✧ Chapitre 19 ✧

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Quelques jours passèrent sans que d'autres créatures dangereuses ne s'approchent trop près du navire. Cela s'expliqua notamment par la proximité du continent, duquel ils approchèrent au rythme du vent.

Des navires royaux apparaissaient petit à petit, semblables à des poussières reposant tranquillement sur l'étendue d'eau. Les forces armées patrouillaient sans cesse autour de leurs terres et l'Est, bien que peu peuplé, n'échappait pas à leur vigilance.

Le Liberate se faufila sans mal entre eux en profitant de la dextérité sans faille de son pilote et des capacités incroyables que lui octroyaient les artefacts. Lorsqu'il frôlait un peu trop les embarcations ennemies, certains matelots s'amusaient à jeter à leur bord toute sorte de détritus, qu'ils soient d'ordre matériel ou organique. Ils devaient cependant se retenir d'éclater de rire lorsque certains soldats royaux, consternés, se retournaient vers leur voisin pour les couvrir d'injures.

Pourquoi les Keppler ne profitaient-ils pas de cette merveilleuse opportunité pour les faire sombrer au fond des abysses, me demanderiez-vous ? Tout cela n'était qu'une question de discrétion. Bien qu'ils avaient été tentés plus d'une fois de se jeter à l'abordage, ils ne pouvaient prendre le risque de laisser des rumeurs se propager quant à leur position aux abords des littoraux. La sécurité de leurs alliés continentaux serait directement mise en péril.

C'est pour cette même raison qu'ils décidèrent de ne pas s'y attarder plus d'une nuit.

L'arrêt au large du continent fut annoncé au soir d'une journée où les oiseaux avaient refait leur apparition dans le ciel bleu, indiquant l'approche imminente de la terre.

Un petit groupe de matelots fut désigné pour accompagner l'un des deux capitaines sur la terre ferme, afin d'aller chercher leurs provisions, laissant le reste de l'équipage garder le navire, de sorte à ce qu'il puisse repartir au moindre problème.

Cette fois-ci, ce fut au tour d'Orel de s'y rendre, accompagné de quelques matelots. Ni Thaalya, ni Thomas ne furent choisis pour prendre part à cette escale, pour des raisons évidentes de sécurité.

Il fut conclu que le groupe de ravitaillement partirait pour Weliven dès que le navire aurait jeté l'ancre non loin du littoral. Si le vent le voulait bien, ils prévoyaient leur arrivée au milieu de la nuit. Les manœuvres nocturnes étaient toujours plus contraignantes qu'en journées, mais l'équipage du Liberate était suffisamment expérimenté pour ne plus les craindre.

Une fois cette déclaration faite, les matelots purent se rendre au réfectoire pour profiter du dîner. C'est ici que se retrouvèrent les deux plus jeunes du navire, qui n'avaient pas eu le temps de se croiser plus tôt. Thomas s'intégrait de plus en plus à l'équipage et s'investissait toujours autant pour remplir correctement les tâches qui lui étaient assignées. Quant à Thaalya, elle venait de passer la journée entière aux côtés de son père, les mains sur le gouvernail. Elle s'était entraînée à repérer les récifs en approche, contourner la trajectoire des autres navires, deviner la puissance du vent d'un simple coup d'œil sur les voiles et d'autres informations qu'une future grande pirate se devait de connaître sur le bout des doigts.

Lorsqu'ils furent rassemblés, les bavardages et les rires des matelots ne tardèrent pas à animer le réfectoire. Thomas et Thaalya ne firent pas exceptions, tous les deux attablés l'un en face de l'autre.

*

— Sérieusement ? s'exclama le blond en entendant l'anecdote farfelue du matelot assis contre lui, le nez dans son verre.

— J'te jure ! Elle avait quoi... sept, huit ans ? Hein Timy !

— Ouais, huit j'crois bien, mais déjà une sacré tête de mule ! J'te raconte pas la face du capitaine quand il l'a vu enjamber le rebord de la chaloupe pour sauter dans l'eau. La frayeur de sa vie, j'crois bien! rit l'autre, assis un peu plus loin.

Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant