Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]

✧ Chapitre 36 ✧

De l'air. Il lui fallait de l'air au plus vite.

Thaalya suffoquait sans en connaître la cause. Peut-être s'agissait-il de son corset trop serré ? Pour en avoir le cœur net, elle le desserra tout en montant les marches menant au gailliard arrière. Mais cela ne réduit en rien l'emprise qu'elle sentait autour de sa cage thoracique depuis qu'elle avait quitté Thomas. Dès qu'elle arriva en haut des escaliers, Thaalya se précipita contre le garde-corps, une main appuyée contre sa poitrine essoufflée. Elle se pencha vers les flots calmes de cette fin de journée, en espérant que la brise marine l'aide à calmer les battements de son cœur. Mais rien n'y fit.

– Qu'est-ce que tu...fous, bordel, murmura-t-elle, les yeux écarquillés.

La jeune femme avait l'impression de perdre le contrôle de son corps, de ne rien maîtriser depuis que la bulle entre Thomas et elle s'était brusquement fendue.

Que venait-il de se passer?

Désemparée, Thaalya se laissa doucement glisser au sol, les mains encore tremblantes d'émotions. C'était bien la première fois qu'elle se retrouvait dans une telle situation.

– C'est rien, n'est-ce pas ? Il ne s'est absolument rien passé, Thaalya. Pas la peine de te mettre dans un tel état pour ça, murmura-t-elle en ramenant ses jambes contre elle.

Au même moment, elle croisa le regard surpris du matelot de garde, posté devant le gouvernail à quelques mètres d'elle. En aperçevant un sourire amusé se peindre sur son visage, Thaalya râla et enfouis son visage bouillant dans ses bras :

– Fais comme si je n'étais pas là.

Celui-ci sembla comprendre la demande, car il resta silencieux à son grand soulagement. En ce moment même, elle aurait tout donné à Sorath pour qu'il la fasse disparaître dans le parquet du navire et descendre jusqu'aux entrailles des fonds marins. Elle lui aurait tout cédé, sauf peut-être les trois bouteilles de vin restantes.

– Thaalya ? l'interrompit soudainement la voix de Thomas à quelques pas d'elle.

Elle regretta aussi ne pas avoir laissé tomber les bouteilles de vins à Sorath.

– Ça va ? demanda-t-il en s'approchant d'elle.

Sa question idiote la fit relever la tête dans sa direction un instant, le temps de lui lancer un regard vexé avant de reposer son front sur ses genoux. Les mots se mêlaient dans sa tête, sans qu'elle ne parvienne à en saisir suffisamment pour former une phrase compréhensible. Oui, ça allait. Mais en même, non, elle vivait l'un des pires moments de sa vie. Oui, ça allait, elle n'avait pas perdu de jambe ou sa tête. Oui, elle était encore en vie. Mais non, elle avait l'impression de mourir de l'intérieur. Encore plus maintenant qu'il l'avait rejoint.

– Pardon, souffla-t-il doucement.

Elle entendit un léger sourire dans le ton de sa voix. Déstabilisée, elle ferma les yeux avec un soupire dépité :

– Tu devrais aller dormir.

– C'est une façon gentille de me dire que tu veux plus me voir ? la taquina-t-il en s'accroupissant devant elle.

Sa réponse fut assez habile pour la faire sourire à son tour, malgré son état déplorable. Il avait ce talent inné pour dédramatiser la moindre situation.

Face à son silence, il reprit la parole d'une voix calme et posée :

– En tout cas, ça vaut aussi pour toi. Sinon tu seras fatiguée demain.

Elle sentit au même moment sa main chaude glisser contre ses boucles brunes, puis ses lèvres embrasser délicatement le haut de son crâne qui dépassait de ses bras.