Chapitre 43 : Jeu

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L'art de la manipulation est un jeu et je l'ai remporté avec brio.

Eden :

C'est une Down...

Je me répète cette même phrase en boucle dans ma tête alors que je ne la quitte pas des yeux.

Le pire est que je le savais, tout était trop parfait, je ne pouvais pas y croire. Les doutes s'étaient immiscés dans mes pensées et lorsque la confirmation que j'attendais est arrivée, j'ai préféré faire le mort.

La naïveté me perdra.

C'étaient plus fort que moi, le besoin de la raisonner me tiraillait.

Down.

Ce nom provoque un goût amer sur le bout de ma langue. Mes oreilles ne l'avaient plus entendue depuis longtemps.

Les souvenirs se chevauchent dans mon esprit, l'image de cette adolescente aux vêtements souillés me revient. Nous avons tous les deux perdu une partie de nous ce jour-là. Ma famille a détruit la sienne d'un coup de fusil, sans aucune pitié.

Ce regard, j'étais sûr de ne jamais pouvoir l'oublier.

Après avoir tué ses parents, j'ai décidé de la laisser en vie. Peter n'était pas de cet avis, mais je ne pouvais pas regarder un autre corps s'effondrer sur le sol et sentir l'horreur que j'ai commise tacher mon jean.

Je me suis forcé à tirer sur cet homme pour sauver une mère et sa fille. Dans les yeux de cette adolescente, je me voyais deux ans plus tôt à la mort de mon père. Mon geste ressemblait à mon oncle et ça m'a donné la gerbe.

Je l'ai fait et il ne s'est pas gêné pour abattre cette femme par la suite.

Est-ce de ma faute, si elle se trouve devant moi, à présent, pour se venger ?

Si je m'étais tu, elle serait morte à l'heure qui l'est.

Fallon Down...

Tout était sous mes yeux.

Son dossier vide.

Sa soudaine apparition.

Le lien qu'elle possède avec mes problèmes.

Elle n'a jamais aimé parler de son passé. Il le tourmente de jour en jour, jusqu'à la faire trembler devant une arme.

Et c'est de ma faute.

Mon regard se porte sur elle, la femme devant moi ne ressemble plus à la Fallon que je connais. Tout a changé au moment où ils sont entrés. Sa posture est droite, son regard ressemble à deux revolvers et sa main maintient son arme contre sa hanche.

Fallon...

Ses paupières se ferment un court instant. Elle refuse de laisser ses larmes couler devant moi.

- Je t'ai demandé de t'enfuir, Eden, je t'avais prévenu...

Je suis tombé amoureux d'elle en plusieurs mois. Les sentiments m'envahissent de jour en jour, mais mon cœur les niait par manque de confiance.

Il a échoué.

Je suis tombé pour une traîtresse, mais les sentiments ne disparaissent pas en un coup de vent.

- Et moi, je t'ai dit que je ne partirai pas sans toi.

Le bruit des balles frappant contre les murs résonne dans l'immeuble. Ils sont sûrement une centaine ou plus.

- Tu n'as donc rien compris ? Murmure-t-elle en avançant dans ma direction.

Je me lève avec un sourire crispé sur les lèvres.

Deux Âmes Solitaires : En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant