres. Ce dernier s'est littéralement brisé en deux en son milieu.

«- Riley, tu te rends bien compte qu'on va pas pouvoir la remonter, reprend Mia lorsqu'elle met le dernier bout de sparadrap.
- Si, on va y arriver.
- Riley, tente-t-elle de la résonner une dernière fois, on lui ferait plus de mal qu'autre chose à essayer. »

Elle ferme quelques secondes les paupières, se retenant pour ne pas fondre en larmes. Bien-sûr qu'elle le sait. Bien-sûr qu'elle sait qu'elles n'y arriveront pas.

«- Mia, tu vas remonter, récupérer les chevaux et foncer à Alexandria chercher de l'aide ! Déclare Riley.
- Quoi ? Non, j'vais pas t'laisser.
- Mia, assure Riley en attrapant sa main, on a pas l'choix. »

«Un nouveau monde» (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant