Chapitre 33

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Je tente de rejeter péniblement la boule d'angoisse qui a prit place au fond de ma gorge et avale ma salive en relevant les yeux.

-Je peux le voir ?

-En raison des souffrances infligées lors de l'opération votre ami a été contraint d'être plongé dans un coma artificiel.

Le peu de larmes qu'il me reste manque de surgir et d'inonder mes yeux, j'ai toutes les peines du monde à les empêcher de couler.

-C'est pour atténuer les douleurs mademoiselle, c'était nécessaire.

Incapable de dire un mot j'hoche lentement la tête de haut en bas.

-Si vous souhaitez lui rendre visite, il se trouve actuellement dans la chambre deux cent huit au deuxième étage. Je ne pense pas qu'on vous embête mais si on vous demande ce que vous faites içi, dites simplement que vous êtes de la famille.

Apres avoir passé de longues minutes à m'expliquer quels seraient les problèmes que pourraient causer ces crises sur le quotidien de mon cher "ami", le médecin me laisse lui rendre visite en me souhaitant bon courage.

J'arpente l'hôpital de long en large et tombe sur l'accueil. Probablement à cause de la fatigue et de l'alcool, j'ai littéralement oublié l'étage que m'a indiqué le docteur Watson. Lorsque je demande à quel étage se situe la chambre 208, la dame me toise de haut en bas par dessus ses verres de lunettes rouges.

-Vous êtes de la famille ?

-O..oui bien sûr.

Elle hausse un sourcil dédaigneux puis reporte son attention sur son ordinateur.

-Vous allez au bout du couloir vous prenez l'ascenseur une fois à l'étage numéro deux vous prendrez sur votre droite au bout du couloir les chambres seront fléchées avec les chambres paires à gauche et les impairs à droite il me semble.

-Merci.

Je la gratifie d'un sourire mais elle n'y fait pas attention, elle n'avait pas l'air surprise de me voir demander la chambre d'un patient alors qu'il doit être aux environs de quatre heures du matin.
En soufflant longuement j'entre dans l'ascenseur où se trouve un homme d'âge mur et appuie sur le bouton noté d'un deux.
Un silence pesant plane dans l'ascenseur, l'homme tient à la main un bouquet de fleurs, surement pour sa femme, sa fille, son fils ou un proche de sa famille ou même un de ses amis. Quoi que le voir en possession de un bouquet pareil à quatre heures du matin n'annonce pas particulièrement de bonnes nouvelles.

La porte s'ouvre et je m'engouffre dans le couloir, arrivée au bout je regarde à gauche, un panneau annonce "chambres paires deux cents à deux cent vingt".

Dans le couloir je cherche des yeux le numéro deux cent huit que je finis par trouver.

En me mordant les lèvres je tourne finalement la poignée et pénètre dans la pièce. La chambre est spartiate, ses murs sont recouverts d'une peinture blanche et bleu marine, elle est composé d'une commode et d'un lit sur lequel Peter semble dormir.
Il est étrangement calme et serein, quelques mèches blondes lui tombent sur ses yeux clos, ses joues sont légèrement rougies et ses lèvres plus pâles que d'habitude.
Sur sa droite une machine bourdonne, des tuyaux en sortent et sont reliés à son torse, passant sous sa chemise de patient pour entrer dans sa poitrine. D'autre petits tuyaux sont reliés à son nez et l'aide à respirer.

Presque timidement je m'avance et prends sa main dans la mienne, elle est froide et molle. Je l'amène à ma joue et laisse une larme m'échapper, je le regarde respirer. Doucement et régulièrement puis subitement quelque chose semble se produire puisque le bip incessant de la machine à sa droite s'accélère comme un fou.
Peter semble suffoquer. Il cherche l'air et ouvre même la bouche par réflexe.
Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'une brochette de médecins et d'infirmières débarquent en trombe dans la chambre et m'hurlent de m'écarter.

Choquée par le renversement brusque de situation je glisse contre le mur du fond en cachant ma tête entre mes mains.
Peter ne va pas bien, il ne va pas bien du tout.

Sortant du lot une infirmière se précipite vers moi et me soulève avec une poigne surprenante.

-Je suis désolée mademoiselle mais vous allez devoir patienter dehors quelques temps.

Son regard est compatissant et elle m'accompagne hors de la pièce avec un léger sourire qui ne parvient pas le moins du monde à me rassurer. Je veux savoir ce qu'ils font à Peter, je veux savoir comment il va !

Dépitée et les épaules basses je m'assois sur une des chaises qui sont présentes dans le couloir et attends. Désespérément sans pouvoir rien faire j'attends. Et j'attends si longtemps que je finis par m'assoupir.

-Notez Véronique, heure du décès quatre heures vingt trois patient de la chambre deux cent huit le mercredi six Septembre deux mille trente quatre.

Le monde autour de moi vient de voler en éclats. Balayé d'un simple geste de la main cruelle du destin.

-Non !

Je me jète sur Peter qui ne réagit pas d'un pouce. Il est pâle, tellement pâle.

-Pitié Peter tu ne peux pas me laisser maintenant !

Malgré mes supplications je sais que ce n'est pas comme ça qu'il reviendra. Énervée et frustrée je tape du poing contre le lit d'hôpital en hurlant de tristesse.
Derrière moi les médecins dépités me regarde prendre sa main froide dans la mienne et enfouir ma tête dans son cou.

-Mademoiselle je suis désolée mais vous devez partir.

Sans autre choix je redresse mon visage inondé par les larmes et dépose un baiser sur la joue de Pan.

-Ce n'est pas possible Peter, tu as affronté plus dur que ça tu ne peux pas nous laisser maintenant..

-Mademoiselle, m'intime le médecin en me prenant par l'épaule.

-Lâchez-moi !

Plusieurs personnes arrivent en renfort pour m'obliger à quitter la pièce. J'hurle et me débats en regardant inéluctablement le corps sans vie de Peter gisant dans ce lit beaucoup trop blanc d'hôpital.

-Je sauverai Neverland Peter ! Je te le jure !

-Mademoiselle ! Mademoiselle !

En sursautant j'ouvre mes yeux collés par les larmes. Devant moi une infirmière me sourit gentiment en posant sa main sur mon épaule. Un rêve, ce n'était qu'un rêve. Peter va bien.

-Votre ami est réveillé, il demande à vous voir.

En hochant la tête je me lève d'un bon et pénètre dans la chambre. Mon regard cherche quelques instants celui de Peter et lorsqu'enfin il se pose sur ses yeux bleus pénétrants une vague de soulagement presque palpable me submerge.
Il est là, assis contre des oreillers. Bel et bien vivant.

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