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E L I O T T

Un monde si immense pour les minuscules créatures que nous étions. Et la vie commençait à avoir un goût de bonbon à la fraise. Étrange...

...Mais loin d'être désagréable.

On était tous les deux allongé sur l'herbe fraîche et quelques oiseaux voltigeaient au-dessus de nos visages. La liberté semblait être à portée de main. Et si j'étendais le bras, pourrais-je l'attraper et la faire mienne ? J'avais envie de fermer les yeux et de sourire, de me mettre à rire et à pleurer. Parce que c'était étrange de se sentir heureux à ce point.

...Mais loin d'être désagréable.

Surtout quand je devais simplement tourner la tête pour l'apercevoir. Elyo. Il observait en silence le paysage qui s'offrait à nous, il plongeait son regard dans l'immensité de l'univers et sur le long de sa bouche, se trouvait un minuscule sourire. Sentant probablement le poids de mon regard sur lui, il détourna les yeux du ciel pour venir les poser sur mon visage.

Il entrouvrit les lèvres avant de les refermer rapidement, se contentant d'ancrer encore plus profondément son attention sur moi. Des papillons aux creux du ventre, la peau des mains devenant moites, des battements de cœur s'accélérant et un sourire s'étirant. Elyo. Pourquoi est-ce que j'avais cette impression étrange ?

...Celle de le connaître depuis 20 ans.

Peut-être même un peu plus ?

Mais peu importait, parce qu'au final je n'avais pas 20 ans. Ni plus. Seulement 17.

Les feuilles des arbres commencèrent à s'agiter brusquement et un vent violent me caressa la peau des joues ainsi que le bout du nez, ce qui me fit éternuer à plusieurs reprises. Lui, ça le fit simplement rire tendrement et un peu bêtement.

— Tu ne vas quand même pas tomber malade en plein été ? marmonna-t-il, son sourire niais toujours sur la bouche.

J'ouvris à peine les lèvres pour répondre mais avant que mes mots ne puissent atteindre le creux de ses oreilles, je fermais les yeux en éternuant une nouvelle fois, accentuant la lueur de malice qui baignait dans le fond de son regard vague.

— Non, bien sûr que non. Il commence simplement à faire un peu froid.

— Mais je vois ça, murmura-t-il en s'allongeant à nouveau.

Il éleva la main au dessus de son visage, la fixant longuement avant de soupirer et de se mettre à rire, à sourire comme un gamin.

Peut-être que lui aussi trouvait que la vie avait un goût de bonbon à la fraise ?

— Regardes, souffla-t-il un doigt pointé en direction du ciel, ce nuage ressemble à une fleur. C'est joli.

Les rayons de soleil s'étaient échoués sur le bout de son nez, au creux de son cou et son regard brillait de trop de couleurs. Ses lèvres étirées créaient de minuscules rides aux coins de ses yeux. D'ailleurs, Elyo, il avait les yeux bruns foncés et des cheveux de la même couleur. C'était une jolie couleur. Et puis, quand il souriait, il y avait des éclats transparents qui se fondaient dans son regard. Comme un millier d'étoiles qui auraient pris possession de la lueur de ses pupilles. C'était joli. Et la manière dont il arrivait à faire taire le bruit du monde quand il se mettait à parler, pour simplement laisser place aux échos de sa voix. C'était joli. Et, il y avait aussi la façon qu'il avait de tordre les doigts quand il commençait à être nerveux, celle qui me faisait étrangement penser à moi.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant