Chapitre 45 : Pieger

323 12 1
                                    




Elle n'était pas un monstre, on lui avait juste appris à l'être en grandissant.

Fallon – 16 ans :

Ils parlent du drame comme si je n'étais pas là.

Ils se remémorent cette même soirée encore et encore. Ils essayent de décrire dans les moindres détails la scène en me posant des questions plus dérangeant que les précédentes. Jusqu'où le sang a-t-il coulé ? À quoi ressemblaient les assassins ? Combien de fois les avaient-ils frappés avant de les tuer ?

À cause d'eux, je ne peux pas quitter ce salon sanglant, j'ai l'impression d'être enfermé là-bas.
Seulement trois jours sont passés depuis le drame. Trois jours de deuil et de rumeur à tout-va. On m'habille de noir chaque matin, pour rappeler aux autres que le réseau est éteint temporairement.

La fille héritière deviendra cheffe à la fin de son deuil.

Cheffe.

Ils n'ont que ce mot à la bouche.

Ils font semblant de s'inquiéter pour moi devant les autres, de me laisser du temps, mais je n'ai même pas un moment pour pleurer leur mort depuis cette journée-là.

Je ne suis qu'un pion qui attendait d'intégrer l'échiquier. Un rôle me colle sans que je le veuille.

- Pourquoi ne prend-elle pas sa place immédiatement ? S'exclame un des hommes.

Apparemment, j'ai été entraîné afin de prendre mon poste en cas de problème. Ces coups bas et traumatismes avaient un but depuis le début. Le problème est finalement arrivé, mais en voilà un autre, ma formation n'était pas terminée. Je ne suis pas prête pour prendre ma place.

En vérité, il me restait seulement deux étapes. Celle-ci sont cruciales pour une future dirigeante dans un gang.

La première est semblable à chacun des héritiers, l'homme qui a abattu mon père en fait partie. Il faut tuer un chef de gang. Tuer pour obtenir le respect des siens, c'est ainsi que ça fonctionne.
Quand on le devient par la suite, l'autorité arrive avec la crainte de subir ce sort à notre tour. Elle nous rend plus méfiant et hargneux.

Ensuite, vient une étape qui est tenue secrète jusqu'au moment exact. Un passage obligatoire qui est censé nous surpasser.

Ma mission, je l'ai appris il y a cinq minutes. Ils m'ont assez oublié pour lâcher ce genre d'information en ma présence, on dirait.

Je dois me révolter, me défendre devant mes plus gros ennemis. Celui qui tient mes faiblesses dans le creux de sa main.

Elliot.

Le pire est qu'il se tient devant moi dans cette maudite salle de réunion. Face à moi, derrière la grande table prenant presque la totalité de la pièce, il m'étudie sans vergogne, le sourire aux lèvres en écoutant leur conversation.

Ce concours de circonstances ne m'a pas laissé le temps d'apprendre l'état de Cad. Je me retrouve donc avec celui qui a voulu me noyer alors que lui, fait face à celle qui a enfoncé sa lame dans le torse de son ami.

Je ne sais plus pour quoi pleurer à ce niveau-là.

La situation n'aurait pas pu être pire.

Les hommes, traînant auparavant devant le comptoir de la cuisine avec mon père, parlent maintenant de mon avenir dans un gang. Ils m'ont toujours intimidé, un simple regard de leur part me filait la frousse. Surtout quand du sang coulait de leurs lèvres après avoir été remis en place par mon géniteur.

Deux Âmes Solitaires : En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant