Chapitre 18

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Mes mains sont couvertes de sang, impossible de stopper l'hémorragie malgré les mètres et mètres de linge propre que j'utilise.

En grognant, je finis par réussir à poser un bandage sans que celui-ci ne s'imbibe entièrement.
À bout de souffle je passe ma main sur mon front en soupirant de fatigue.
Difficilement j'observe Peter lutter pour ouvrir les yeux, me faisant plonger un moment dans ce lac émeraude qui me fascine tant.

En quelques enjambées, je me redresse et pars imbiber un linge d'eau fraîche, que je reviens tamponner sur le front de Peter afin de maîtriser le début de fièvre qui l'assaille.

-Alice ?

Son souffle faible me déchire le coeur et charcute ma poitrine sans pitié.

-Wendy n'a rien. Ne parle pas, garde tes forces.

Difficilement je parviens à déglutir. Peter ne peut pas me supplier de revenir à Neverland pour me claquer entre les doigts à la première occasion. Une culpabilité que je n'avais jamais ressentie auparavant, me tombe lourdement sur les épaules comme un voile lesté.

Peter ferme les yeux à nouveau puis inspire profondément. A ses côtés je m'agenouille en saisissant sa main entre les miennes. J'ai besoin qu'il ressente ma magie, j'ai besoin que ce don, dont il me parle depuis le début, soit utile. Maintenant plus que jamais.

Presque contre mon gré quelques paroles m'échappent.

-Dors, repose-toi.

Un sourire assez discret se dessine sur son visage et il sombre dans un sommeil que nous partageons comme agité, et tout sauf reposant.

Au petit matin je suis soulagée de voir le soleil se lever, cette nuit fut absolument atroce et l'état de Peter n'a fait que se dégrader à vue d'œil.
Sa respiration est si superficielle, que sa poitrine se soulève à peine, et son teint si pâle que les cadavres ont tout à lui envier.

-On peut l'emmener chez les Indiens, propose Sullivan.

-On est pas en très bonne relation avec les Indiens, Sulli'.

-On a pas le choix, il est certain de mourir si nous le laissons dans cet état, intervins-je.

Alex pousse un soupir d'exaspération, semble réfléchir. Vaguement du bout d'un bâton il gribouille sur le sol. Même si j'aimerais lui laisser le luxe de peser le pour et le contre, nous avons désespérément besoin de l'aide de vrais guérisseurs.

-Peter ne trouvera pas grâce aux yeux des indiens, grogne Alex en balançant son bout de bois.

-On va pas le laisser mourir ! M'emportais-je, Alex je t'en prie !

Autre soupir d'exaspération et pincement de lèvres qui indique qu'il se résigne.

-Il faut un brancard pour le transporter.

-Tu viens Sullivan ? On va en construire un.

-Chouette comme un jeu ! S'émerveille le petit.

Je les vois s'éloigner au pas de course puis revenir avec de nombreux morceaux de bois. Avec de la corde et de la persévérance, nous mettons au point un brancard, qui pour de l'amateurisme, n'est pas mal du tout.
Le front brillant, je palpe le pouls de Peter avant de donner le feu vert pour son déplacement.

-Ok, on y va doucement prête ? Un, deux, trois !

Nous soulevons Peter et le posons sur le brancard. En vitesse, je récupère mon sac à dos que je sécurise sur mes épaules. De retour au centre du camps, j'aperçois Alex finir de donner les instructions au chef provisoire, un certain Adrien d'une quinzaine d'années que le brun estime digne de confiance.

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