Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]

✧ Chapitre 47 ✧

Maintenant que l'assaut avait été mené avec succès, la deuxième étape de l'abordage pouvait s'enclencher. Tous les membres de l'équipage furent réquisitionnés pour fouiller le navire et aider à la gestion des prisonniers dans un temps imparti. Les effets de la poudre cendrée s'estompaient souvent une demi-heure après être entrée dans l'organisme, d'où l'importance d'agir au plus vite avant le réveil des soldats.

Dès que l'accès à l'escalier fut libéré, Marta rassembla une poignée de matelots pour procéder à la capture des wéliviens qui devaient avoir été mis hors d'état de nuire par la poudre. D'ailleurs, un nuage épais de cendre s'envola dès qu'ils ouvrirent la trappe menant aux ponts inférieurs.

Chacun d'entre eux passa autour de sa taille un brin de corde relié à une commande plus longue qui allait relier le premier des leurs à la sortie. Le manque total de visibilité induit par la poudre cendrée les obligeait à procéder ainsi pour ne pas se perdre et se retrouver isolé face à l'ennemi. Ils enfilèrent des masques en tissus prévus pour l'occasion afin de ne pas tomber dans leur propre piège et s'engouffrèrent un à un dans les entrailles sombres du navire royal.

Fidèle à son rôle de meneuse, Marta se trouvait en tête de file aux côtés d'Isaak qui les avait rejoints, laissant la batterie du Liberate aux mains des matelots les moins à l'aise en combat rapproché.

Aux aguets, ils descendirent prudemment les marches de l'escalier. La poudre cendrée était encore bien présente dans l'air et masquait totalement la visibilité autour d'eux, plongeant ainsi la cage d'escalier dans l'obscurité la plus totale. L'air était irrespirable. Il irritait, malgré leurs protections en tissus, la gorge de toutes les personnes qui s'y plongèrent. A travers leurs respirations étouffées, ils entendirent les râles faibles de quelques wéliviens entassés au pied de l'escalier, les uns sur les autres.

Marta savait exactement à quoi s'attendre. Normalement, la majorité des hommes du navire auraient dû se trouver au niveau de ce pont lorsque la poudre a été lancée, car la batterie s'y trouvait. Or, lorsqu'un navire ennemi apparaît, le premier réflexe est toujours d'ouvrir les trappes à canon. Malheureusement pour eux, celles-ci avaient déjà été bloquées par leurs perches avant même qu'ils ne se rendent compte qu'ils se faisaient attaquer.

En arrivant dans la batterie, après avoir enjambé du mieux qu'elle le pu les corps inertes des soldats, Marta ordonna à ses hommes d'aller ouvrir ses mêmes trappes qui leur permettrait d'évacuer la poudre cendrée et donc, par la même occasion, de regagner en visibilité.

Dès que cela fut fait, leur équipe commença à rassembler à la force des bras les captifs au fond de la batterie. Ils les dépouillèrent de toutes les armes que certains avaient eu le temps de ramasser et deux matelots furent chargés de les surveiller. Ils parvinrent ainsi à dénombrer une vingtaine de soldats totalement endormis par leur arme chimique.

Une fois certaine que tous les soldats présents dans la batterie avaient été rassemblés et la poudre-cendrée dissipée, Marta ordonna à d'autres matelots restés à l'extérieur d'emporter à bord du Liberate les stocks de poudre à canon. Celle-ci était bien trop précieuse pour s'en priver et généralement, la poudre wélivienne était de meilleure qualité que celle qu'ils pouvaient trouver sur le marché édimérien.

Une fois cela fait, le petit groupe entama sa descente dans les ponts inférieurs, là où la poudre n'avait pas pu se frayer un chemin plus loin que la cage d'escalier en bois. Ils y découvrirent quelques marins conscients qui étaient parvenus à fuir la poudre asphyxiante mais qui se rendirent dès qu'ils aperçurent le groupe de pirate à la lueur des lanternes à huile. Marta chargea quelques matelots de les ramener au pont supérieur où ils seraient surveillés avec les autres.