La nuit était tombée. En ce 23 août, Aliénor s'était allongée dans son lit. Elle regardait le plafond avec impatience.
"Viendra-t-il après avoir lu ma lettre ?"
"Surement pas."
Mais à peine cette phrase fut prononcée dans son esprit, que la porte s'ouvrit sans même toquer. La jeune femme sursauta puis se détendue en voyant son interlocuteur. Ben la regardait avec surprise, d'un regard se voulant neutre. Mais ses yeux se scotchèrent sur une chose dans les mains manucurées de la brune. Son carnet. Elle se redressa, Ben avait troqué son expression neutre pour une expression plus surprise. Il ferma la porte, ravalant sa salive, s'attendant au pire.
Le visage d'Aliénor se crispa. Il venait de se tordre dans une grimace de douleur. Elle sentit de l'eau humidifier sa muqueuse.
— Comment... tu as pu ? Ben sourit, faisant l'innocent. Il secoua la tête, en demandant de manière totalement inconsciente.
— De quoi tu pars Ali ? Tu l'as lu ? Demande-t-il inquiet.
Elle pressa le carnet contre elle, hochant la tête. Ce fut au tour de Ben de ravaler sa surprise. Il redressa sa posture, et reprit son air neutre qu'il chérissait tant. Un sourcil haussé avec dédain, il demande :
— Alors, je te retourne la question Aliénor. Comment tu as pu ?
— Je ne voulais pas le lire. Une autre personne m'a conseillé de le faire. Je ne pensais pas que tu m'exécrais autant.
— Je te l'avais pourtant dit il y a...
— Mais je pensais que tu mentais ! Hurle-t-elle en jetant le carnet au sol.
L'objet s'ouvrit, restant sur la page qu'elle avait lu énormément de fois. Pour la première fois devant lui, elle laissa les larmes salées dévaler ses joues rosies par la honte. Elle dit d'une manière sarcastique.
— « Je l'aime, je l'aime, je l'aime, je l'aime, je l'aime... » Elle continuait de répéter cette phrase sans arrêt. Ben s'approcha d'elle. Il tenta de poser ses mains sur ses épaules pour la maintenir, mais Aliénor le gifla, un mot sortant de sa bouche par la même occasion.
— Menteur ! Je te déteste !
Ben n'avait pas bougé, son visage regardait à sa droite. Sa joue lui brûlait méchamment, et au fond de lui, il se disait qu'il méritait bien cette gifle. Une main s'ajouta sur sa joue, massant l'endroit. Elle en avait de la poigne... La jeune femme regretta son geste, les mains couvrant sa bouche. Elle regarda le garçon, et la gifle qu'il venait de se prendre l'avait lui-même surpris.
— Ali...
— Tais-toi. Ne parle pas. Coupe Aliénor en reculant.
— Écoute. J'avoue au départ, c'était malsain. Je... ne pensais jamais t'apprécier et avoir une distraction autre que la guerre m'avait plu. Enfin l'idée m'avait plu, je l'avoue. Tente-t-il d'expliquer.
Aliénor troqua sa tête déçue par un visage rempli de dégoût. Un amer sentiment jaillit à l'intérieur de son être.
— Ça t'a plu alors ? Ça t'a fait du bien de me faire croire que tu étais gentil ? J'avoue avoir été stupide. Ça ne fait pas si longtemps qu'on se connait et j'ai cru pouvoir voir autre chose qu'un garçon coureur de jupons. Je pensais que tu m'appréciais un minimum et que malgré ce que je t'avais fait ou dit tu...
Ben secoua la tête. Il jura.
— Aliénor, je te jure que...
— Je ne veux plus rien entendre. Pars...
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L'homme qui a fait pleurer la Lune
RomanceEn 1944, alors que la France vit ses dernières heures sous l'occupation nazie, Aliénor Denis mène une double vie. Sous le nom de code Luna, elle fait partie de la Résistance active, œuvrant en secret pour libérer Paris des forces allemandes. Courage...