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ELYO

Le regard plongé dans celui du tableau qui prenait forme, vie devant mes yeux j'expirais lentement l'air qui noyait mes poumons. Les rayons du soleil glissaient sur ma peau, la colorant de douceur, de vie et d'éclat.

C'était simplement un jour d'été.

Un jour où la mer chantait doucement, laissant ses vagues se mouvoir lentement à sa surface. Un jour où la mer semblait en vie, en fête. Un jour où la mer semblait annoncer, crier une bonne nouvelle. Comme si elle était la messagère d'un futur sans aucune tristesse.

D'un futur illusoire.

Les vagues bougeaient harmonieusement sous mon regard dénué d'émotion, décoloré. Sous mon regard qui ne reflétait rien à part le vide, le néant.

Comme si aucun soleil n'aurait pu être assez lumineux pour me transmettre sa lumière.

Du coin de l'œil, je pouvais apercevoir un groupe d'enfant qui jouait dans le sable. De larges sourires étaient tracés sur leur fine lèvres et leurs doigts étaient occupés à construire un château de sable.

Château de sable qui avait plutôt tendance à me faire penser à un gros tas de sable. Juste un gros tas de sable qu'ils avaient empilé sans aucune douceur pour donner vie à leur envies enfantines. C'était moche, dépourvu de beauté.

Mais ça, il ne fallait pas le dire à ces enfants baignant dans la naïveté des bas âges, sinon ils se mettraient à pleurer et iraient se plaindre auprès de leurs parents. Les larmes glisseraient sur leur visage et ils me pointeraient du doigt en me traitant de " méchant garçon ".

Ils iraient se plaindre auprès de leurs parents... parents...

Était-ce si agréable de pleurer dans les bras de son père ou de sa mère ? Était-ce si agréable de trouver un certain réconfort auprès de ses géniteurs ?

Je n'avais plus de parents. Je n'étais plus qu'un orphelin qui regardait la mer et ses vagues bleues au côté de la solitude ma plus vieille amie. Je n'étais plus qu'un orphelin qui essayait de trouver un quelconque réconfort auprès de ce tableau si parfait.

C'était parfait et pur. Ce tableau était angélique et me faisait rêver. Il me replongeait dans mes souvenirs rouges et noirs, gris et blancs. Dans des souvenirs qui ne voulaient plus me lâcher, dont je ne pouvais me débarrasser.

— Elyo, la seule chose dont tu es capable est de tout foutre en l'air ! De foutre en l'air la perfection ! Tu n'es bon qu'à la détruire, la réduire à néant. Tu n'es qu'un être destructeur gamin, me disait-il souvent, trop souvent.

L'air était pur, l'air était frais. C'était peut-être pour cette raison que je me sentis obligé de sortir le paquet de cigarette qui logeait dans la poche de mon pantalon. Comme si je me sentais obligé de casser cette pureté, de la briser et de rendre noir le tableau qui se présentait à moi.

Comme si je n'étais pas capable de la préserver, de l'entretenir.

— Tu vois Elyo, qu'est-ce que je te disais. Rien ne reste joli à tes côtés.

Rien ne restait joli à mes côtés. Rien.

D'un léger geste de main, je chassais ces pensées qui me rongeaient, me consumaient de l'intérieur avant de placer la cigarette au coin de mes lèvres et de l'allumer, lui permettant à elle aussi de me souiller. Un amas de fumée se dessina devant moi et je regardais la pureté se faire remplacer par l'impureté.

Jolie addiction.

J'avais besoin de nicotine pour me sentir vivre, j'avais besoin de me détruire pour me sentir exister. Alors qu'avant je détestais ça, aujourd'hui je ne pouvais plus m'en passer. Alors qu'avant je critiquais ceux tombant dans les pièges de cette ivresse éphémère, à présent je ne pouvais plus vivre sans elle. À présent, c'était moi qui ne pouvait plus m'en débarrasser.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant