ELIOTT
L'été touchait bientôt à sa fin. Le mois d'août allait s'achever dans vraiment pas longtemps et j'avais l'impression que ça faisait une éternité que je n'avais pas vu Elyo. Mais je devais me faire une raison. Lui et moi, ce n'était pas possible. Deux univers complètement incompatibles. Mais la tristesse, elle, je ne pourrais jamais réellement m'y faire. Le vide non plus, je ne pourrais jamais réellement l'accepter et vivre à ses côtés. C'était un manque que j'allais devoir endurer pour le restant de l'éternité.
Et l'éternité sans lui, qu'est-ce que ça me semblait long.
Une larme roula le long de l'une de mes deux joues. Une larme glissa sur l'autre. Mon cœur débordait, je me noyais sous tout ce surplus de peine qui me peignait très lentement. Qu'avais je fait ? Pourquoi étais-je tombé amoureux de ce garçon ? Pourquoi de lui et pas d'un autre ? Parce que peut-être que si ce dernier avait été quelqu'un d'autre, on aurait pu la vivre, notre triste histoire d'amour.
Pitoyables sentiments qui me martyrisaient la poitrine. J'aurais aimé me les arracher un à un, les faire disparaître des tréfonds de mon cœur.
Et même la vue de l'océan n'était plus assez jolie pour pouvoir m'apaiser quelque peu. De toute façon, les vagues bleues claires avaient viré au gris. Le monde ressemblait à s'y méprendre à une journée de pluie. Et il y avait comme une affreuse odeur terreuse dans l'air, je m'étouffais de cette dernière.
La paume d'une main se déposa très lentement contre l'une de mes joues, puis sur l'autre et je tournais la direction dans celle de la petite fille qui m'observait, les yeux légèrement arrondis. Le goût du sel s'incorpora entre le creux de mes lèvres, j'eu envie de détourner le regard, mais je n'en fis rien, n'osant plus bouger d'un seul millimètre, comme si ça aurait pu la blesser, lui faire un peu trop mal. Alors je continuais de la laisser voir de beaucoup trop près toute cette faiblesse qui avait décidé de m'emporter.
— Pourquoi tu pleures ?
Je ne répondis rien. Les mots ne voulaient pas s'échapper du creux de mes lèvres. Alors l'enfant continua simplement d'effacer les larmes qui continuaient de glisser le long de mon visage avant de réitérer sa question en inclinant légèrement la tête.
— Hein. Pourquoi tu pleures ?
Alors j'attrapais l'une de ses mains avant de serrer tendrement le bout de ses minuscule doigts et de me perdre dans la contemplation du bleu ciel qui nous surplombait en silence. Quelle sensation étrange que celle nous susurrant qu'il manquait quelque chose, plutôt quelqu'un, qu'on avait trouvé son remède avant de finir par l'abandonner . Je voulais Elyo. Je ne pouvais pas l'avoir. Et chaque jour, je mourrais du manque de sa présence.
Pourrais-je même un jour le revoir ?
L'embrasser à nouveau ? Comme au tout début ?
Je déglutis, le ciel était si beau, le bleu n'était plus que gris et j'avais l'impression qu'à tout moment, la pluie pouvait se déverser sur le haut de nos crânes. Mais il faisait si chaud, tellement étouffant, que cette simple pensée effleurant la surface de mon esprit semblait tout simplement inimaginable. Qu'une douce illusion qui ne prendrait jamais vie.
— J'ai brisé le cœur de quelqu'un que j'aimais beaucoup.
Ses yeux s'arrondirent encore un peu tandis qu'un immense sourire, remplie d'un peu de gêne se mouvait le long de sa bouche. Et je l'observais, les yeux pétillants de trop malice, en même temps que les miens ne faisaient que s'assombrir au fil des minutes trop prolongées.
— Moi aussi. Hier, j'ai brisé le vase préféré de ma maman. Mais tu sais, je l'ai réparé, m'avoua-t-elle plein de fierté sur le visage. Et ma maman, elle n'était plus du tout fâchée.
VOUS LISEZ
FORNEVER (bXb)
RomanceEliott Wils était un adolescent de 17 ans qui se nourrissait des mots des livres quand l'oxygène ne suffisait plus à le maintenir en vie. Elyo Penters était un adolescent de 17 ans qui coloriait les parties blanches de ses toiles, mélangeant sa tri...