Chapitre 40

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Le néant. La peur de perdre. Le déni ?

Le corps de Will s'était refroidit, et Smith courrait sans prêter attention aux potentiels allemands dans les environs. Will était mort. C'était un Stiles essoufflé et détruit qui avait apporté la nouvelle, alors que Ben lui, restait avec son meilleur ami, à le fixer dans un silence morbide. Le garçon avait le corps troué de balle, il avait dû mourir comme ça. Tous les souvenirs avaient ressurgi au moment où Stiles était parti. C'était ma faute ? De celle d'Aliénor ? Ou Red ? Il fallait un coupable, mais personne n'était là pour endosser le rôle de tueur. Stiles avait préparé un bâche blanche qu'il avait trouvé dans la Mairie, comme si cette dernière savait ce qui allait se produire. Une ancienne simple couverture tachée. Ben était au sol, tenant fermement le corps de son meilleur ami. Son frère. Et grand-mère Olga ? Comment allait-elle réagir à la mort de son petit-fils ? Aliénor et les autres ? Peu importait, seul Will était la cause de tous ses tourments. Il pressa son corps contre le siens et se retenu de pleurer.

Pleurer ? Will aurait souhaité que je le pleure ? Ses blagues me manquent tellement. Il est parti à cause de moi.

Il est mort à cause de moi.

Un reniflement sortit, sans que Ben n'ait put le contrôler. Les larmes elles aussi coulaient, mais en silence, et c'était surement mieux ainsi. Il entendit les pas hâtifs de ses coéquipiers. Il tomba sur Smith, ce dernier, d'un air drôlement calme, s'approcha du blond.

— Ben ?

Le blond ne put répondre, il ne voulait pas. Smith insista calmement. Ses mots se voulaient réconfortant, c'était la première fois qu'il se montrait sensible, la mort de Will avait dû l'affecter aussi.

— Benji ? Je sais ce...

— Il est mort. Il est mort sergent c'est fini. Il est m...

— Je sais Ben, je sais. Will est mort. Mais il vivra quand même, car c'est lui qui nous fera gagner Ben. On va gagner pour Will.

Smith avait tenté un sourire, baigné dans une grimace triste. Il avait aussi envie de laissé son esprit de Vétéran pour laisser place au Gilbert, le Gilbert de 1936, au Texas.

— Ne sois pas comme ça, il n'aurait pas aimé ça. Maintenant, on va le prendre avec nous, il aura un enterrement décent.

— Sa mort n'a même pas été décente. Il ne méritait pas ça.

— Je sais... Mais maintenant nous devons avancer, partons d'ici. Red, emmène-le. Ben, une fois au camp on parlera.

La marche vers le camp se fit un silence, l'envie de parler n'était chez personne. D'habitude, c'était Will qui animait les silences pesant, qui venait rendre un peu de vie. Maintenant, il est mort. Will est mort.

...

Alienor aidait à la préparation des rations. Chaque soldats avaient son lot de corvées, et la préparations de rations devait être le plus simple. C'est dans un mouvement monotone qu'elle touillait dans la grande casserole, fixant l'herbe devant elle pendant qu'un soldat, James, lui versait la préparation dans des gamelles métalliques. Certains soldats se hâtaient, faisant réagir Aliénor. Elle regarda l'avant du camp et vit le visage de Smith fixé le ciel. Il était fermé, même triste. Un soldat à côté d'elle déclara :

— Il y a un mort.

— Comment ça ? demanda Aliénor inquiète.

L'homme pointa du doigt le sergent.

— C'est une chose que seul les soldats de Smith peuvent remarquer. Il a sans arrêt son casques sur le crâne, sauf lorsqu'un de ses soldats meurt. Il l'enlève, et ne le remet qu'à l'enterrement, si on a le temps. Je n'étais pas sûr de ça, mais maintenant c'est clair.

L'homme qui a fait pleurer la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant