Chapitre 1

38 2 0
                                    


Fin juin 1944,
Paris, France

— L'armée américaine repousse les boches en ce moment même. Moi et Vivienne avions entendu l'écho du débarquement sur les plages de Normandie. Ils arriveront à Paris d'ici à quelques semaines, s'ils parviennent à repousser les derniers Fritz encore sur les routes. Ils passeront sûrement par Marigny. Constate Bernard en montrant un plan sur une table, dans un vieux grenier au centre de Paris.

Aliénor, elle, fixait le sol boisé du grenier qui servait de QG aux résistants français. La Résistance était une organisation visée à repousser les Allemands de la France. Paris était tombé sous les mains des nazis il y a près de quatre ans, et durant ces quatre années, la Résistance avait été plus qu'active. Banquet, attentats, sabotages, pleins de petites actions visant à affaiblir l'ennemi avaient été employés. Et comme des sauveurs, les Américains arrivaient pour les aider. Ironique.

— Ali, tu nous écoutes ? Demande Vivi en claquant des doigts devant le visage de la brune, encore à l'ouest.

La jeune femme brune releva le menton, fixant son amie. Vivi attendait qu'elle réplique, s'interrogeant sur ce qu'elle pensait pour ne pas être concentrée.

— Oui, je vous écoute. Affirme-t-elle.

Bernard continua donc, ignorant le fait qu'elle avait menti.

— Ce soir, tu liras ce chapitre, page 15. N'oublie pas que nous sommes probablement écoutés par un boche ou autre espion, donc reste discrète lorsque tu établiras la fréquence. Il nous restera plus qu'attendre l'arrivée des Américains, ils avancent jusqu'au Rhin, et s'ils y parviennent, la guerre sera close d'ici peu de temps.

— Ne parle pas trop vite, Bernard. Ricane Aliénor en se redressant de sa chaise. Ne vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. La guerre est loin d'être finie, même si les forces de De Gaulle arrivent vers Paris. Il reste l'Europe à libérer.

— Certes, tu as raison. Mais laisse-moi la joie de me dire que tout ça va bientôt se finir... Déclare-t-il en fixant la jeune femme s'approcher de la carte.

Jeune résistante de 21 ans, Aliénor avait pour but d'aider les soldats à repousser leur ennemi commun. Le Führer Hitler. Dirigeant de l'empire allemand. Espionne et résistante secrète, elle milite contre la tyrannie du régime nazi en France depuis 1940.

Après la réunion qu'elle avait eue avec Bernard, le chef du réseau parisien présent dans le bâtiment, et Vivi, son amie, elle descendit les escaliers pour passer derrière le passage secret qui camouflait le QG. Une simple armoire arrangé par un autre résistant du réseau. Elle sortit de cette dernière et dépoussiéra son uniforme d'attachée militaire nazi. Un uniforme aux couleurs bleus et gris, décoré d'un aigle et d'autre reconnaissances nazis. Aliénor descendit l'annexe jusqu'au rez-de-chaussée, la ou les autres employés travaillaient. Un bâtiment officiellement déclaré comme bureau. Officieusement, c'était une autre histoire... Vivi rejoignit la brune peu de temps après, elle regarda la jeune femme réajuster son costume et dit légèrement inquiète.

— Tu feras attention là-bas...

Aliénor sourit et dit d'un air se voulant rassurant.

— Ne t'en fais pas, tout va bien se passer. Et puis tu le sais, j'ai l'habitude.

Aliénor avait la faculté de parler la langue des Allemands, une langue qu'elle jugeait bien trop belle pour être parlé par des nazis. Une fois sa discussion avec Vivi finie, elle longea le grand couloir et croisa quelques femmes de sa miniescouade, les saluant d'un bref hochement de tête avant de se diriger vers la sortie. Une miniescouade certes clandestine, mais efficace. En bas de la bâtisse, la nuit rayonnait sous de grosses lampes, éclairant la croix gammée aujourd'hui tristement connue. Les Allemands avaient sali Paris, en bombardant les nombreux immeubles haussmanniens, réduisant à néant la beauté parisienne qu'avait bâtie Napoléon III il y a de ça un peu moins de cent ans. Sans prêter attention aux personnes qui l'entouraient, elle ne vit pas le groupe de SS d'approcher d'elle rapidement. Lorsqu'elle les aperçut, il était trop tard. L'un fit un sourire dragueur et dit en allemand.

L'homme qui a fait pleurer la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant