Chapitre 49 : Mots en peinture

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Ce que je n'ai jamais su dire avec des mots a fini par être dessiné. Parfois les lettres ne suffisent plus.

Eden : 

Ils passent à autre chose.

En seulement deux jours, mes amies ont retrouvé leur humeur habituelle. Le sourire aux lèvres du matin au soir, j'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose. Comme si un évènement s'était produit sans ma présence. Le plus impressionnant est le comportement de Don, il est collé à son téléphone en riant à tout-va.

Je ne les comprends pas.

Comment peuvent-ils s'en remettre aussi facilement ? Mes émotions sont toujours aussi intenses, la douleur fend ma poitrine et ne s'arrête pas. Comment peuvent-ils vivre avec ça ?

Assis devant mon ordinateur, mes doigts restent en suspens au-dessus du clavier. J'attends que les mots me viennent, mais ils se bloquent dans un coin de ma tête. Quelque chose les retient contre mon gré et je sais ce que sait.

Libéré de mon poste, je peux enfin réaliser un de mes projets. Écrire un roman a toujours été un rêve inaccessible, quelque chose qui était hors de ma portée. Désormais, j'ai tout le temps de m'y consacré. Quand j'y pensais, les idées regorgeait dans chaque lieu, que ce soit en mission ou dans mon appartement, je savais ce que je pouvais écrire si j'en avais la chance. Seulement celles-ci ont disparu, elles ont quitté de ma tête pour y loger d'autre pensée.

Elle.

Après ma conversation avec Logan et Ellie, je me remémore chaque instant passé à ses côtés. Son regard lorsque je m'approchais d'elle, sa main dans la mienne et son rire dans mes oreilles, seulement des souvenirs de sa comédie. Je ne sais pas si ces moments me ramènent uniquement à elle ou me permettent de chercher la vérité. Pour que je réponde à cette ultime question qui résiste à mon envie de l'oublier.

Une petite voix me souffle de la rejoindre pour lui demander.

Et plus elle prend de l'ampleur, plus l'idée germe sérieusement dans mon esprit.

Elle n'est peut-être pas ce que tu croyais.

Peut-être. Mais elle n'a pas pu faire semblant à ce point .

Et mes inquiétudes faiblissent davantage en admirant une nouvelle fois le colis qui trône devant moi.

La raison de mon incapacité à écrire se justifie par deux choses.

La première est mon humeur encore maussade et terni de culpabilité.

La seconde vient du cadeau envoyé par une inconnue, que j'ai ouvert une heure après sa réception.

Je peine à rester derrière mon bureau sans jeter un coup d'œil à son envoi.

Il m'est assez facile de deviner l'autrice de ce cadeau, le message de celui-ci par contre m'est difficile à déchiffrer.

Une vase en terre cuite d'une couleur rosâtre est accompagné d'une bombe de peinture dans le fond de la boite. Le pot me rappelle vaguement celui dans notre chambre d'hôtel. Ce jour où j'ai réussi à la faire parler sur son passé.

- Tu sais que je peux toujours te mentir, tu ne le sauras jamais.

Je souris légèrement en y repensant. On s'était disputé en criant nos dures vérités sur l'autre. À cette époque, notre relation était au bord de la pente, penchant entre haine et désire.

Attends une seconde...

Je me lève en direction du carton. Si elle veut me rappeler cet instant, il doit forcément y avoir...

Deux Âmes Solitaires : En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant