Chapitre 16 : Sourire

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Ce jour-là, quand je me suis enfui, je pensais m'être débarrassé de mes démons, alors comment aurais-je pu savoir que tu m'attendais déjà à l'arrivée ?

Fallon - 15 ans :

- Papa, je n'en ai pas envie. Dis-je fatigué.

Il m'entraîne par le bras au fond d'un couloir. Il est déterminé, je n'aime pas ça.

Le même schéma depuis plusieurs semaines s'est produit ce matin. Je me suis réveillé puis assise à la table du petit déjeuner, il m'a lancé une fourchette et je n'ai pas réussi à l'intercepter avant qu'elle atteigne mon visage.

Quelle honte de si bon matin !

Il m'a regardé de haut en bas puis m'a posé les mêmes questions.

- Il a continué ?

Il était 8h du matin, vous a-t-on déjà posé des questions ou encore lancer des objets blessants à cette heure-ci ? Moi, j'en prenais à peine l'habitude. Alors comme chaque matin, j'ai marmonné quelque chose d'incompréhensible et j'ai pris une bouchée de pancake.

- Fallon, a-t-il continué ?!

Je ne sais toujours pas comment il a su ce qu'il se passait au collège mais il le sait et je ne peux rien y changer. Un parent normal aurait, je pense, réagis autrement. Non ? Ce n'est pas comme si j'avais un moyen de comparaison. En tout cas, je pense qu'un parent " normal " serait intervenu. Il se serait inquiété pour son enfant puis il serait parti en discuter avec un supérieur pouvant les punir ou encore se diriger à la source du problème. Mais je sais très bien que mon père n'est pas comme les autres.

« La vie est loin d'être facile, personne ne t'aidera à l'avenir alors pourquoi je t'y habituerai ? »

Aidez ta fille, voilà ce que tu ferais. Lui permettre de se sentir bien dans sa peau et socialement. Tu as tellement passé de temps à me rabâcher de ne faire confiance qu'en moi-même, que la vie à décider de m'envoyer des exemples. J'espère que ça ne durera pas. Je veux pouvoir faire confiance en quelqu'un sans me faire humilier ou pire.

- Oui.

Il se redresse et attend que je continue.

- Alors ? Qu'as, tu fais ?

Je baisse les yeux sur mon assiette et m'affaisse.

- Rien que je ne puisse faire de plus que d'habitude.

Il secoue la tête, déçue de mon comportement.

- Tellement décevante, tellement décevante, tu es une véritable honte pour la famille Fallon.

« Fallon » et non « ma fille »

- Il faut encore y remédier. Et je vais encore devoir t'aider. Tu sais qu'il n'y a pas que toi Fallon ?

Il soupire fatigué de mon comportement et se lève en se plaçant devant moi.

Je ne sais même pas si le fait qu'il m'aide et pire que s'il ne fera rien.

- Lève-toi, on y va. Maintenant.

Voilà comment je me retrouve à le suivre en arpentant les couloirs. Car c'est l'heure de mon entraînement, ma correction, ma rééducation... Choisissez le mot qui va le mieux, au fond ce sont tous des synonymes pour lui.

Il me jette à terre et prononce calmement  :

- Relève-toi.

Je m'appuie sur mes bras, lourd de fatigue quand il me fait retomber au sol en les enlevant de son pied.

Deux Âmes Solitaires : En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant