Chapitre 37

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« 23 février 1945,

Frontière Allemande

Un mois était passé, et toujours rien. On attend comme des idiots l'arrivée des Soviétiques. J'en ai marre de rien faire, alors que des civils allemands se font massacrer dans les villes. La hiérarchie américaine pense que c'est la meilleure chose à faire. Faire peur. Je ne pense pas que ce soit la solution. Il y a vingt jours, Berlin a commencé à être bombardé. Il y a dix jours, Dresde. Je commence à me demander si ce n'est pas nous, les véritables méchants dans l'histoire. Nous ne sommes pas mieux que Pétain, bien qu'Hitler, lui, est bien le boss final d'un jeu de société un peu nul. »

— Roh ! Je commence à saturer ! On va rester ici combien de temps encore !

— Bonne question Will, soit patient. Répondit Aliénor en nettoyant son arme.

Le garçon se laissa retomber sur le matelas dramatiquement et dit en regardant le ciel.

— De plus en plus de bataillon nous rejoignent. C'est bien, car ça fait de la diversité, mais j'en ai marre. Les Sov arrivent quand ? Tout ce que l'on fait, c'est bombarder des villes ! C'est ça le souvenir que l'on aura de nous ?

Ben ferma son carnet, accompagnant ce geste d'un soufflement exaspéré.

— Tu adores te plaindre toi. Estime-toi heureux, les bolcheviques se cassent le cul pour libérer l'Europe eux aussi.

— Oui, excusez-nous, Mr. Turner. Il est vrai que vous ne passez que votre temps à regarder les arbres, baiser votre femme, et écrire dans votre carnet depuis plus d'un mois ! Je n'ai rien pour ma part !

Le monde qui écoutait Will déblatérer son malheur rit en chœur. Même Ben rit, sachant que l'exagération de Will, n'était qu'une blague. Mais il avait raison sur quelques points. L'attente était longue. Attendre que tout cela soit finit, attendre l'apogée de toute cette tuerie.

Miller serait mort pour rien ? Et Coline ?

Tout ce monde devait mourir pour une cause. La liberté.

— Vous pensez que Vivi fait quoi ? Elle est sûrement torturée par ces fous. Ou pire, déjà morte. Vivi. Ils l'avaient presque oublié. Elle était faite prisonnière, et aux dernières nouvelles, introuvable.

— On n'est sûr de rien.

— Elle a dû déjà balancer énormément de chose. Déclara Ben sous un ton accusateur.

Il n'avait jamais apprécié Vivi, encore aujourd'hui malgré sa capture. Aliénor roula des yeux et dit en s'adressant au blond.

— Cesse donc de cracher sur elle, tu veux ? On la retrouvera.

Il est vrai que le cas de Vivi restait un mystère. Était-elle en vie ? Ou actuellement en train de souffrir ? Ou même complètement enterré. De nombreuses questions subvinrent dans la tête de chacun. Février 1945 était en train de s'achever lentement, et voilà maintenant plusieurs mois que Coline est morte, et que Vivi s'est fait capturer.

Pourquoi ? Pourquoi les ai-je embarqués là-dedans ?

Cette phrase résonnait beaucoup trop dans l'esprit de la brune, regrettant tout désormais. Elles avaient accepté de la suivre sans condition, et elles avaient pour la plupart perdues la vie. La journée était encore une fois passée d'une lenteur surprenante, dans son sac de couchage, Aliénor fixa les étoiles s'illuminer dans le ciel. Une phrase remplaçait le silence.

« C'est ma faute » Depuis plus d'une demi-heure, elle attendait Ben. Ce dernier installa son sac de couchage à la droite de la jeune femme et se coucha en tentant de faire le moins de bruit possible. Dans ses mains, il tenait fermement une poignée de lettres. Aliénor le remarqua, ce fut sa première remarque.

L'homme qui a fait pleurer la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant