Neverland

Chapitre 23

Je le vois, il est devant moi et arbore un sourire diabolique. Bon dieu comment suis-je arrivée içi ?
En grandes enjambées le blond se rapproche me forçant presque à reculer au même rythme. Ses traits crispés m'inspirent une peur étrange qui me saisit aux entrailles et fait vibrer mes jambes. Je suis tétanisée par la peur.

-Tu trembles ? Je t'effraie.

J'aimerais pouvoir rétorquer qu'il ne m'impressionne pas le moins du monde mais je suis tellement tremblante que mes paroles ne seraient absolument pas crédibles.
En jetant un rapide coup d'oeil en arrière je me prends une énorme rafale de vent marin, sous moi à des centaines de mètres de dénivelé les eaux noires de l'océan tourbillonnent et s'écrasent contre la falaise.
Au bord du précipice je suis incapable de reculer davantage.

D'un geste sec Peter attrape mes poignets dans ses grandes mains et resserre son emprise sur ma peau.

-Pourquoi as-tu grandi ?

Je ne sais pas, je n'ai pas grandis, je suis moi. Face à mon manque de dialecte Peter fronce des sourcils et serre davantage me faisant gémir de douleur.

-Pourquoi est-ce que tu m'abandonnes ?! On s'amusait bien pourtant !

Rapidement et avant même que je ne puisse réagir il accroche mes poignets à une corde elle-même liée à un énorme rocher dont le poids doit avoisiner les cinquante kilos.

-Je n'ai jamais aimé les adultes.

Sans peine il bouscule le rocher qui roule et tombe dans le vide. Dans un bond incroyablement irréaliste je bascule à mon tour en hurlant comme une hystérique.
La chute est si rapide que j'heurte l'océan avec une violence inouïe qui me coupe la respiration. La mer est glacée, l'eau s'immisce rapidement dans mes poumons et je n'ai même pas la force de lutter contre le rocher.
La pierre m'entraîne dans les abysses, mes poumons me brûlent, ma gorge est en feu et les dernières bulles d'oxygène quittent mon corps pour s'évader vers la surface.

-Alice !! Alice !

Je me réveille en sursaut le front moite de sueur et la respiration si rapide qu'on pourrait penser que je viens de courir un sprint.
Carem me tient par les épaules et me secoue légèrement pour que je reprenne conscience, ce cauchemar était tout bonnement surréaliste.
Dans l'obscurité je discerne des mouvements sur ma droite, je devine Peter se lever et s'approcher de nous en quelques enjambées rapide qui laissent deviner son inquiétude.

Légèrement désorientée j'halète difficilement en avalant ma salive. Ma gorge sèche me brûle et les mots ont énormément de mal à sortir de ma bouche,

-Je...j...j'étais...à....la la ...place......de Lili.

Tremblotante je lève les yeux pour apercevoir la mine inquiète de Pan derrière Carem, il semble ne pas vouloir s'approcher davantage.

-C...c'était lui.....Carem .....il voulait me...tuer.

J'arrive à peine à articuler mes mots tant je suis encore sous le choc, mon cœur tambourine contre ma poitrine comme un tambour sans fin qui cogne douloureusement.

La peur fait monter à mes yeux des larmes de crocodiles, je me force à respirer régulièrement et surtout à effacer cette image d'horreur de Peter qui me balance par dessus cette fichue falaise.
Carem adresse un regard noir au blond qui se rassoit sans un mot.

Mon regard dérive peu à peu sur la place à côté de lui que Wendy occupait il y a quelques heures.

-Tu te sens mieux ?