Deux Âmes Solitaires : En Réécriture

Chapitre 41 : Sacrifice

Inoubliable,c'est ce qu'elle est, de la meilleure comme de la pire des façons.

Eden - 16 ans :

Aujourd'hui devait être une journée normale. Une journée où je ne serai pas obligé de suivre des ordres. Je mettais fait un programme simple avec des activités légales. J'allais retrouver mes deux meilleurs amis et ma cousine ce matin, nous avions prévu de sortir au cinéma ou à la plage. C'est une habitude avec eux, nous sortons pour n'importe quelle raison. Je cherche toujours une excuse pour me barrer d'ici, loin de lui.

Aucun n'a pris un choix dans son avenir, nous ne pouvons pas nous le permettre, c'est une évidence. Alors eux comme moi, fuyons.

Rien ne se passera comme prévu.

Putain pourquoi je suis là encore...

Addie :

Où es-tu ? On te cherche partout mec.

Évidemment, il ne m'a pas laissé prévenir les autres, les messages incessants de mes amis défilent sur l'écran de mon téléphone ressortant de sa poche. Ils vont savoir par leurs parents que je pourrai finalement pas venir pour un quelconque motif. J'ai appris qu'ils ne leur disent jamais la dure vérité sur ma "formation". Je suis celui qui doit endurer le plus pour faire les pires horreurs à l'avenir.

Ce qui m'importe le plus est que j'ai eu seize ans depuis peu, je comptais sortir avec eux pour les fêter par la même occasion, mais cet égoïste n'en a rien à faire de mon avis.

J'ai tellement hâte de me barrer d'ici. La fin du lycée sera une grande liberté, j'accueillerai l'université les bras ouverts et je vais bien sûr prendre la plus loin possible. Enfin, ça, c'est ce que je me répète quand j'oublie mes futures fonctions, je sais que je suis enfermé ici. Les études ne sont pas faites pour moi, mon rôle au sein de ce gang deviendra crucial à mes dix-huit ans.

L'enfer arrivera.

J'ai lu quelque part une phrase qui m'a marqué depuis.

Si vous traversez l'enfer, continuez d'avancer.

Et, si je me perdais dans ce monde ? J'ai peur de devenir comme lui en grandissant, me voir lui ressembler physiquement me donne déjà l'envie de vomir. Seul mon regard rappelle mes racines, ma vraie nature.

Moi.

La voiture quitte soudainement la ville, le panneau m'indique, nous nous dirigeons vers la frontière, on quitte le pays.

J'ai peur d'où il m'emmène.

Il m'a fallu traverser plusieurs étapes pour entrer dans le gang, avoir leur mentalité. J'ai dû être assez astucieux pour ne pas me prendre de réprimande. Si je devais l'expliquer plus précisément, ça ressemblerait au bizutage d'une nouvelle recrue dans une équipe. Sauf que celle-ci est plus "hard". Elle est à leur image.

Quelle équipe même...

La seule chose appréciable dans ces moments a été le tatouage. Avoir le blason du gang ne m'a pas fait plaisir, c'est certain, mais j'ai pu en choisir d'autre. Couvrir ma peau de mes peurs ou traumatismes me libère, c'est comme ci l'aiguille représentait la fin de l'étape, de l'horreur. Elle marque sur ma peau la douleur vécue. C'est presque un accomplissement.

- Regarde-moi en face, si tu as un problème, mauviette, il me regarde avec dégout, tu as intérêt à faire ce que je dis quand on sera là-bas. Compris ? Tu fais déjà assez honte à la famille putain.

J'acquiesce en silence, comme toujours. Ses mots ont arrêté de me toucher après ses nombreuses insultes. Sans le savoir, il a réussi son coup, je suis maintenant insensible au reproche.