✧ Chapitre 50 ✧

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Dès que Marta et Luke furent de retour à bord du Liberate, la passerelle qui reliait les deux navires fut enlevée et directement, les voiles libérées. Pour s'assurer que l'équipage du Cenorah ne leur jouerait pas de mauvais tour, Orel activa une dernière fois son artefact afin d'éloigner à une vitesse affolante le navire du leur. Cela permit aussi à l'artefact de Marta de retrouver son efficacité et le Liberate disparu du regard des hommes du Cenorah aussi vite qu'il était apparu.

Une grande partie de l'équipage fut ensuite réquisitionnée pour ranger et faire l'inventaire des stocks de poudre et de munitions qu'ils avaient pu ramener du navire royal. Les derniers hommes furent assignés à la surveillance accrue des environs, sans avoir plus d'information de la part des capitaines. Ces derniers s'étaient éclipsés dans leur cabine en compagnie d'Isaak, Luke et Jay dès qu'ils s'étaient suffisamment éloignés du navire. Le timonier de l'équipage avait alors pris la place d'Orel à la barre et dirigeait d'une main agile le navire dans les eaux calmes de la Mer Cendrée.

C'est ainsi que tous les officiers du navire se retrouvèrent une nouvelle fois dans la cabine des Keppler. Le soleil, qui entamait sa lente descente à l'horizon, projetait sa lueur chaleureuse dans la pièce. Une lanterne à huile était néanmoins allumée sur la table centrale, où s'étaient assis les quatre officiers du navire. Sur celle-ci avaient été déposés la carte de Tandra ainsi que plusieurs courriers envoyés par Lexa, leur porte-parole au Conseil.

Un silence pesant avait envahit la pièce après les révélations inquiétantes de Marta et Orel aux deux autres officiers en charge du Liberate. Aucun d'entre eux ne fut capable de le briser, tous perdus dans leurs pensées.

Il fallut attendre que Jay sorte de la chambre du couple de pirate pour qu'ils s'animent de nouveau et se tournent vers lui, en attente de ses nouvelles.

Le médecin ferma la sacoche en cuir qu'il portrait autour de son épaule et posa son regard sur les deux capitaines. Il fut le premier à briser le silence lorsqu'il déclara, de son habituel ton inébranlable :

— Elle est stabilisée. Maintenant, il faut la laisser se reposer. Je repasserai demain matin pour vérifier son état, si cela vous convient.

— Parfait, répondit Marta en triturant du bout des doigts la carte de Tandra posée devant elle. Merci Jay, tu peux disposer.

L'homme aux cheveux sombres et à la barbe naissante hocha lentement la tête avant de sortir de la cabine d'officier, tout en refermant soigneusement la porte derrière lui.

Dès que le bruit de ses pas s'estompa, Luke prit finalement la parole en se redressant contre le dossier de la chaise en bois :

— Nous devons informer Lexa.

Marta soupira avant de plonger son visage dans ses mains couvertes de bandages fraîchement changés :

— Et ensuite ? Sa réponse la plus rapide ne nous parviendrait que dans plusieurs jours. Elle pourrait prendre une semaine si le vent n'est pas favorable aux Pies Hurlantes, deux si elle doit faire des recherches de son côté.

— Oui, mais faisons les choses dans l'ordre. Commençons par lui résumer tous les faits qui se sont présentés à nous. Les mettre sur le papier nous aidera peut-être à adapter la stratégie à adopter.

Isaak montra son approbation d'un hochement de tête tandis qu'Orel se levait pour aller chercher, sur son bureau, le matériel nécessaire à l'écriture d'un courrier qui serait assez long. Il revint avec plusieurs feuilles de parchemins, un encrier, une plume et de la cire à cacheter qu'il déposa machinalement sur la table.

Luke se désigna lui-même pour écrire le courrier qui serait ensuite envoyé à Edimas par Pie Hurlante.

Orel se rassit en massant ses paumes encore douloureuses de leurs scarifications successives. Puis il tira vers lui la carte de Tandra. La précision des traits qui s'y trouvaient ainsi que la couleur intense du noir de l'encre utilisée pour les contours de l'île et des massifs rocheux qui l'entouraient prouvaient bel et bien que la carte était très récente. Il ne lui donnait pas plus de quelques mois. Le sel de l'air marin n'avait même pas eu le temps d'assécher le papier qui glissait encore parfaitement entre ses doigts.

Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant