FORNEVER (bXb)

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ELYO

Le vent continuait de souffler, s'intensifiant à mesure que les minutes défilaient. Les feuilles qui se trouvaient au sol, s'envolaient dans les airs et s'écrasaient sur les vitres des voitures. Les quelques lampadaires qui bordaient la route éclairaient nos visages, me permettant de distinguer ses yeux bleus que je ne pouvais m'arrêter de fixer, comme hypnotisé par leur couleurs.

Quelques-unes de ses mèches blondes dépassaient de la capuche de son sweat qui étaient posées sur son crâne. Il avait placé ses mains dans ses poches et avançait calmement, sans dire un mot. Je ne m'en étais pas rendu compte avant mais il était légèrement plus petit que moi et cette constatation me ravit. Je ne parlais pas non plus, trop occupé à l'observer, le juger, le fixer, le regarder. À laisser mon regard parcourir toutes les parcelles de sa personne.

— Tu pourrais arrêter de me regarder, murmura-t-il en se frottant le nez.

Je continuais de l'observer sans répondre avant d'allumer une cigarette. La fumée s'envolait vers le ciel et je levais la tête pour la voir disparaître. Le bout brûlait doucement tandis que mon corps se nourrissait de ce poison si attirant. La fumée grise s'échappait de ce papier enroulé, se mélangeant au bleu impur qui me faisant penser à son regard bleu si pur.

— Pourquoi ? Ça te dérange ? le questionnais-je le sourire aux lèvres.

Il s'arrêta subitement de marcher avant de se mettre contre le tronc d'un arbre et de me fixer avec de grands yeux pour me faire part de sa réponse sans user des mots. Je comprenais parfaitement ce qu'il essayait de me dire mais je ressentais le besoin, peut-être malsain, de le provoquer.

— Mhhh et avec des lettres ça donne quoi ? Parce qu'effectivement tu as de beaux yeux mais là tout de suite, c'est de ta bouche dont tu as besoin.

Il fronça les sourcils avant de lever les yeux au ciel et de s'appuyer de côté comme si je lui avais fait se rendre compte que nos pupilles s'étaient croisées et que nos regards s'étaient enfoncés l'un dans l'autre.

— Tu es agaçant, soupira-t-il, ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Je ne veux pas que tu me regardes alors fais-le.

Ma lèvre s'étira dans un rictus inaudible tandis que je m'avançais jusqu'à lui. Je posais la paume de ma main sur le tronc de l'arbre et gardais ma cigarette dans l'autre. Je la remis une nouvelle fois dans le creux de mes lèvres avant de déposer mes doigts sur son menton pour qu'il tourne la tête dans ma direction.

Il me regarda avec une lueur d'interrogation dans le regard, ne comprenant peut-être pas la lueur de malice qui nageait dans le mien. J'ouvris la bouche avant de cracher toute ma fumée sur son visage qui se décomposa immédiatement. Il me poussa fortement avant de s'éloigner et de toussoter pendant plusieurs minutes, dégoûté. Je me mis à rire de la situation, manquant de m'étouffer avec ma propre salive. Quand sa toux sembla enfin disparaître, il me lança un regard noir.

— Arrête de rire, il n'y a rien de drôle, se vexa-t-il.

— La situation est drôle, la tête que tu fais est drôle, la manière dont tu n'arrêtais pas de tousser était drôle. J'ai toutes les raisons du monde de rigoler.

— Moi ça ne me fait absolument pas rire, j'aurais pu mourir, exagéra-t-il, en plus je déteste l'odeur de la cigarette. Tu es un vrai gamin !

Je me remis à rire en m'appuyant sur l'arbre pour ne pas m'écrouler au sol.

— Mourir ? Carrément ! À cause d'une petite toux de rien du tout ?

— Évidemment !

La tête posée contre l'arbre, je ne disais plus rien, laissant mon corps se calmer. Mes cheveux bougeaient à cause du vent, mes doigts étaient gelés mais tout semblait si calme, si apaisant. Mon regard ne le quittait pas, observant tous ses mouvements, toutes ses grimaces, tous ses regards. Les battements de mon cœur étaient réguliers comme si rien n'aurait pu briser le silence qui courait à l'intérieur de mon cerveau. Il s'assit dans l'herbe en face de moi, avant d'arracher une fleur et d'enlever une à une ses pétales. Je fis de même que lui, m'asseyant au sol, contre le tronc de l'arbre.