Chapitre 11

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Le calme règne dans la forêt, au loin des criquets font résonner leur mélodie sous le clair de lune. Tout près de moi des lucioles émanent une douce lueur verdâtre, frôlent les arbres et dansent entre la cime des arbre. L'atmosphère est parfaite, agréable, détendue. Mes joues me brûlent et je me devine rouge pivoine. Je n'ai jamais été très douée pour dissimuler mes sentiments.
Tout en me fixant Peter m'adresse un sourire charmeur.

-Tu es....commençais-je en souriant.

-Parfait ? Me coupe-t-il.

Je laisse un sourire nerveux glisser sur mes lèvres avant de le regarder droit dans les yeux en dodelinant de la tête. Imprévisible, serait plus adéquat.

-Alors là impossible.

Il arque un sourcil en posant ses mains au creux de mes reins. Ce soudain changement de comportement me met mal à l'aise, mais ce serait ridicule de prétendre que je ne suis pas charmée par le garçon.

Le blond roule des yeux en soufflant.

-Hier encore tu complotais pour me trahir.

-Hier encore tu me balançais du haut d'une falaise.

Peter écrase le plat de sa main sur mon front en me repoussant. C'est bien la première fois que nous nous chamaillons sans que quelqu'un ne finisse blessé. Mais je me surprends à trouver cela agréable. Et son sourire, différent de tous ceux qu'il m'adressait avant, doit être l'oeuvre de satan lui-même.

-Alice ?

S'avançant sur le sentier, Sullivan sort de l'ombre en se frottant les yeux. Il semble littéralement être tombé du lit.

En quelques enjambées je me rapproche et m'accroupis à sa hauteur.

-Qu'est-ce que tu fais là mon grand ?

-J'ai fais un cauchemar.

Je pousse un soupir et embrasse doucement sa joue, il rigole. Evidement cela vient déposer sur mon coeur un baume de douceur. Il ne doit pas avoir passé beaucoup de temps avec sa mère vu son jeune âge, cette pensée me tord l'estomac. Ma mère était très importante pour moi, je ne sais pas comment j'aurais pu survivre sans elle.

Côte à côte nous remontons le chemin vers le campement.

-Ça fais longtemps que tu es à Neverland Sullivan ?

Le petit balance ses mains en l'air en soufflant profondément.

-Pfffffiou il y a longtemps que j'ai arrêté de compter Alice.

Comme figée sur place je m'arrête d'un coup, tous ces enfants, combien souffrent-ils de la séparation qu'ils ont subis avec leurs familles ?

Arrivés au niveau des cabanes, je dépose un baiser sur son front pour lui souhaiter bonne nuit.

-À demain Alice.

-À demain petit bonhomme.

Avec plus de facilité qu'il y a quelques jours, je gravis l'échelle de corde menant à mon cocon. A l'intérieur, éclairé par la faible lueur d'une bougie, Alex feuillette un livre, le doigt guidant sa lecture.

-Où étais-tu ? Me demande-t-il sans relever la tête du bouquin.

-Nous nous sommes promenés avec Peter.

-Promenés ?

Faut-il que je fasse part de tous les détails de ma soirée ? Une rivalité que je peine à distinguer existe bel et bien entre les deux garçons. Je ne parviens pas à mettre le doigt sur la nature de leur relation. Un rapport de force ? De l'amitié ? Ils ont une manière bien à eux de communiquer et de régler leurs conflits.

-Il m'a montré les fées et nous avons pris un peu de hauteur.

Alex ricane en reposant le livre fermé sur la table.

-Le coup des fées ça les fait toutes craquer.

Immédiatement mon front se plisse et mes mâchoires se serrent. Je m'avance pour poser mes fesses sur le lit et inspirant profondément.

-Alice si seulement tu n'étais pas aussi ...

-Naïve ?

Le visage d'Alex se ferme. Je suis convaincue qu'il ne veut pas se montrer méchant mais Crochet lui-même m'a avoué que ma naïveté était sur les lèvres de tous les êtres vivants peuplant l'île.

-Ce n'est pas ça, souffle Alex, tu es destabilisée, dans un environnement que tu ne connais pas et Peter sait très bien exploiter les faiblesses des autres.

Un soupir m'échappe. N'y a-t-il donc personne souhaitant m'aider sur cette île ?

En rejetant sa tête en arrière le brun se pince les lèvres puis se penche vers moi pour effleurer du bout de sa bouche la mienne. Avant que nous ne nous touchions il grogne et se recule en cachant son visage derrière son avant-bras.

-Je ne peux pas. Bon sang !

Choquée, je ne m'étais pas aperçue que je retenais ma respiration. Alex se prend la tête entre les mains en laissant échapper un grognement plus insistant.

-Je pense que tu te méprends, dis-je d'une voix douce, c'est simplement parce que je suis du sexe opposé.. que tu ressens une attirance.

Le brun se lève et regagne la porte en évitant mon regard. Ses doigts glissent sur l'encadrure de bambou et il marque une pause avant de disparaître dans la nuit.

-Je ressens cette attirance, car tu me plais Alice.


La boule au ventre, je retire ma combinaison de toile afin d'enfiler quelque chose de plus agréable pour la nuit, quand des coups contre l'entrée me font sursauter.

-Alex ?

Pour ma plus grande honte c'est Peter qui se tient sur le seuil, le visage dépourvu de son habituel air supérieur.

-Mince, ce n'est pas moi que tu attendais ?

Je bats l'air de la main pour lui montrer que cela importe peu puis soulève la couverture de ma couchette avant de me glisser dessous.

Peter s'avance et s'asseoit sur le bord. Les doigts faisant rouler entre eux ce collier que j'ai déjà aperçu autour de son cou.

-Il y a quelque chose dont j'aimerais te parler.

Sans un mot je ramène mes genoux contre ma poitrine et m'asseoit à mon tour. Impatiente d'en connaître un peu plus sur lui.

-Il y a longtemps, très longtemps, commence Peter, une fille est arrivée sur Neverland. Je la connaissais bien, elle s'appelait Mary.

Sa voix est calme et posée, il semble chercher dans sa mémoire des souvenirs qui paraissent dater d'un autre temps.

-Mary n'était pas taillée physiquement pour survivre sur Neverland, elle possédait une imagination débordante et une foi en la magie inébramlable. Une foi si forte que l'île a rapidement commencé à se nourir de son énergie vitale pour se développer.

La respiration de Peter est saccadée et ses yeux fixent un point invisible sur le sol. Mais il n'hésite pas un seul instant et poursuit son récit en frottant ses paumes l'une contre l'autre.

-Mary a fait des merveilles sur Neverland, elle a su protéger les garçons perdus et raisonner James Crochet. Chaque seconde qui s'écoulait la rapprochait un peu plus d'une mort imminente. Mais la personne qui a le plus été changée par sa présence...c'est moi.


NeverlandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant