Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]

✧ Chapitre 51 ✧

Musique 

Ark Ascending (Ursine Vulpine)

*

Après avoir prêté main-forte aux canonniers du Liberate durant l'assaut, Thomas s'attela au rangement des barils récupérés sur le navire ennemi. Il assista depuis les trappes de la batterie à l'abordage qui lui parut aller à une vitesse ahurissante. Il avait l'habitude des affrontements conventionnels, c'est-à-dire ceux qui débutaient – et qui d'ailleurs se terminaient souvent – par une canonnade entre les opposants.

Le camouflage impressionnant du navire des Keppler leur permettait non seulement de s'approcher sans être vu, mais aussi de vaincre un navire sans l'endommager. Thomas ne pourrait même pas estimer tout l'argent qu'ils avaient dû se faire en les revendant.

Soudain, le bruit de la cloche de rassemblement, un étage plus haut, le sortit de ses pensées. Il continua de faire rouler le lourd baril de poudre qu'il avait sous les mains jusqu'aux autres, regroupés au fond de la réserve de la batterie. Il s'abaissa, agrippa les rebords en bois du tonneau et puisa dans ses dernières forces pour le redresser et le caler contre ses voisins.

Le cœur battant à cause de l'effort, il prit une grande inspiration avant d'essuyer du dos de la main la sueur qui perlait à son front. Puis sans perdre plus de temps, il tourna les talons pour rejoindre les matelots dans l'escalier qui se dirigeaient tous vers le pont supérieur.

Lorsque Thomas fut de retour à l'extérieur, la lumière orangée du soleil couchant le surprit. Les heures passées à ranger la réserve avec l'équipage avaient filées comme un crussys. Le vent frais de la fin de journée lui fit un bien fou après avoir passé autant de temps le nez plongé dans la poudre sèche et lourde des canons. Tout en suivant les autres matelots en direction du gaillard d'arrière, il détacha ses cheveux asséchés pour les laisser danser avec la brise. Son regard fatigué se posa alors sur les quatre officiers du navire, réunis sur le balcon de la cabine des Keppler.

Leurs visages affichaient, comme tous les autres matelots de l'équipage, un épuisement conséquent. Il remarqua cependant le front plissé de Luke, les sourcils froncés d'Isaak, les doigts nerveux de Marta et la posture crispée d'Orel. La fatigue n'était visiblement pas la seule responsable de leur mine tendue.

C'était bien la première fois que Thomas observait des pirates si peu enthousiastes après leur victoire écrasante sur un navire ennemi et qui plus est, sans la moindre perte.

Ce fut finalement Orel qui prit la parole une fois certain qu'il avait l'attention de tous les matelots réunis sur le pont :

— Bon, nous pouvons dire que la journée aura été riche en émotions, annonça-t-il en passant sa main bandée sur son visage. Vous avez fait du bon travail, je vous en félicite.

Il se redressa pour reprendre une posture plus droite : celle d'un capitaine parlant à son équipage, et posa ses deux paumes sombres sur le bois de la rambarde vernie.

— Dès que vous aurez fini les missions que Luke vous a attribuées tout à l'heure, vous aurez quartier libre pour ce soir. Nous replions les voiles pour la nuit mais une équipe de garde sera tout de même désignée pour surveiller les environs.

Thomas fronça légèrement les sourcils, ainsi que d'autres matelots qui eux non plus, ne comprirent pas l'utilité de cette précaution. Habituellement, seul un guet patrouillait dans la nuit et cela était amplement suffisant.

Ce fut Marta qui éclaircit leurs doutes :

— D'après les dires des prisonniers trouvés à bord du navire, il semblerait qu'une flotte royale se trouve à proximité de notre position.