Neverland

Chapitre 14

Très vite le froid m'engourdit, j'essaie de limiter les dégats en visualisant le foyer d'un feu doré et accueillant. Contrôler ma respiration devrait me permettre de limiter les dégâts mais avec la température qui a dangereusement chutée, je pense bientôt tomber en hypothermie.
Je n'en peux plus de cette situation, plusieurs jours ont passé depuis mon arrivée içi. Tout ce que je souhaite c'est sortir de cette prison pour aller botter l'arrière train de ce traître de Peter Pan.

Sous l'effet de la colère et de la tristesse d'énormes pics de glace sortent à nouveau des parois et s'avancent vers moi, me bloquant au centre de ma taule.
Si seulement Neverland n'existait pas, si seulement je n'avais jamais posé un seul pied sur cette île maudite.

Le bruit des pas sur le sol de la grotte attire mon attention et bientôt la lueur d'une torche m'éblouit.

-Est-ce vraiment ce que tu souhaites ?

A la lueur des flammes j'aperçois la silhouette d'une personne que je ne connais pas. En réalité ce n'est pas que je ne la connais pas mais plutôt que je ne la reconnais pas au premier coup d'oeil. Petit à petit cette personne s'avance et me fixe de ses grands yeux innocents.

-Bonjour Alice.

La jeune fille ! Il s'agit de la jeune fille aux cheveux châtains contre qui Peter m'a échangé.

-Qui es-tu ? 

Un léger sourire pointe sur le bout de ses lèvres alors qu'elle observe ma cellule d'un air curieux. 

-Tu es Mary c'est ça ? La fille dont m'a parlé Peter.

Son regard se durcit et ses yeux plongent dans les miens tandis qu'une ride commence à déformer son front.

-Après toutes ces années. Peter a toujours son nom à la bouche.

Je pâlis en l'observant serrer des dents. Elle a l'air fascinée par Peter Pan. Ou plutôt totalement obsédée.

-Je m'appelle Wendy.

La stupeur me percute de plein fouet et mes yeux s'écarquillent comme des soucoupes.

-La Wendy ?

Elle rejète ses cheveux en arrière en changeant son flambeau de main. Wendy semble visiblement agacée de se trouver ici.

-Mr.Barrie était un voisin trop curieux à l'imagination débordante.

-Aide-moi à sortir !

Wendy pose ses yeux sur moi, prenant le temps de me jauger de la tête aux pieds. A mesure que la fille me détaille, mes espoirs s'évanouissent. Elle ne m'aidera pas.

-Je ne vois pas ce qu'il te trouve.

-Pardon ?

Si la rivalité entre filles est quelques chose que je connais depuis le collège, juger une personne sur son apparence est le coup le plus bas, exécrable et honteux qui puisse être porté.

-Cela fait deux semaines que tu es assise ici à espérer une aide qui ne viendra jamais, ou attendre l'occasion opportune pour te faire la malle.

Deux semaines et pas le moindre signe qu'Alex viendra à mon secours. Et si Peter s'en était pris à lui après s'être débarassé de moi ?

-Je peux te faire partir, me propose Wendy, mais c'est un aller simple.

Quelle peste, en quel honneur croit-elle que je pourrais lui faire confiance.