✧ Chapitre 37 ✧

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Lorsque l'obscurité de la nuit s'estompa pour laisser place aux premières lueurs du soleil, les membres du Liberate s'éveillèrent un à un. Tous furent prêts lorsque le son de la cloche les convia à leur habituel regroupement matinal. Les capitaines y exposèrent le programme de la journée ainsi que les différentes équipes qui allaient se relayer pour l'entretien quotidien du navire. Ils annoncèrent aussi une halte rapide à l'un des sanctuaires divins qui se trouvait justement sur leur route.

Une fois ces annonces faites, les matelots descendirent profiter de leur petit-déjeuner au sous-sol. Ils y trouvèrent Thaalya, complètement avachis sur une table, en train de croquer dans ce qu'il restait d'une miche de pain. Elle fit à peine attention à leur arrivée, peinant à garder la tête haute. Sa nuit avait été raccourcie par de nombreuses pensées parasites qui avaient fait fuir son sommeil. Les conséquences en étaient visibles physiquement : de larges cernes foncés soulignaient ses yeux plus ternes que d'habitude.

Elle quitta son pain du regard lorsque Thomas vint s'installer juste à côté d'elle, repas en main. Ses cheveux en pagaille autour de son visage donnaient l'impression qu'il sortait tout juste d'une bagarre. En tout cas, lui aussi ne semblait pas avoir eu un sommeil très réparateur, à en croire ses paupières gonflées.

La journée promettait d'être longue.

— Salut, murmura-t-elle lentement en se frottant les yeux de sa main libre.

— Hm, répondit-il en croquant dans son pain encore tiède.

Ils avaient vraiment mauvaise mine. Un silence tomba entre eux, tandis que les bavardages des autres matelots s'intensifiaient de secondes en secondes. Thaalya s'en contenta et but d'une traite le lait restant dans son verre. Celui-ci commençait déjà à vieillir et devenir amer. Cela signifiait qu'ils n'auraient bientôt plus le droit d'en prendre le matin.

— T'as l'air crevé, remarqua Thomas d'une voix rauque. Qu'est-ce que t'es encore fait après la soirée ? Il était pas si tard que ça.

Le "encore" qu'il ajouta fit légèrement sourire Thaalya, qui posa son visage entre ses mains en fermant les yeux.

— Oh ça va, je ne fais pas de conneries chaque soir non plus.

— T'es sûre de ça ?

— Oui, souffla-t-elle avec une moue indignée, avant de croquer dans la miche de pain qu'elle avait réussi à chiper dans la cuisine. Et puis tu n'as pas l'air bien frais non plus, Thomas.

Il ignora sa remarque d'un revers de la main et reposa son regard olive sur elle.

— ça m'explique toujours pas pourquoi t'as l'air si épuisée. C'est quand même pas une petite danse de rien du tout qui t'a mis dans cet état ? la taquina-t-il tout en se désaltérant.

Thaalya ne sut dire si ses prunelles cachaient de la curiosité, de l'intérêt ou une légère inquiétude. Peut-être un mélange des trois.

— Tu parles à une personne qui n'en a jamais fait avant, je te rappelle. Si je suis fatiguée, c'est à cause du boulot que j'ai dû finir après, trouva-t-elle comme excuse. Si toi tu es sans doute allé te coucher directement, moi j'ai dû travailler pour finir ce que je n'avais pas pu faire dans la journée.

Faire face à d'intenses réflexions pouvait, dans certains cas, se désigner comme une charge mentale assez conséquente. L'un de ces sujets se trouvait d'ailleurs juste à côté d'elle.

Cette réponse vaste sembla convaincre le blond qui hocha doucement la tête en finissant son repas.

— En tout cas, pour quelqu'un qui n'en avait jamais fait, tu t'es débrouillée comme une pro.

Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant