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PART UN.

ELIOTT

J'avais les paupières affreusement lourdes, un arrière goût de sel entre le creux des lèvres et les rayons de soleil un peu trop intenses arrivaient tout de même à se faufiler entre mes yeux complètement fermés. Ça me donnait mal à la tête. Me donnant presque envie de vomir tant le vide semblait ne pas vouloir se détacher de ma personne. La paume de ma main appuyé sur mon front, le dos contre un des murs, je clignais à plusieurs reprises des paupières avant de finalement me rendre compte que je me trouvais toujours au sol dans la même position que la veille et que j'avais même réussi à m'endormir profondément à en juger par le minuscule filet de bave se trouvant à la commissure de ma bouche que j'effaçais rapidement d'un simple geste. Il était fort probable que mes incessants pleurs n'y soient pas pour rien, qu'en plus de m'avoir rendu le cœur lourd, ils en avaient fait de même pour le reste de mon corps qui avait trop rapidement sombré pour que ce ne soit pas étrange.

Et puis, tandis que je restais immobile à observer ma chambre d'un œil nouveau, comme si elle m'était étrangère, qu'elle n'avait jamais été mienne, que je ne m'y sentait plus à ma place, qu'au fond ça n'avait probablement jamais été le cas, les souvenirs de la veille s'extirpèrent des méandres de mon esprit pour apparaître devant moi encore plus nettement que si je venais à peine de les vivre. Mon cœur se serra. Une boule se forma au creux de ma gorge.

Alors, c'était donc vrai, je n'avais rien rêver de toute cette situation. Elle s'était bien produite de cette manière et pas d'une autre.

Et là tout de suite, d'un coup, j'avais une affreuse envie de pleurer. D'ailleurs, c'était exactement ce qui était en train de se produire. Des larmes toutes plus différentes les unes des autres, dévalèrent le long de mon visage à une vitesse fulgurante. Comme si elles se battaient pour connaître la grande gagnante, celle qui atteindrait en tout premier le creux de mon cou.

Et lentement, avec le peu d'énergie qu'il me restait encore, je me relevais difficilement sans manquer de trébucher lourdement contre le sol à de nombreuses reprises. De toute façon, j'étais persuadé que si j'étais tombé, ce dernier m'aurait accueilli chaleureusement en m'enfonçant encore plus profondément jusque sous terre. Je pris appuis sur le bois de la porte avant de plaquer mon oreille sur cette dernière pour tenter d'entendre le moindre bruit et tout ce qui réussit à me parvenir ne fut qu'une multitude de chuchotements étouffés. Je soupirais longuement, ressentant une profonde envie de réellement me laisser glisser contre la porte pour reprendre ma position initiale, celle m'ayant provoquée une intense douleur au niveau de la colonne vertébrale. Je tournais la poignée avant de me mettre à rire doucement avec rancœur et déception. Sérieusement ? La porte était fermée. Ils avaient donc réellement l'intention de me laisser seul dans une chambre beaucoup trop grande pour moi. Dans une pièce qui me donnait envie de vomir et le tournis tant ma migraine s'intensifiait de plus en plus rapidement au rythme des minutes qui défilaient probablement sans que je sache vraiment quelle heure il était.

De toute façon, je n'avais pas vraiment envie de savoir. Quel intérêt ?

Un minuscule sourire se traça le long de mes lèvres que je peinais à maintenir étirées tant elles retombaient à chaque fois que je réitérer cette stupide action qui durait à peine quelques secondes et je me dirigeais vers mon lit avant de m'y laisser tomber un peu maladroitement, ma tête atterrissant directement sur l'oreiller, n'ayant pas la moindre envie d'accomplir quoi que ce soit d'autre.

Ne rien faire. C'était parfait.

Et peut-être que ma vie défilerait plus vite si je gardais les yeux fermés ?

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant