« chapitre dix »

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C'est beaucoup trop excitant pour elle. Tout ça devient peu à peu un jeu. Il s'avance, levant le poing pour lui mettre une droite, mais avant même qu'il ne recule un peu son bras pour plus de puissance, Riley lui donne une frappe de sa main gauche au niveau de sa pomme d'Adam, suivit d'un bon coup de poing dans le nez. Il n'a même pas le temps de se plaindre, qu'elle envoit son genou dans ses parties intimes, puis fait un tour sur elle-même avant de lui coller un majestueux coup de pied en plein dans la mâchoire.

«-T'as raison, rigole-t-elle, c'est vraiment trop jouissif.»

Elle prend légèrement ses distances, pour qu'il se relève, du moins, essaye puisque à peine est-il redressé, qu'elle lui redonne un mémorable coup de pied en plein dans le ventre, digne d'un joueur de foot avec son ballon.

«-Tu vas pas te faire mettre au tapis par gonzesse quand même? Déclare-t-elle en lui assénant un autre coup de pied dans les côtes.»

Voyant qu'il ne se relève pas, son nez saignant abonde ment et son corps tressautant de douleur, elle récupère le revolver qu'il avait posé sur la table et lui tire une balle dans le crâne sans hésiter une demie seconde.

«-Couille molle, réplique t-elle en lâchant le flingue à ses côtés.»

Elle récupère son sac et son fusil, puis quitte le magasin. En ce début de matinée bien mouvementé, elle se dirige vers leur 4x4. D'une barre de fer qu'elle trouve par terre sur son chemin, elle fait sauter le cache du réservoir. Elle récupère le paquet d'allumettes dans l'une des poches de sa veste et en craque une avant de la jeter dans le conduit. Elle s'élance dans une folle course loin du véhicule, mais à peine fait-elle quelques mètres que l'explosion retentit.

Elle fut propulsée plus loin, atterrissant par chance sur du gazon. Un peu sonnée, elle se redresse pour regarder les flammes s'élever dans les airs. Quand elle reprend totalement ses esprits, elle se relève et reprend sa route. Il fallait maintenant qu'elle trouve une voiture, la sienne ne lui permettra même pas de faire un kilomètre.

Elle emprunte les petites ruelles, cette ville est relativement déserte, il n'y a que quelques rôdeurs dans les rues, alors qu'elle pensait qu'il y aurait d'énormes attroupements. Elle remarque un garage à une vingtaine de mètres sur sa gauche et s'y dirige en trottinant. La grande porte est ouverte, elle siffle pour attirer l'attention des possibles squatteurs, puis y entre quand rien ne vient. Elle test les cinq voitures les unes après les autres, les clés étant pour chacune d'elle, rangée dans la boîte à gants.

Les quatre premières n'ayant pas voulu démarrer, Riley se retrouve à prier pour que la dernière soit la bonne. Elle pose ses fesses sur le siège conducteur, l'index et le majeur de sa main gauche croisés alors qu'elle met le contact de sa droite. Et par elle ne sait quel miracle, la voiture démarre.

«-Et bah oui comme par hasard! Pourquoi faut que ce soit la dernière? Si j'avais commencé par celle-là, c'est l'autre là-bas qui aurait démarré?? S'exclame t-elle, en fermant la porte, et en mettant son sac au pied du siège passager et son fusil dessus, foutage de gueule. »

Elle ne peut retenir un petit sourire. Elle était en train devenir cinglée, c'est une réalité. Mais cela ne la dérange pas pour autant. Bien au contraire. Tout devient plus facile, peut-être même trop facile. Elle dépasse les autres véhicules et fonce à l'extérieur.

L'une de leur base est à une vingtaine de kilomètres plein sud. Elle n'a pas l'intention de tous les tuer, juste des les observer. Plus on en sait sur son ennemi, et plus il sera facile de le vaincre. Elle décide cependant de s'arrêter à la dernière ville avant, histoire de patienter sagement que la nuit ne tombe.

Elle se gare à la sortie de la ville cette fois-ci, puis se rend dans l'une des dernières maisons. Elle s'enferme dans l'une des chambres à l'étage, puis s'assoit sur une chaise, regardant par la fenêtre ouverte. Elle prend un paquet de chips dans son sac, et le dévore en regardant un rôdeur tituber à l'extérieur. Même si il est extrêmement lent, c'est divertissant. Voir à quel point il est dénoué d'humanité, de vie, devient amusant. Ils errent sans le moindre but, à l'exception de manger de la chair fraîche. À contrario de devenir amusant, ça en devient également lassant. Ce même paysage partout où que l'on aille devient emmerdant. Mais rien n'y changera, alors il ne reste plus qu'à s'y habituer et à faire avec. Dans tous les cas, les solutions sont minces, à vrai dire, il n'y en a même aucune, juste celle d'attendre que le temps passe, essayer de survivre ou mourir. Elle en vient à regretter ses nombreuses journées à ne rien faire. Juste s'étaler sur le canapé et regarder la télé.

La nuit tombe enfin, elle décide de reprendre la route, ne voulant pas être dans le noir complet avant d'être bien installée. Elle arrête son véhicule dans un chemin de terre, elle le camoufle de quelques branches, et s'enfonce dans la forêt vers l'un de leurs camps secondaires. Quand elle arrive à ses abords, elle se cache derrière un imposant chêne, s'asseyant entre ses racines. Elle prend la couverture dans son sac et s'enroule à l'intérieur.

Elle est parfaitement camouflée par d'énormes buissons, de sa place, elle voit tout les allers et venues des hommes. Ces bouffons ne doivent même pas savoir pour leurs amis. Trop occupés à se mettrent en avant, à tordre du cul pour être bien vu par Monsieur. Leur fonctionnement est à chier, elle s'en rend compte en comparant avec le leur. Chez eux aussi, il y a un leader, mais jamais celui-ci ne se prendra pour un roi, ou exhibrait sa soit disant supériorité. Negan ne méritait rien, pas le moindre respect, pas la moindre hésitation à le tuer. Il ne méritait même pas d'être encore en vie, malgré ce monde. Elle est quasiment sûr qu'avant, c'était le petit gars qui se faisait emmerder par ses camarades. Qu'il n'avait jamais rien géré ni même accompli, qu'il a toujours été dans l'ombre, qu'il n'a jamais ouvert sa gueule. Non pas qu'elle cautionne ce genre de comportement chez les gosses, mais en voyant ce qu'il était devenu, elle se dit, si elle a raison sur ce point, que ces mômes auraient dû y aller un peu plus fort.

C'est ce monde qui lui a sûrement permis de devenir ce qu'il est. Elle pense que c'est ce qu'il a vécu avant qui l'a rendu comme ça. Il prend en quelques sortes sa revanche sur le monde entier. Quitte à tuer des innocents au passage, quitte à rendre les gens quasiment esclavent de ses moindres désirs, il n'y a que sa petite personne compte. Si lui n'est pas touché, blessé, alors tout va bien, les autres, il s'en contre fout. Ça n'a pas d'importance.

Aux alentours de 03:30, il y a du mouvement dans l'entrée du camp. Les hommes paraissent anxieux, et le peu de femmes à dû rester à l'intérieur, sûrement pour plus de sécurité. Et si ils avaient trouvé sa bagnole?

«-Negan est sûr que c'est elle! Trouvez la! Entend-t-elle un homme hurler à la mort, et bien sûr, en vie!
-Et merde putain, grogne t-elle entre ses dents.»

Elle remballe en quelques secondes son plaid dans son sac, fourre l'une des boîtes de munitions qu'elle a trouvé à l'armurerie dans l'une de ses poches, cale son fusil en bandoulière grâce à la large bretelle, puis part en courant pour sortir de cette forêt. Elle est d'abord partie du côté inverse de son arrivée, puis après une brève réflexion, elle décide tout de même d'essayer de récupérer sa bagnole. Elle traverse la forêt de tout son long, sa machette en main pour décapiter chaque rôdeur sur sa route. Ils paraissent plus nombreux ici qu'en ville.

Elle ne peut courir aussi vite qu'elle le voudrait, le peu de clarté qu'elle a grâce à la lune est beaucoup trop faible et lui permet de ne voir qu'à quelques mètres devant elle. Mais alors qu'elle lève sa machette pour fendre le crâne d'un rôdeur au passage, celle-ci l'effleure juste avant qu'elle ne se retrouve plaquer au sol brutalement. Quelqu'un l'a vu et il ee5 dorénavant à califourchon sur elle, calant ses deux mains derrière son dos, en-dessous de son sac à dos, pour qu'elle ne bouge plus.

«Un nouveau monde» (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant