Chapitre 19

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— Fais gaffe à toi. Ordonne Aliénor alors que Stiles à sa droite, s'empressait de charger le char.

Ben regarda son ami à lunette et décréta.

— Je... devrais sûrement y aller. Fais attention à Will. Qu'il ne fasse pas n'importe quoi.

Elle acquiesce un sourire discret sur le coin de ses lèvres. Il prit quelques secondes avant de prendre son courage à deux mains, et déposer ses lèvres sur ce rictus. Elle cessa de sourire, serrant ses doigts dans les siens abîmés. Les sourcils froncés, elle rendit timidement le baiser qu'il lui offrait, avant de reculer doucement, et de le regarder s'éloigner vers le char. Elle crie.

— Reviens-moi au moins demain idiot !

— Je te le promets Moon. Déclare-t-il avec un signe de la main, et le sourire jusqu'aux oreilles.

Voilà le portrait tristement connu. Une femme disant au revoir un homme en pleine guerre.

...

La nuit était tombée depuis déjà bien quelques heures. Aliénor tenait fermement son livre dans sa main, changeant de position pour pouvoir le lire confortablement dans son lit. Elle n'avait que ça a faire, tandis que les autres se faisaient surement tuer. Ses paupières ne tardaient pas à se fermer. Avant, elle mit un marque page, qui constituait un morceau de papier déchiré qu'elle avait trouvé sur son bureau. Elle posa son livre, et souffla sur la bougie qui éclairait la pièce. C'est avec un sourire crispé qu'elle ferma les yeux. Instinctivement, elle toucha le coin que le garçon avait embrassé, peu de temps dans la journée. Tentant au mieux de se rappeler cette sensation pour trouver le sommeil, elle s'endormit avec le rêve dans sa tête. Le rêve qu'une fois la guerre terminée, elle et Ben pourraient peut-être vivre une vie normale ? Le matin fut une source de stress. La nouvelle des petites victoires Parisiennes et des forces américaines réjouissait Aliénor, mais l'accablait également. La possible mort des soldats la rendait nerveuse. Elle choisit de passer outre ses détails là et dévale les escaliers, quittant sa chambre pour aller dans la salle où les soldats se reposaient, ainsi que les juifs et résistants cachés. Elle chercha du regard le blond, et le trouvât aux côtés d'un Will éveillé.

— Alors mec raconte ?!

— Je n'ai pas dormi de la nuit, Hoffmann laisse-moi. Gémis le blond en avalant sa tasse de café. Aliénor arriva le sourire aux lèvres.

— Tu n'es pas mort. Le travail n'est pas fini, tu sais... — Je sais... ce soir, on détruit une caserne.

Will se plaint. Il dit d'une façon dramatique en se laissant tomber sur le dossier de sa chaise.

— Ça va me manquer ici ! C'était mieux qu'une chambre au Ritz ! Ça fait je ne sais combien de mois que je n'ai pas dormi aussi bien.

Aliénor, pour une fois, ria à sa plainte. Will releva ce détail.

— D'habitude, vous ne rigolez jamais lorsque je fais une plaisanterie et là lorsque je suis sérieux, vous ricanez !? Dit-il méfiant, plissant les yeux.

Ben dessinait dans ce petit carnet, ignorant ce que baragouine Will, tandis que ce dernier demanda en regardant Aliénor se servir un café à son tour.

— Tu l'as depuis quand ?

— Depuis Le débarquement. Je l'ai acheté en Angleterre peu avant notre grand départ. Le brun bu une gorgée de son café et dit.

— Tu en avais un autre à Kasserine ?

— Oui, mais je l'ai défoncé. Ne me demande pas comment... Will rit, et se plaint une nouvelle fois sur son café.

L'homme qui a fait pleurer la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant