22

1.1K 78 14
                                    

ELIOTT

Je plaçais la clé dans la serrure et après l'avoir tournée à deux reprises, la porte s'ouvrit dans un silence assourdissant. Un bruit inaudible, celui de la paix et du calme. Je m'écartais légèrement en tournant la tête dans sa direction avant de l'inviter à entrer à l'intérieur de la villa.

— On dirait bien que mes parents ne sont pas encore rentrés, constatais-je en parcourant rapidement du regard la maison vide, mais j'imagine que c'est mieux comme ça.

— Il est pourtant tard.

Je soupirais en retirant mes chaussures, les épaules légèrement retroussées. Parce que je ne savais pas quoi lui répondre et qu'au fond je n'avais pas envie de m'attarder sur ma vie et ma famille. Cette histoire m'appartenait et je détestais me confier, peu importe le sujet. Il suffisait que ça touche un peu, juste un peu, ma vie, ma famille ou tout ce qui pouvait être relié à ma personne pour que mes lèvres se scellent et que mon regard s'échappe.

— Je sais.

— Ça arrive souvent ?

— Ça arrive oui, murmurais-je un demi-sourire sur les lèvres, mais honnêtement je ne souhaite pas parler de ça ce soir.

Il grimaça sans me lâcher du regard, comme s'il espérait que je cède, que je me confie mais quand il comprit que mes lèvres ne s'ouvrirait pas et que je ne lui offrirait pas cette partie de moi, aussi infime soit-elle, il hocha la tête et détourna les yeux de mon visage.

— Je vois...

— Ne dis pas ça si tristement, le taquinais-je à voix basse, de plus aujourd'hui ce n'est pas le cas. Aujourd'hui je ne suis pas seul. Tu es là pour me tenir compagnie, n'est-ce pas ?

Je lui fit un léger clin d'œil et pourtant je ne lui laissais pas le temps de répondre, parce que je n'avais pas besoin de connaître la réponse. Peu importe, ça m'était égal. Je me précipitais dans les escaliers rapidement suivi par le brun qui montait les marches en essayant de faire le moins de bruit possible. Je parcouru attentivement le long couloir, observant les nombreuses portes qui le longeait avant de m'arrêter devant l'une d'entre elles

— Voilà, dis-je en ouvrant la porte en grand, tu peux dormir ici cette nuit.

Un mince sourire apparut sur ses lèvres et ses pupilles bougèrent rapidement, s'arrêtant sur tous les détails qui pouvaient croiser son regard, sur tous les détails sauf moi, sauf mon regard.

— Je...merci.

Je  posais ma tête contre le mur en le fixant longuement avant de lui lancer mon meilleur sourire. Le plus provocateur. 

— Je déteste que l'on me remercie sans me regarder, murmurais-je doucement, en regardant, en admirant ses cheveux bruns qui semblaient si doux, si...

Un léger rictus s'extirpa de ses lèvres et son regard se déposa, enfin, sur moi. Il entrouvrit la bouche avant de la refermer et de sourire. De sourire si fortement, si joliment.

— Dans ce cas je te remercie à nouveau, répéta-t-il en me regardant intensément, si intensément.

Je lui sourit à mon tour avant de m'éloigner dans le couloir et de le laisser seul derrière moi.

— Bonne nuit Elyo, fais de beaux rêves.

— Bonne nuit.

J'avançais rapidement jusqu'à la porte de ma propre chambre avant de poser ma main sur la poignée pour l'ouvrir et y pénétrer. Je me laissais glisser le long du mur avant de prendre mon visage entre mes mains et de soupirer à plusieurs reprises. J'avais besoin d'oxygène, de tant d'oxygène. Parce que mon corps semblait brûler et que même l'air frais n'arrivait pas à le refroidir, à l'apaiser. Bouillonnant.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant