Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]

✧ Chapitre 32 ✧

Musique : Quietly Yours (Birdy)

*

— Du vin, j'en étais sûr, s'exclama-t-il en tournant la bouteille précieuse dans ses mains. Y a que ça pour t'exciter autant.

— N'importe quoi.

Les deux amis pouffèrent de rire à la lueur de l'unique lanterne qui brillait entre eux.

Impressionné, Thomas observa méticuleusement l'étiquette du breuvage. Il n'avait jamais eu l'honneur de tenir une bouteille de vin wélivien. Même à Edimas, les tavernes qui en servaient restaient rares à cause de son prix d'exportation exorbitant. Les habitants de la v'île préféraient dépenser leur argent dans du bois pour leur cheminée, ou des produits frais vendus par les illinois. Peu avaient le luxe de se payer de telles boissons. Il se demanda même si sa mère en avait déjà goûté.

— Ils en ont ramené trois bouteilles de Wélivien, déclara Thaalya en fermant la trappe du canon adjacent pour masquer la lueur de leur lanterne.

La nuit, aucune lumière ne devait apparaître à bord du Liberate. Encore moins à cette proximité du continent.

— Trois ? répéta le jeune homme avec surprise. Sérieux ?

— Oui, trois ! Tu te rends compte, c'est le double de ce que j'ai eu en vingt ans de vie.

Thomas ne releva pas l'incohérence mathématique de la chose, beaucoup trop émerveillé par le trésor qu'il tenait entre ses mains.

— C'est la première fois que j'en vois une pleine.

Il lui redonna la bouteille à contre-gré.

— Qui t'as dis qu'elle resterait pleine ? rétorqua Thaalya avec un sourire malicieux en commençant à gratter la cire qui en scellait le bouchon de liège.

En la voyant faire, Thomas attrapa rapidement sa main pour la stopper, les yeux écarquillés :

— Qu'est-ce que tu fous ? Tu vas pas...

— L'ouvrir ? Pourquoi pas ?

Il posa sur elle un regard perdu, la bouche entrouverte. Elle se moquait de lui ou était-elle sérieuse ? Cette bouteille avait sans doute coûté une fortune à ses parents. Ils ne l'avaient sans doute pas acheté pour être consommée en une nuit par leur fille et un matelot en toute illégalité.

— Thaalya, c'est du vin !

— Je sais, répondit-elle avec un sourire en ôtant la cire dès qu'il lâcha sa main. Parles moins fort ou tu vas attirer des curieux.

Abattu, il la laissa faire en passant une main sur son visage. Si la Capitaine l'apprenait, il était condamné pour de vrai cette fois-ci. Il avait miraculeusement jouer de son piano sans en subir les conséquences, mais savait pertinemment que cette chance incroyable ne serait pas éternelle.

Thaalya l'entrainait dans ses bêtises sans qu'il ne puisse s'y soustraire. Après tout, elles étaient toutes horriblement amusantes. C'était affreux. Elle avait ce don pour faire les choses interdites aussi aisément qu'un enfant naïf.

Le pire dans tout ça, c'est qu'il y prenait lui-même un grand plaisir.

D'une poigne ferme et déterminée, la brune ôta le bouchon de liège qui scellait la bouteille. Et pourtant, Sorath savait à quel point les bouteilles étaient compliquées à ouvrir. Rien ne résistait à la volonté d'un pirate, encore moins à celle d'une Keppler.

En deux, trois mouvements seulement, la bouteille fut ouverte, prête pour une bonne dégustation. Evidemment, Thaalya ne se priva pas et pressa ses lèvres contre le goulot sous le regard amusé de Thomas. En apercevant le sourire de la brune s'élargir au fur et à mesure qu'elle buvait, il comprit que son amour pour le vin était réel. Ne pas pouvoir choisir entre lui et le vin devait, en effet, être un véritable dilemme. En tout cas, une chose fut certaine : il ne l'avait jamais vue si heureuse.