Neverland

Chapitre 19

Peter hurle dans son sommeil. Parfois des phrases incompréhensibles, parfois mon prénom.
La nuit est moins agitée que celle d'hier mais je ne parviens pas à trouver le sommeil.

Son état m'inquiète horriblement.
Aïma a accepté de dormir avec nous, probablement par précaution en cas de rechute. 

Elle somnole dans son lit, tentant de gratter quelques minutes de repos, tandis que je reste aux côtés de Peter. Un oeil attentif sur sa température et le rythme de sa respiration. 

Le blond s'agite dans tous les sens et hurle, sur son front de grosses gouttelettes glissent le long de ses tempes.

-C'est bien qu'il transpire, son corps lutte pour guérir.

La voix d'Aïma n'est qu'un murmure et je sais qu'elle lutte à moitié endormie pour me réconforter.

Avec précaution, je glisse contre Peter et le soulève pour déposer sa tête sur ma poitrine. 

Nous calant avec des couvertures, je pousse un soupir d'aise au contact de nos peaux l'une contre l'autre.
Petit à petit la pression redescend, Peter se détend et son souffle se cale sur le mien, replongeant dans un sommeil plus calme.

Au petit matin alors que le soleil caresse la lande de ses doux rayons et perce à travers la toile blanche du tipi, Peter ouvre les yeux difficilement.
Du coin de l'œil je jète un regard à Aïma qui dort paisiblement. Je n'ai pas réussi à fermer l'oeil de la nuit.

-Hey.

Doucement, je fais glisser mon pouce sur le haut de sa pommette.

-Tu as dormi ? Me chuchote-t-il.

Je dégage de son front quelques mèches rebelles en dodelinant la tête de droite à gauche.

-Alice je vais bien, repose-toi.

Je dépose un bisous sur sa joue avant de me défaire de lui pour sortir du tipi. Mes muscles sont endoloris et mes articulations craquent comme une vieille chips.

Lorsque je regagne le village après m'être lavée, Aïma me propose de manger un peu.

Elle me parle de beaucoup de choses, des traditions de son peuple, de leurs habitudes alimentaires, de leur intérêt pour l'équitation et du temps qu'elle passe à occuper ses journées.

-Tu aimerais apprendre à monter ?

Aïma me conduit près de l'enclos où elle me présente un étalon noir à la robe impeccable, des plumes attachées dans sa crinière volent délicatement au vent, il est juste majestueux.

-Lui c'est No'ak.

Timidement je tends ma main près de ses naseaux pour qu'il hume mon odeur. La douceur de sa peau sur ma main m'arrache un rire, j'en deviendrais presque chatouilleuse.

-N'aies pas peur. No'ak est brave.

Aïma m'enseigne patiemment les rudiments de l'équitation. N'ayant jamais pratiqué, je subis quelques chutes et m'égratigne les genoux ainsi que le coude droit. Mais Aïma est très pédagogue et à force de persévérance nous entamons une promenade sur les vertes prairies de ce côté de l'île.
Sur le chemin du retour, je porte ma main à ma tête en serrant les dents, un mal de crâne lancinant me martyrise depuis quelques minutes.

De retour au village, No'ak regagne son enclos et j'ai le plaisir de trouver Alex aux côtés de Peter sous le tipi. Mes jambes sont si courbaturées que je peine à m'assoir. Je suis extrêmement fatiguée.