Chapitre 27

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"4 novembre 1944,

Breskens, Pays-Bas

Coline est morte dans la nuit. Les infirmiers présents dans la poche de Breskens n'ont pas réussi à la sauver. Aliénor est mal, et moi aussi. Depuis le début de cette traversée vers l'Allemagne, elle avait été là. Je ne lui avais sûrement pas donné l'attention que j'aurais sûrement dû lui donner. Je regrette maintenant. Elle semblait être une très bonne amie et confidente selon Aliénor. Elle n'a pas prononcé un mot. Son visage est vide. Elle ne paraît pas triste, juste vidé d'émotion. Je déteste voir ce visage. Coline m'a donné un petit paquet fait de simples lettres, et une chose également qui me semblait être un bijou lorsque j'ai pris le colis. Sa bonne humeur manque, à moi, comme à Ali, et surtout quelqu'un que je n'aurais jamais cru possible. Will. Et moi qui pensais que cet idiot n'avait que d'yeux pour Vivienne. Je me trompais. Durant ces mois, il paraît être tombé amoureux d'elle.

Même si amoureux est un mot hyperbolique dans cette situation. J'aimerais plutôt dire, inconditionnellement fou d'elle.

Ben"

Les yeux rivés vers le vide, Aliénor fixait ce point imaginaire qu'elle se donnait dans l'horizon. Fixer le vide ne lui rendra pas Coline. Ben était à sa droite. La journée du 4 novembre se finissait petit à petit, et les étapes de la bataille de l'Escaut s'accéléraient de plus en plus.

— Ali ? La jeune femme l'ignora, perdue.

— Aliénor ? Cette fois-ci, elle pivota du regard, adressant pour une fois ses yeux rouges vers Ben. Le garçon fut surpris, la voir pleurer était rare. Il détestait ça désormais.

— Je... sais que pour toi l'avoir perdu est horrible. Mais il va falloir songer à penser à l'avenir maintenant.

— Comment tu peux dire ça ? J'ai l'impression d'avoir perdu la dernière personne de ce qu'il me restait avant la guerre...

— Ne dit pas ça. On est là, nous, certes nous n'étions pas ton passé. Mais maintenant, c'est sur le futur qu'il faut se concentrer.

La jeune femme emprisonna sa tête dans ses mains, jurant.

— Je suis stupide. Comment j'ai pu penser que j'y arriverais moi ? C'est ma faute.

Ben fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'elle racontait.

— C'est ma faute Ben. Si je n'avais pas forcé pour vous accompagner, Coline serait à Paris... avec moi. Qu'est-ce que j'ai fait ?

Ben s'approcha, tentant de la calmer dans ses maux. — Calme-toi Ali. Ce n'est pas ta faute.

— Si ! J'ai voulu y aller pour toi ! Pour être avec toi ! J'ai été égoïste et maintenant, on m'a enlevé mon amie ! S'exclame-t-elle.

Le blond ne sût que dire. La pitié était trop grande. Perdre quelqu'un de cher, il l'avait vécu. Enfin... cher dans le sens camarade. Sa réaction serait probablement différente si c'était Aliénor décédait. Il pensa à cette éventualité, et la chassa rapidement. Hors de question de penser à ça. Il s'accroupit à côté d'elle, tentant de la calmer.

— Aliénor. Elle est morte et tu ne peux rien y faire. C'est dur de dire ça, mais c'est la guerre. On ne peut pas les pleurer trop longtemps. Le corps de Coline sera rapatrié rapidement, et tu verras, elle recevra ce qu'elle mérite. À présent viens. On est en train de percer l'Escaut là ! L'un des grands passages pour notre flotte alliée donc désormais, tu arrêtes de te blâmer. Tu vaux mieux que ça.

La jeune femme releva ses yeux, comprenant que Ben n'allait plus la réconforter. Il n'était pas là pour ça après tout.

— Tu... as raison.

L'homme qui a fait pleurer la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant